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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Les étudiants angoissés par le climat et les pesticides ont besoin d'une leçon de science

14 Août 2022 Publié dans #Pesticides, #Climat

Les étudiants angoissés par le climat et les pesticides ont besoin d'une leçon de science

 

Cameron English*

 

 

Image : xusenru via Pixabay

 

 

Souffrant d'une « anxiété climatique », certains des étudiants américains « entitled » [ayant une attente de réussite scolaire sans prendre la responsabilité personnelle d'atteindre cette réussite] s'efforcent de faire interdire les pesticides à faible risque sur leurs campus, dans le but de ralentir le réchauffement de la planète. Ils ont tous besoin d'une thérapie et d'une leçon de science élémentaire.

 

 

Comme la plupart des gens, je nourris un ensemble de préoccupations assez classiques : payer les factures, concilier vie professionnelle et vie familiale, et protéger mon fils des fous qui « s'identifient » à des grenouilles.

 

Beaucoup d'étudiants américains n'ont pas ces problèmes très terre à terre. Ils ne s'inquiètent pas du prix de l'essence ou du bien-être de la prochaine génération. Au contraire, ils sont accablés par la perspective d'un changement climatique catastrophique, et ils combattent cette « anxiété climatique » en protestant contre l'utilisation de pesticides de synthèse sur les campus universitaires [1]. Comme l'a noté US News & World Report la semaine dernière :

 

« Un mouvement visant à éliminer les herbicides toxiques des terrains scolaires offre des leçons aux étudiants et aux campus qui cherchent à lutter contre le changement climatique et à protéger la santé humaine»

 

L'article met en lumière l'expérience d'une étudiante de l'Université Brandeis, Charlene, qui « souffre d'anxiété climatique – une peur chronique de la catastrophe environnementale – et cherchait, à l'époque, un exutoire ». La mise en place d'une campagne de campus sans herbicides avec d'autres révolutionnaires universitaires a été la sortie de secours dont elle avait besoin :

 

« "Cela a été tellement bon pour ma santé mentale de sortir et de désherber aux côtés d'étudiants partageant les mêmes idées et de l'équipe des terrains", explique Charlene. "Passer du temps à l'extérieur, les mains dans la terre, m'aide à ne plus penser aux préoccupations immédiates et urgentes comme les cours, les devoirs et les examens partiels [ou] finaux, tout en permettant un exutoire pour les questions existentielles comme le changement climatique." »

 

Si arracher des mauvaises herbes atténue le stress de Charlene, que Dieu la bénisse. Mais son activisme sur le campus ne fera rien pour ralentir le changement climatique. En fait, elle n'est qu'une petite contributrice à l'effort plus large visant à restreindre les technologies dont nous avons besoin pour une agriculture durable dans les années à venir. Les pesticides ne sont pas une menace pour le climat ; ils sont un outil vital sans lequel nous ne pourrions pas nous nourrir. Examinons quelques points précis.

 

« ...[L]'utilisation de produits chimiques pour se débarrasser des insectes ou des plantes indésirables peut augmenter les émissions du champ d'application 3 (émissions indirectes), car ils peuvent contenir des ingrédients à base de pétrole. L'utilisation de pesticides réduit également la vie microbienne du sol, ce qui nuit à la capacité des sols à séquestrer le carbone ou à retenir l'eau [...] »

 

L'affirmation selon laquelle tous ces produits chimiques peuvent augmenter les émissions indirectes est nébuleuse. C'est comme avertir que la nourriture contribue à l'obésité ; techniquement, c'est correct, mais c'est une information inutile. Le terme « pesticide » décrit de nombreux produits utilisés pour résoudre une variété de problèmes. Pour pouvoir se prononcer définitivement sur l'un d'entre eux, nous avons besoin de plus d'informations.

 

Par exemple, l'utilisation du glyphosate, un désherbant « de synthèse », améliore la santé des sols et réduit les émissions de carbone en diminuant le travail du sol et la consommation de carburant dans les exploitations agricoles. Interdire ce pesticide particulier ne serait pas judicieux compte tenu des compromis impliqués, d'autant plus qu'il n'existe aucune alternative « naturelle » au glyphosate.

 

« Certains des campus où les étudiants mènent des campagnes actives ont déjà franchi le pas vers l'agriculture biologique et abandonné les pesticides de synthèse. En 2018, l'UC Berkeley a commencé à passer au bio, et les pesticides de synthèse ne sont désormais utilisés que dans les situations d'urgence. »

 

Lorsque cette tendance s'étend au-delà des universités qui s'adressent aux riches étudiants en sociologie, les situations d'urgence deviennent plus courantes. C'est parce que les pesticides jouent un rôle vital dans la production alimentaire d'aujourd'hui. Ils tuent les mauvaises herbes, les insectes et les micro-organismes qui détruisent les cultures. Enlevez ces produits chimiques et plus de gens ont faim. C'est aussi simple que cela.

 

« [C]es campus gérés de manière conventionnelle et très soigneusement manucurés ont un coût : risque accru de cancer, cours d'eau contaminés, faune empoisonnée et sol sans vie. »

 

Certains pesticides peuvent comporter ces risques lorsqu'ils sont mal utilisés. Et appliqués par un jardinier conformément à la réglementation de l'EPA ? Peu probable, c'est le moins que l'on puisse dire.

 

« La campagne de l'UC Berkeley a également réussi à obtenir de l'ensemble du système de l'UC qu'il restreigne l'utilisation du glyphosate, un herbicide populaire et un cancérogène probable selon l'Organisation Mondiale de la Santé. »

 

Le glyphosate n'est pas un agent cancérigène. Toutes les études menées au cours des 40 dernières années n'ont pas apporté la preuve de la cancérogénicité. L'évaluation publiée par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a été presque universellement critiquée par les experts. L'Organisation Mondiale de la Santé, et non sa sous-agence du CIRC, a déterminé à trois reprises que le désherbant n'était pas lié au cancer.

 

Charlene a ajouté : « Ce travail me rappelle d'être dans le moment présent alors que je joue mon rôle en réduisant l'utilisation de toxines et en gardant mon campus sûr et sain. » J'espère que notre étudiante perturbée n'aura jamais à arracher des mauvaises herbes pour survivre, car c'est la réalité de nombreux enfants pauvres dans le monde. Ils ne vont pas à l'école, ils passent des heures courbés sous le soleil brûlant à arracher des mauvaises herbes pour pouvoir manger.

 

Si Charlene pensait que le changement climatique était mauvais pour son anxiété, imaginez la terreur qu'elle ressentira dans le monde sans pesticides auquel elle aspire bêtement.

 

_____________

 

[1] Le terme « de synthèse » est inutile dans ce contexte, car il ne dit rien de la toxicité d'un produit chimique donné. Les pesticides « naturels » sont souvent nocifs pour la faune.

 

Cameron English, directeur de Bioscience

 

Cameron English est auteur, éditeur et co-animateur du podcast Science Facts and Fallacies. Avant de rejoindre l'ACSH, il était rédacteur en chef du Genetic Literacy Project.

 

Source : 'Climate-Anxious' College Students Troubled by Pesticides Need Science Lesson | American Council on Science and Health (acsh.org)

 

 

 

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U
Ce qu'avait parfaitement compris le président Mao ...
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