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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Monsanto Papers » : comprendre la guerre du Monde contre Monsanto

16 Juin 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Monsanto, #Glyphosate (Roundup)

« Monsanto Papers » : comprendre la guerre du Monde contre Monsanto

 

 

 

 

 

 

Une class action états-unienne instrumentalisant des victimes de lymphome non hodgkinien est instrumentalisée en Europe, notamment par le Monde, pour faire obstruction au renouvellement de l'autorisation du glyphosate.

 

Les « Monsanto Papers » sont des pièces de la procédure états-unienne – sélectionnées – mises en ligne par l'US Right to Know, une entité écran ou relais d'intérêts économiques, notamment du secteur du « bio ».

 

Trois allégations véhiculées par le Monde sont, jusqu'à preuve du contraire, fausses : que Monsanto a fait le nègre pour un ou des articles scientifiques signés par des scientifiques non liés à l'entreprise ; que Monsanto s'inquiétait de la mutagénicité du glyphosate – lire : « savait » ; que le glyphosate est ultra-dangereux, qu'on le savait, et qu'on a étouffé ce fait.

 

Les deux derniers bobards sont le harcèlement du CIRC et de scientifiques liés à celui-ci, et l'opération « let nothing go » (ne rien laisser passer). En fait, Monsanto utilise les moyens juridiques à sa disposition pour se défendre et prouver que l'argument principal qui lui est opposé – le classement du glyphosate en « probablement cancérogène » – est entaché d'irrégularité et nul. L'allégation de vaste opération de réponse aux critiques dans les médias et réseaux sociaux est manifestement une manipulation – à but médiatique – des avocats des plaignants.

 

 

Entrons dans le Monde en passant par Marianne

 

...Par le Monde...

 

Marianne a produit sur la toile ce qu'il convient d'appeler une bouse, « Comment Monsanto déploie des trolls pour polluer les articles critiques »

 

Dès l'introduction, on passe au mode conditionnel qui sied si bien à ces « journalistes » pour qui la réflexion et la vérification des faits sont trop fastidieuses – et qui se contentent de resucer et ressasser les « informations » produites par des confrères :

 

« Pour entretenir la confusion et défendre son principal produit, le glyphosate, Monsanto aurait mis en place un programme de recrutement de trolls, chargés d'écrire des commentaires positifs sous les articles critiquant la firme américaine. C'est l'une des nombreuses révélations des "Monsanto Papers", qui ébranlent le mastodonte des pesticides. »

 

En l'occurrence, les confrères sont les deux Stéphane du Monde, Foucart et Horel, qui se sont eux-mêmes consacrés à répercuter la désinformation de l'US Right to Know, en dernier lieu dans deux longs articles intitulés sur la toile :

 

 

  • « Enquête "Monsanto Papers" : les moissons du fiel », avec en chapô : « Pour sauver le glyphosate, la firme s’en prend à l’agence des Nations unies contre le cancer, qui a classé son produit phare cancérogène. Deuxième volet de notre enquête. »

 

N'oublions pas l'infographie :

 

 

 

Une « information » à but politique

 

C'est manifeste : tout cela sert à polluer le paysage politique pour faire obstruction au renouvellement de l'autorisation du glyphosate dans le cadre de l'Union Européenne.

 

 

« Probablement cancérogène » pour le CIRC... certainement une bonne affaire pour les avocats

 

La société états-unienne est très procédurière. Parmi les facteurs de cet état de fait il y a les caractéristiques du système judiciaire, qui permettent bien des extravagances. En particulier, les procédures peuvent être longues et coûteuses, et bien des défendeurs préfèrent négocier un règlement extrajudiciaire, financièrement plus avantageux qu'une victoire au tribunal après une longue, longue procédure. On peut aussi lancer des actions de groupe (class actions), et les avocats peuvent se rémunérer au pourcentage sur les sommes obtenues par les plaignants, par exemple en dommages-intérêts (c'est interdit en France).

