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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Faim devant...

20 Mai 2022 Publié dans #Alimentation, #Ukraine

Faim devant...

 

Glané sur la toile 940

 

 

(Source)

 

 

Il y a des jours...

 

 

Un peu de pédagogie

 

Commençons par un lien vers le bon sens pas vraiment près de chez soi (sinon, il n'aurait pas senti le besoin de se décarcasser) : M. Denis Beauchamp, alias GrainHedger, a produit un fil Twitter pour expliquer brièvement comment fonctionne le marché des céréales.

 

 

(Source)

 

 

Mettons cela, incidemment en opposition aux gesticulations pitoyablement démagogiques de celui qui veut se faire « élire premier ministre » (!) et aux promesses de blocage des prix.

 

 

(Source)

 

 

(Source)

 

 

(Source)

 

 

La barre symbolique des 400 €/tonne a été franchie

 

Revenons à la situation internationale. Le lundi 16 mai 2022, les cours du blé ont atteint 438 euros la tonne pour l'échéance septembre. Une hausse de 5,3 % en une journée et un nouveau record historique en clôture.

 

C'est que les prévisions de récolte et de stocks ne sont pas vraiment bonnes. Le Département Américain de l'Agriculture (USDA) a estimé dans son rapport mensuel publié le 12 mai 2022 que la récolte mondiale de blé serait de 774,8 millions de tonnes (Mt) pour la campagne de commercialisation 2022-2023, soit 4,5 Mt de moins qu'en 2021-2022. Le Conseil International des Céréales (CIC) va dans le même sens.

 

Ce n'est pas (encore) la catastrophe, mais on comprend la nervosité des marchés.

 

L'Inde (deuxième producteur de blé au monde) ayant subi des températures extrêmement élevées, a revu ses prévisions de production à la baisse et annoncé le 14 mai 2022, de manière impromptue, qu'elle bloquait les exportations, sauf autorisation spéciale du gouvernement, pour sécuriser l'alimentation de sa population.

 

La production et les exportations ukrainiennes seront évidemment largement amputées. Une bonne récolte est prévue côté russe : 80 millions de tonnes avec un disponible exportable de 39 millions de tonnes. Mais les exportations pourront-elles se faire compte tenu des sanctions internationales et des contraintes logistiques ? Et seront-elles utilisées à des fins géostratégiques ?

 

On s'inquiète de l'approvisionnement alimentaire mondial... mais c'est un peu à courte vue. Qu'en sera-t-il de l'approvisionnement en engrais, pour la campagne de semis de l'automne prochain dans l'hémisphère Nord, et donc des disponibilités à partir de l'été 2023 ?

 

 

Dans Contrepoints : revoir les règlementations européennes

 

Dans Contrepoints, M. Pieter Cleppe, rédacteur en chef de BrusselsReport.eu, nous dit que « La plus grande crise alimentaire de l’histoire arrive ».

 

Extrait :

 

« Dans le monde entier, le prix des produits de base ont déjà augmenté de 23 % en un an, en raison évidemment des retombées du covid et de l’impression monétaire. Aucun changement immédiat ne semble être en vue.

 

En fait, Abdolreza Abbassian, ancien responsable des agro-marchés à la FAO, met en garde : "Le vrai danger, c’est la saison 2022-2023, et cela fera tomber les gouvernements ". »

 

Il y a aussi un intéressant volet sur l'huile de palme – et les politiques européennes absurdes destinées à se donner bonne conscience.

 

Et M. Pieter Cleppe se fait prescripteur pour une Europe dont on peut dire qu'elle est à la ramasse :

 

« La question est de savoir ce que l’on peut faire immédiatement pour remédier à cette situation. L’une des principales mesures à prendre est d’éviter d’imposer à nos agriculteurs un comportement encore plus condescendant. En ce sens, il est bon que le ministre écologiste allemand de l’Agriculture demande à la Commission européenne de reporter la nouvelle réglementation sur la rotation des cultures.

 

En France, il convient de résister à la proposition des sénateurs Guillaume Chevrollier et Denise Saint-Pé d’imposer un prix minimum pour le CO2, étant donné que les coûts énergétiques entraînent également une hausse des coûts alimentaires. En Belgique et aux Pays-Bas, les décideurs politiques devraient également revoir leurs politiques controversées en matière d’azote, qui consistent à dépenser d’énormes sommes d’argent des contribuables pour fermer des exploitations.

 

Une grande partie de cette situation trouve son origine dans les réglementations environnementales de l’Union européenne. Le 24 février, une nouvelle ère a commencé, et une grande partie de l’approche réglementaire de l’UE n’est plus adaptée. »

 

Oui, mais... les pesanteurs...

 

Saluons toutefois une initiative de la majorité des membres de la Commission AGRI, relatée dans « Guerre en Ukraine : les eurodéputés demandent une suspension des exigences de la PAC en matière de biodiversité ». Une suspension, c'est moins bien qu'une remise à plat, mais mieux qu'une absence de réaction.

 

 

Dans l'Opinion : un panorama détaillé

 

« Blé: attention, marché explosif », de Mme Emmanuelle Ducros, fait un tour assez détaillé de la question.

 

Intéressons-nous à la situation française :

 

« […] C’est vrai tout particulièrement en France. "Nous enregistrons désormais des semaines entières sans pluie, s’inquiète Jean-François Loiseau, président d’Intercéréales, l’interprofession du secteur. Or, c’est le moment où les tiges du blé poussent, avant que les épis se développent. Si cette étape est ratée, il n’y a pas ou beaucoup moins d'épis." Le calcul auquel il s’est livré est alarmant. En France, en deux semaines, on a déjà perdu 10 % de récolte par rapport au meilleur potentiel, vu en 2019. L'équivalent de 4 millions de tonnes de blé.

 

"Dix jours qui passent sans pluie, c’est trois quintaux de rendement en moins à l’hectare, soit, sur 5 millions d’hectares, 1,5 million de tonnes de blé qui se volatilisent", chiffrent ses équipes.

 

Ce blé manquera sur les marchés internationaux. "Pour donner un ordre de grandeur, le Liban importe de 700000 à 800000 de tonnes de blé par an. La Tunisie, environ 900000 de tonnes. La mauvaise récolte française se traduira par l'équivalent de 80 % de fourniture en moins potentiellement, pour ces deux pays. Il y a vraiment de quoi être très inquiet pour l’alimentation des humains au Maghreb", conclut-il. Désormais, chaque grain est compté. »

 

 

Et pendant ce temps...

 

Le sucre

 

Sans paroles.

 

 

(Source)

 

 

Les « bassines »

 

Sans paroles (voir aussi ici, par exemple

 

 

(Source)

 

 

Les méthaniseurs

 

Petit rappel : c'est avec du gaz que l'on fabrique des engrais azotés de synthèse ; et cela nous permettrait de nous dégager, au moins en partie, d'une autre dépendance vis-à-vis de la Russie. Sinon, sans paroles.

 

 

(Source – article ici)

 

 

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