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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La promotion du Nutri-Score dans la Tribune de Genève : célélobi, etc.

24 Avril 2024 Publié dans #critique de l'information, #Nutri-score

La promotion du Nutri-Score dans la Tribune de Genève : célélobi, etc.

 

 

Le Nutri-Score, tel que ses auteurs souhaitent le faire évoluer.

 

 

Mme Mathilde Touvier a donné une conférence début mars sur la nutrition. La Tribune de Genève en a profité pour l'interviewer. Un florilège !

 

 

La Fondation Louis Jeantet a invité Mme Mathilde Touvier, directrice de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l'INSERM et directrice de l'Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (EREN), au sein du Centre de Recherche en Épidémiologie et Statistiques, à donner une conférence sur la nutrition début mars 2024.

 

Ce fut l'occasion pour la Tribune de Genève de l'interroger (édition des 2-3 mars 2024) puis de produire un éditorial et un article sur le Nutri-Score – dont Mme Mathilde Touvier est une des co-auteurs (édition du 7 mars 2024).

 

 

Mangez « bio » !

 

L'entretien, c'est « Les bons aliments pour rester en pleine forme » (accès libre).

 

Dans le flot de recommandations sur ce qu'il convient de manger :

 

« Enfin, favoriser les denrées locales, bio et de saison, qui contiennent souvent plus de vitamines et de minéraux que des produits stockés des mois et moins de conservateurs. 

 

On peine à trouver la scientificité de cette déclarations...

 

On rappellera ici que les gens qui sont à la manœuvre pour le Nutri-Score le sont aussi pour le PNNS, le Plan National Nutrition Santé. Ils y ont déjà introduit une recommandation de manger « bio ».

 

 

 

 

Il y a gluten et gluten...

 

Troisième question posée :

 

« Modes et fake news, superaliments, diabolisation du gluten… comment dégager le vrai du faux? »

 

Et une partie de la réponse :

 

« […] Enfin, certains rendent le gluten responsable de tous les maux alors qu’il ne pose pas de vrai problème chez une grande majorité de la population. En revanche, on se pose des questions sur l’effet du gluten ajouté dans des aliments transformés et son impact possible sur les mécanismes conduisant à une hypersensibilité par exemple.

 

Là encore, on peut se poser des questions. Le gluten aurait-il une action différenciée selon qu'il nous arrive dans un aliment brut ou dans un aliment transformé ?

 

 

Célélobi

 

L'entrée en matière était la suivante :

 

« […] De nombreuses fake news circulent, dont certaines orchestrées par des intérêts économiques. [...] »

 

On ne peut qu'être d'accord avec cette affirmation. Mais à condition de voir l'ensemble du problème, pas seulement les « intérêts économiques » auxquels on voue une solide aversion.

 

 

Les applications pour scanner les codes-barres

 

Livré brut de décoffrage :

 

« […] [X – nom d'une application] par exemple, intègre la dimension de transformation et de pesticides en calculant une note globale pondérée, ce qui est prématuré. Nous préférons conseiller l’application [Y], plus factuelle. »

 

 

« Le Nutri-Score, une aide pour un choix "éclairé" » ?

 

C'est le titre d'un article compagnon dans l'édition des 2-3 mars 2024.

 

C'est ici le point où je dois souligner que je n'ai aucune sympathie pour le Nutri-Score, bien au contraire. Vouloir résumer la qualité nutritionnelle d'un produit alimentaire, avec toutes ses composantes positives et négatives, par un système d'échelle à cinq degrés – des lettres pour les alphabétisés et des couleurs pour les autres – relève, pour rester poli, de la gageure.

 

Une preuve ? On a établi un système parfait qui devant les critiques et tollés, a été révisé et rendu plus que parfait... avant de subir de nouvelles modifications affectant 30 à 40 % des produits.