 

Ajoutez à cela des entités qui instrumentalisent la justice pour faire avancer leur business. Dans l'affaire qui nous intéresse, il s'agit d'une organisation à but non lucratif – travaillant lucrativement à la promotion des intérêts lucratifs d'un secteur de l'économie, l'industrie du bio qui la finance en retour. Nous avons nommé l'US Right to Know de Gary Ruskin (pour en savoir plus, voir le Genetic Literacy Project). Notons dès à présent que l'USRTK s'est illustré par des campagnes extrêmement agressives contre des chercheurs du secteur public qui « ne pensent pas bien », en se servant des législations FOIA (Freedom of Information Act, les lois sur l'accès à l'information). Une des victimes en a été le grand vulgarisateur Kevin Folta (voir par exemple ici et ici, et aussi ici chez nos amis de la Théière Cosmique, décortiquant un article du Monde de...).

 

 

 

 

 

Il ne s'est guère passé de temps entre ce jour du 20 mars 2015 où le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a annoncé son classement du glyphosate en « probablement cancérogène » et le départ des meutes d'avocats à la chasse aux plaignants éventuels (voir par exemple ici, ici et ici).

 

 

 

 


Une action collective en faveur des plaignants ? Ou de quelque intérêt économique ?

Une class action (au moins) a donc été organisée contre Monsanto. Elle est pendante devant la U.S. District Court de San Francisco, et du juge Vince Chhabria (l'affaire principale a la cote 3:16-md-02741-VC). Les plaignants sont des personnes atteintes par un lymphome non-hodgkinien ou, si elles sont décédées, leurs ayants-droit. Ils allèguent que la maladie est le résultat d'une exposition de longue durée au glyphosate. Le nœud du litige est que Monsanto n'aurait pas suffisamment informé les utilisateurs du glyphosate des dangers d'icelui. Les plaignants invoquent notamment le classement du glyphosate en « cancérogène probable » par le CIRC. Leur objectif est évidemment d'obtenir de Monsanto des indemnités gargantuesques – que les avocats font miroiter. Et celui des avocats de se faire des profiteroles en or et beaucoup de publicité en cas de succès.

 

Mais est-ce tout ? Certainement pas. L'affaire est menée de manière à fournir un maximum de matériel de campagne contre Monsanto, le glyphosate et par contrecoup les OGM tolérant le glyphosate au profit, principalement, de l'USRTK et des milieux socio-éconmiques qui surfent sur la peur des pesticides et des OGM.

 

On peut ainsi suivre sur le site de l'USRTK, pas à pas, le déroulement de la procédure. Les plaignants par procuration sont l'USRTK et ses commanditaires, et il y a tout lieu de croire que les plaignants officiels sont instrumentalisés.

 

Les documents de la procédure sont publiés sans délai, enfin, ceux qui servent la cause de l'USRTK. Et, comme on le verra ci-dessous, il en est qui sont destinés à promouvoir, non pas la cause des plaignants officiels, mais l'instrumentalisation médiatique de l'affaire.

 

 

 

Les « Monsanto Papers »

 

Les procédures judiciaires états-uniennes peuvent être extraordinairement intrusives. Dans le cadre de l'affaire qui nous intéresse, les avocats ont demandé et obtenu l'accès à de nombreux documents de Monsanto, en particulier ses échanges de courriels.

 

Le 13 mars 2017, le juge Chhabria a rejeté, avec quelques exceptions, la demande de Monsanto que ces documents soient classés confidentiels. Ils ont donc été mis en ligne par l'USRTK – dès le lendemain – et exploités avec une rare mauvaise foi. Ce sont les fameux « Monsanto Papers » de M. Stéphane Foucart sur le Monde.

 

 

Des centaines de pages, des milliers de courriels... trois bobards...

 

Monsanto accusé d'avoir fait le nègre

 

Le premier jeu est ici. Des 227 pages de courriels alignés à la queue-leu-leu, l'USRTK a extrait un courriel (pages 203-204, reproduites ici) qui « prouve » que Monsanto a fait le nègre pour des articles scientifiques signés par des chercheurs non affiliés à l'entreprise.

