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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le service public (Radio France) se fait le porte-voix complaisant d'une nouvelle manœuvre anti-pesticides

3 Avril 2024 Publié dans #critique de l'information, #Activisme, #Pesticides

Le service public (Radio France) se fait le porte-voix complaisant d'une nouvelle manœuvre anti-pesticides

 

 

(Source)

 

 

 

Pour tout dire, l'émission et l'article qui s'est ensuivit sont un infomercial, une contribution choquante d'une chaîne du service public audiovisuel à une entreprise privée et à une instrumentalisation de la justice. Une sorte de remake des « pisseurs de glyphosate ».

 

 

On avait pu voir l'« information » auparavant sur d'autres sites. La voici maintenant diffusée par Radio France. C'est, le 1er avril 2024 – mais ce n'est pas un poisson d'avril –, « Victimes des pesticides : une action collective en justice lancée pour indemniser les riverains ».

 

En chapô :

 

« Cette action a pour objectif de "demander réparation à l'État pour les victimes non professionnelles des pesticides", révèle lundi France Inter. »

 

« ...révèle... » ? On nous prend vraiment pour des billes.

 

Or donc,

 

« Une action collective en justice a été lancée début mars pour réclamer des indemnisations pour les "riverains victimes des pesticides", sur le même modèle que le fonds créé en 2020 pour les agriculteurs, révèle lundi 1er avril France Inter. Lancée par le cabinet de l'avocate et ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage, cette action a pour objectif de "demander réparation à l'État pour les victimes non professionnelles des pesticides, en exerçant un recours indemnitaire, fondé sur la carence de l'État dans la fixation de distances limites permettant de protéger la population", peut-on lire sur le site du cabinet. »

 

Site qu'on n'a quand même pas osé mettre en lien.

 

Site à la page d'accueil intéressante puisqu'on y prévoit déjà la multiplication éventuelle des procédures.

 

Il s'agit en bref de procédures individuelles rassemblées pour produire une action collective et, ainsi, réduire les frais pour chaque participant (pour celle qui nous intéresse ici – la première et pour le moment seule –, 40 euros pour l'étude de son dossier puis, en cas d'acceptation, 230 euros tout compris, avec toutefois un honoraire de résultat de 8 % des sommes qui seront versées par l’Etat en cas d'issue positive).

 

Selon la page dédiée à cette première action, le public concerné est comme suit (c'est nous qui graissons) :

 

« TOUS LES RIVERAINS de zones d’épandages situées à moins de 150 mètres de leur lieu d’habitation et notamment (mais pas uniquement) ceux souffrant des pathologies suivantes reconnues maladies professionnelles pour les professionnels des pesticides :

- Cancer de la prostate

- Lymphome malin non hodgkinien

- Maladie de Parkinson

Des lors qu’il y a un risque avéré pour la santé, tout riverain pourrait demander indemnisation, même s’il ne souffre d’aucune pathologie particulière. »

 

Radio France s'en fait l'écho avec deux larges citations.

 

Tout compte fait, c'est une invitation pressante à déposer un dossier auprès du cabinet Hugo-Lepage, en d'autres termes, un publi-reportage ou un infomercial.

 

Pour faire bonne mesure, l'article comprend le « témoignage recueilli par France Inter » de la mère d'un enfant atteint d'une leucémie rare, habitant la Picardie – tiens donc ! La région où le CHU (celui d'Amiens) a ouvert fin 2023 une consultation « Pesticides et pathologies pédiatriques », dont l'objectif quasi explicite est de promouvoir les demandes d’indemnisation au Fonds d’Indemnisation des Victimes de Pesticides...

 

Et, après le couplet destiné à faire pleurer dans les chaumières, on se frotte les yeux devant ce qu'il faut bien qualifier de bêtise crasse :

 

« Elle habite en Picardie, en bordure d'un champ et les recherches en causes génétiques de cette leucémie n'ayant pas abouti, les pesticides peuvent donc être en cause, rapporte France Inter. »

 

Bref, si ce n'est pas la génétique, c'est – certes putativement – les pesticides...

 

Publi-reportage ou infomercial ? L'article, après avoir précisé qu'il faut 100 plaignants pour entamer la/les procédure(s) alors qu'il n'y en a que dix pour le moment, se termine par :

 

« […] Un tchat est prévu ce jeudi sur le site Zoom, pour expliquer la démarche et permettre à d'autres victimes de rejoindre l'action collective. »

 

Dans le célèbre sketch de Coluche, c'était le candidat qui faisait avancer le schmilblick. Chez Radio France, c'est l'émission elle-même.

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A
Une simple question. Est-ce-qu’il a été l’agriculture qui s’est avoisinée à la ville ou au village, ou c’est le contraire ? A mon avis c’est toujours le contraire ! Il serait donc plus logique que la Commune dans ses plans d’urbanisation exproprie des bandes de terrain (ou n’est pas possible cultiver) en plus des surfaces à bâtir, ça pour permettre le respect des distances de protection des habitants du village. C’est injuste de pénaliser seulement les agriculteurs à lesquels on voudrait imposer de ne pas protéger des bandes de surfaces cultivés.
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