 

Du reste, on peut s'interroger quand on lit dans la source précitée : « Pour les boissons spécifiquement, la présence d’édulcorants est désormais prise en compte afin d’éviter que les industriels utilisent ces additifs à la place du sucre pour améliorer la note de leurs produits. Les sodas lights contenant des édulcorants ne seront plus notés B, mais de C à E. »

 

La TdG écrit :

 

« Le Nutri-Score est un système d’étiquetage des aliments créé par le laboratoire de Mathilde Touvier. Il permet d’évaluer, sur une fourchette de A à E, le profil nutritionnel d’un aliment, en tenant compte de son apport calorique, de sa teneur en sucre, en sel et en graisses saturées, en fibres et en protéines. L’experte plaide pour sa généralisation, à l’heure où il est utilisé dans seulement sept pays d’Europe et de manière non obligatoire. »

 

« […] l'experte plaide... » ? Oui, et comment !

 

Dans le même temps, elle – et les autres génies créateurs – sont bien obligés de reconnaître un défaut majeur :

 

« Le Nutri-Score vise à aider le consommateur à faire des choix "éclairés" afin d’équilibrer son assiette, il n’est pas fait pour comparer des produits non substituables. »

 

Il n'est pas fait ? C'est précisément à cela qu'il mène chez les consommateurs qui en tiennent compte et n'ont pas assimilé cette limitation fondamentale. Et, manifestement, il ne concourt pas à « équilibrer son assiette ».

 

 

Attention, « intérêts économiques »...

 

C'était une réponse à la question suivante :

 

« Certains reprochent au Nutri-Score de mettre sur un même plan de notation des aliments avec un intérêt nutritionnel, comme l’huile d’olive ou le fromage, et des chips… »

 

Mais à cette question, il y a une réponse standard :

 

« De manière plus générale, il faut se méfier des détracteurs, certains cachent des industriels aux intérêts économiques qui ne vont pas toujours dans le même sens que la santé publique. »

 

Mais cette formulation constitue aussi une sorte d'aveu : il y a des « détracteurs » qui ne sont pas les « certains [qui] cachent... »

 

Parmi les « détracteurs » peu fréquentables, il y a des « intérêts économiques » de l'Italie, pays réputé pour sa gastronomie et la qualité de son régime alimentaire. Après la conférence, la TdG a publié un éditorial, « Le gras, c’est la vie, mais à petites doses » (également publié par 24 heures).

 

Retenons-en la conclusion :

 

« Le Nutri-Score n’a pas de visée commerciale. Ses détracteurs oui. Au lieu de combattre cet outil de santé publique, certes perfectible, il serait temps de barrer la route aux lobbies de l’agroalimentaire qui empêchent les gouvernements de taxer plus sévèrement le sucre, le sel ou les graisses saturées au nom de la liberté de commerce.

 

Quant au gastronationalisme qui veut "sauver" les produits du terroir du Nutri-Score, il est risible. Déjà à l’époque de Brillat-Savarin, on savait que la fondue n’était pas très diététique… En deux cents ans, personne n’a tenté ni de l’interdire ni d’en faire tout un fromage. Le gras, c’est la vie, mais à petites doses. »

 

L'argument est indigent. Le classement de la fondue et de la charcuterie est une incitation à ne pas en acheter.

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J
Nutri-score® est une marque déposée.<br /> Est ce payant de l'utiliser?<br /> Si oui, ceci n'a aucun sens" Le Nutri-Score n’a pas de visée commerciale."
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F
"Le Nutri-Score n’a pas de visée commerciale. Ses détracteurs oui."<br /> <br /> Magnifique résumé. Si on a des visées commerciales on est forcément mauvais. Si on n'en a pas on est forcément pur et innocent. Comme s'il n'y avait pas d'autre enjeu possible que l'argent: le prestige, l'influence, la notoriété du scientifique... tout cela est noble et bien intentionné, alors que le profit, c'est sale.
Répondre
M
Je me fous du nutriscoremachin à un point que vous ne pouvez imaginer.<br /> Quant à l'affiche qui prône le mangibougisme, je la lis d'un derrière distrait.<br /> <br /> Par contre aux prochaines élections je me ferai un plaisir de dégager tous ces Savonarole de salon qui ne cessent de me pourrir la vie.<br /> Je vous encourage à faire de même.