 

 

Un mot et le Monde et le monde anti-Monsanto se déchaînent...

 

 

Cela a bien sûr été instrumentalisé par le Monde de M. Foucart dans « Les experts européens blanchissent le glyphosate », sans qu'il y ait eu d'article donnant suite aux démentis (nous en avons traité dans « Glyphosate : comment le Monde minimise un démenti de Monsanto et enfume les lecteurs » et « "Monsanto Papers" : le silence assourdissant du Monde Planète ».

 

 

Monsanto se serait inquiété de la mutagénicité du glyphosate

 

D'une autre série de documents (355 pages), M. Stéphane Foucart du Monde retient en chapô que :

 

« Dès 1999, cette dernière [Monsanto] s’inquiétait du potentiel mutagène du glyphosate. »

 

Cette « information » dans « Ce que les "Monsanto Papers" révèlent du Roundup » est vite agrémentée des précautions journalistiques d'usage :

 

« Les messages échangés suggèrent qu’en interne, la crainte est forte que le glyphosate ne soit considéré comme génotoxique, c’est-à-dire nocif pour le matériel génétique et donc capable d’y induire des mutations susceptibles d’initier des cancers. »

 

C'est l'histoire des relations compliquées avec M. James Parry, professeur à l’université de Swansea.

 

 

Surligné en jaune : ce qui arrange le monde alter et anti (enfin, avec beaucoup de génie inventif). En rouge : une réalité tout autre...

 

 

Il y a le mythe du conspirationiste, et la réalité. Celle-ci est que l'entreprise qui demande une autorisation de mise sur le marché doit être capable de répondre en temps et en heure aux questions posées par l'administration. Les messages échangés montrent qu'en interne, on est convaincu que le glyphosate n'est pas génotoxique, mais qu'on veut disposer d'éléments de preuve solides. La nuance est de taille ! Mais le conspirationiste ne s'encombre pas de vérités dérangeant sa thèse... Notons encore que la cohorte d'agences d'évaluation qui se sont penchées sur le glyphosate a conclu à l'absence de génotoxicite (voir par exemple ici pour le JMPR, l'organe conjoint de la FAO et de l'OMS).

 

 

Résultat de recherche d'images pour "circ glyphosate probablement cancérigène"

Comment, à l'époque, M. Stéphane Foucart avait interprêté cette décision...

 

 

M. Foucart écrit donc :

 

« ...sur la base d’études alors récentes, écrit M. Parry, "je conclus que le glyphosate est un clastogène potentiel in vitro". Une substance "clastogène" est un mutagène capable de casser l’ADN et d’induire des aberrations chromosomiques. »

 

M. Parry a certes écrit dans un document présenté comme un « rapport » (à la page 36 du PDF) :

 

« Sur la base de l'étude de Lioi et al. (1998a et 1998b), je conclus que le glyphosate est un clastogène potentiel in vitro. [...] »

 

Notez bien la manipulation : M. Foucart dissimule le fait qu'il s'agit de seulement deux études, de surcroît de la même équipe. Mais M. Parry écrit aussi, juste sept (7) lignes plus loin :

 

« Du fait de l'absence de données adéquates aucune évaluation du potentiel clastogène in vitro de mélanges de glyphosate n'est possible. [...] »

 

Et ailleurs (page 27 du PDF) :

 

« Il y a des preuves publiées que le glyphosate a une activité clastogène après 72 heures d'exposition de lymphocytes tant bovins qu'humains (Lioi et al. 1998a, 1998b).

 

« À mon avis, il est nécessaire de répéter ces études de Lioi et al. avec un protocole complet pour éclaircir l'activité clastogénique potentielle du glyphosate. »

 

Traduction en clair : "donnez-moi du travail pour un étudiant" (voir ci-dessus)

 

 

M. Parry s'interroge aussi à la page 56 du PDF, sous « Questions clés » :

 

« 1. Le glyphosate est-il un clastogène in vitro ? Les études positives de Lioi et al. (1998a et 1998b) peuvent-elles être répétées ? [...] »

 

En bref, ce que le complotisme tentent de présenter comme la dissimulation d'une étude dévastatrice par Monsanto – en sélectionnant les documents qui semblent soutenir leur thèse – est plutôt la mise au rebut d'un document inutilisable.

 

 

Le glyphosate, ultra-dangereux ?

Il y a aussi ce qui est présenté comme une lettre de Mme Marion Copley, une ancienne employée de l'EPA, à M. Jess Rowland, directeur adjoint de division à l'EPA, maintenant à la retraite.

 

Dans le Monde, c'était : « L’histoire qui se trame autour de Monsanto a tous les ingrédients d’un scénario à la Erin Brockovich » ; pour nous : « Monsanto : quand le Monde se livre à l'assassinat médiatique du glyphosate et de son propre crédit » (nous y avons reproduit l'écrit de Mme Copley).

 

Ce qui a été présenté comme une missive « explosive » n'est tout compte fait que la manifestation d'une querelle rance.

 

 

Glyphosate : il se passe des choses extraordinaires aux USA, et tout est normal en France

Un remarquable morceau de "bravitude"... et de bêtise.

 

...trois bobards... et silence sur les conclusions du CIRC

 

Pour résumer, le glyphosate serait un produit dangereux, et Monsanto (ainsi que l'EPA) l'aurait su depuis belle lurette et l'aurait dissimulé. C'est certes dit avec circonvolutions :

 

« Le rapport qu’il [M. James Parry] remet à Monsanto ne sera jamais rendu public, ni transmis aux autorités de régulation. »

 

Et, dans tout cela, on aura jeté un voile pudique sur la conclusion du CIRC qui n'a trouvé que des preuves « limitées » de cancérogénicité ; ainsi que sur le fait que le CIRC ne mentionne qu'une des deux études de Lioi et al., et ce, sous forme descriptive, sans tirer de conclusion.

 

 

Le harcèlement, allégué, par Monsanto

 

Un recours normal aux instruments juridiques...

 

Il y a une intéressante réflexion dans l'ordonnance du juge Chhabria sur la confidentialité des documents livrés aux avocats des plaignants :

 

Résultat de recherche d'images pour "meat carcinogenic" « Tout au long de ce litige, les plaignants ont claironné la conclusion de l'Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (CIRC) que le glyphosate est un "cancérogène probable". En conséquence, Monsanto procède à une discovery [une mesure d'instruction in futurum] dans l'espoir de trouver de quoi invalider la conclusion du CIRC.

 

Pour sa part, Monsanto a claironné des rapports produits par l'Environmental Protection Agency (EPA) concluant que le glyphosate n'est pas dangereux. En conséquence, les plaignants procèdent à une discovery (et ont fait des demandes en vertu de la Loi sur la liberté d'information) dans l'espoir de trouver de quoi invalider les rapports de l'EPA. »

 

Lorsqu'il s'agit de certains agents des services publics, les parties peuvent aussi recourir aux législations sur la liberté d'information (FOIA).

 

 

...travesti en agissements répréhensibles par le duo du Monde

 

Dans leur premier article sur la magnifique (ironie) enquête, M. Stéphane Foucart et Mme Stéphane Horel présentent les activités de Monsanto pour trouver des éléments de preuve sous un jour extrêmement négatif. Ce seraient des « manœuvres d'intimidation », des « pressions » ou encore (sur la une de la version papier du 2 juin 2017) des « manœuvres de déstabilisation » du CIRC, dans le cadre d'« hostilités ».

 

La réalité est, encore une fois, bien plus prosaïque : Monsanto se défend en utilisant, sur un mode normal selon les mœurs états-uniennes, les outils à sa disposition.

 

Le lecteur français est probablement choqué de lire sous leur plume :

 

« Certaines de ces institutions ont même été assignées par les avocats de Monsanto dans le cadre de procédures judiciaires en cours impliquant le glyphosate, ainsi contraintes de livrer certains de leurs documents internes. »

 

C'est exactement ce qu'on fait les avocats des plaignants à l'encontre de Monsanto et de l'EPA !

 

 

Le CIRC « bétonne » et ment

 

Ce n'est pas dans l'«enquête » du Monde. Et pour cause... pas bon pour le script !

 

Le CIRC a été informé des demandes FOIA adressées à des université états-unienne. Sa réaction a été, en bref, d'inciter les membres états-uniens du groupe de travail à ne pas communiquer les éléments demandés (voir le courriel du 1er avril 2016 de Mme Katryn Guyton et la lettre de Mme Angkana Santhiprechachit du 7 avril 2016 à tous les membres du groupe de travail). Le CIRC a nié :

 

« Le personnel du CIRC n'a donné instruction à personne de ne pas donner suite aux demandes de documents faites en vertu de lois nationales ou locales. »

 

 

 

 

La lettre disait pourtant :

 

« Pour toutes ces raisons, le CIRC vous demande, à vous et à votre institution, de ne pas remettre les documents en votre possession, ou en possession de votre institution, se rapportant à votre travail en tant que membre du Groupe de Travail. »

 

 

 

L'honnêteté, version CIRC...

 

Mais une malhonnêteté qui n'intéresse pas les activistes du Monde... Imaginez l'article du Monde si elle avait été le fait de Monsanto...

 

 

« Ne rien laisser passer »

 

Gros arrangements journalistiques avec la vérité

 

Ces discoveries se font aussi en demandant l'audition de certains acteurs du dossier devant la Cour.

 

Le 24 avril 2017, les avocats des plaignants ont demandé au juge Chhabria qu'il lève la confidentialité de la déposition de M. William Heydens, un dirigeant de Monsanto chargé des évaluations réglementaires de la sécurité des produits. Demande évidemment mise en ligne ; et demande qui n'a évidemment aucune incidence directe sur le déroulement de la procédure, ni sur les chances de succès des plaignants, mais qui sert uniquement à alimenter la haine de Monsanto et du glyphosate dans l'opinion publique.

 

 

Résultat de recherche d'images pour "monsanto papers"

Une "armée de trolls"... et personne n'a rien vu jusqu'à peu ? Même pas M. Foucart et Mme Horel ?

 

 

Et, bien sûr, à alimenter le militantisme des deux Stéphane. Voici ce qu'ils écrivent :

 

« Les avocats impliqués dans les procédures judiciaires américaines ont révélé que Monsanto employait aussi des moyens plus discrets. Répondant sous serment aux questions des avocats de personnes malades qui attribuent leur cancer au Roundup, des responsables de la firme ont raconté la mise en place d’un programme confidentiel baptisé "Let Nothing Go" ("Ne rien laisser passer"), destiné à répondre à toutes les critiques. »

 

Notons que ce ne sont pas « [l]es avocats » qui ont « révélé », mais l'USRTK. Et ce ne sont pas « des responsables », mais un responsable qui est visé.

 

Voici ce que ça donne sur Marianne :

 

« L'entreprise basée à Saint-Louis est allée jusqu'à développer un programme structuré pour "ne rien laisser passer" (Let nothing go) et va jusqu'à traquer tous les articles publiés sur internet et même tous les contenus sur Facebook. Pour cela, Monsanto recruterait indirectement des trolls, qui viennent systématiquement commenter les publications sensibles pour la firme. Une pratique connue grâce à un document officiel de la justice américaine et disponible via un lien sur le site US Right to Know. »

 

La « journaliste » a bien fait de mettre un conditionnel, « recruterait » : voilà un « programme structuré » – forcément de grande envergure vu tout le mal qu'on dit sur Monsanto – dont l'existence alléguée n'a été révélée qu'il y a sept semaines...

 

Et comment le lecteur moyen comprendra-t-il « document officiel de la justice américaine » ? Comme la preuve d'un fait établi !

 

 

 

Une probable manipulation des avocats et de l'USRTK

 

Pour démêler le vrai du faux, allons à la source ! Voici le début de cette écriture des avocats :

 

« Les préoccupations que Monsanto a alléguées au sujet de la sortie éventuelle de ce litige hors du prétoire sont invalidées par ses propres activités jour après jour. La présente requête a été motivée par le fait que Monsanto a renoncé à ses propres désignations de confidentialité en insérant des citations de la transcription de la déposition du Dr Heydens sur son propre site Web à l'intention du public [ma note : ici]. Un regard attentif sur les documents joints aux procédures de requêtes jusqu'à présent dans ce cas élucide la stratégie de défense contre les délits de Monsanto ; travailler furieusement en dehors du prétoire pour produire une "littérature" en temps soigneusement choisi et des décisions réglementaires qui pourraient contribuer à la défense dans le litige. Monsanto a même commencé le programme nommé à juste titre "Let Nothing Go" pour ne rien laisser sans réponse, même pas les commentaires sur Facebook ; par l'intermédiaire d'une série de tiers, il emploie des personnes qui semblent ne pas avoir de lien avec l'industrie, qui postent des commentaires positifs sur des articles de presse et des publications sur Facebook, défendant Monsanto, ses produits chimiques et les OGM.1

 

Monsanto fait parvenir silencieusement de l'argent à des "think tanks" [groupes de réflexion] tels que le "Genetic Literacy Project" et l'"American Council on Science and Health", des organisations conçues pour dénigrer des scientifiques et mettre l'accent sur les informations utiles à Monsanto et à d'autres producteurs de produits chimiques. [suit une liste de titres d'articles censés confirmés les affirmations précédentes]. »

 

La note 1 se lit :

 

« Ce sujet est couvert longuement dans la déposition de David Heering [directeur de Monsanto pour la durabilité mondiale du glyphosate] ; les plaignants n'encombreront pas le Tribunal avec des transcriptions incidentes – Monsanto insiste également sur le fait que presque tout l'ensemble de cette déposition est "confidentielle", mais qu'il se pliera volontiers à la décision de la Cour sur demande. »

 

C'est très subtile : « les plaignants n'encombreront pas le Tribunal avec des transcriptions incidentes »... donc le public désinformé par l'USRTK, le Monde, Marianne, etc. ne saura rien de la matérialité des preuves.

 

La requête se poursuit donc par des exemples de titres d'articles qui mériterait une petite analyse. Citons « IARC © ® Has Threatened Us » : la réalité est que le CIRC a demandé à l'American Council on Science and Health de retirer son logo d'un article et l'a menacé de poursuites en cas de non exécution.

 

 

En bref, on peut se demander quel est l'intérêt de ces citations dans le cadre de la requête... et même en dehors !

 

On observera que l'allégation de financement occulte de « "think tanks" tels que » – quelle imprécision ! – n'est pas étayée et est dès lors gratuite. Le GLP affirme ne pas accepter d'argent des entreprises et de n'en recevoir que de fondations sans lien avec ses sujets – la génétique humaine et végétale.

 

Ce n'est pas tout : il y a aussi une accusation que Monsanto se livrerait, par tiers interposés, à un « massacre » (« “hatchet job”) de M. Christopher Portier.

 

Et l'inévitable référence aux agissements de l'industrie du tabac...

 

 

 

 

Intérêt pour la requête de levée de confidentialité ? Nul ! Intérêt pour la cause des plaignants ? Nul! Intérêt pour le tapage médiatique ? Grand !

 

La preuve... Le Monde et Marianne en France. Hélas !

 

 

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U
Sur la première page du journal, un publicité pour une boisson alcoolisée.Faire du tapage sur le glyphosate pour détourner l'attention des dangers - avérés - de l'alcool ?
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire... et l'éclat de rire !<br /> <br /> Mais c'est un Laurent-Perrier, « cuvée rosé inimitable »... pour bobos friqués qui lisent le Monde.<br />