Les tours à cochons en Chine : solution high-tech ou gouffre financier ?

Les tours à cochons en Chine : solution high-tech ou gouffre financier ?

Olaf Zinke, AGRARHEUTE*

© stock.adobe.com/Dario Sabljak (image symbolique)

La gigantesque tour à cochons d'Ezhou de 26 étages a ses détracteurs, même au sein de la filière porcine chinoise. La construction d'un bâtiment aussi haut n'est pas efficace économiquement, c'est juste du marketing, disent certains économistes chinois.

En Chine, on construit de plus en plus de tours pour les porcs. Elles doivent à l'avenir approvisionner la Chine en viande de porc en quantité suffisante. Mais ces méga-fermes sont-elles raisonnables sur le plan économique et écologique ? La Chine répond par l'affirmative. D'autres sont sceptiques.

© Photos : stock.adobe.com/Countrypixel

Ces dernières années, de gigantesques fermes porcines ont poussé comme des champignons dans tout le pays. La raison en est les objectifs de la Chine en matière de sécurité alimentaire.

Les tours à cochons, comme le gratte-ciel d'Ezhou, dans la province du Hubei, qui sera achevé à l'automne 2023, sont de plus en plus fréquentes en Chine. Elles utilisent les technologies d'élevage intelligent les plus modernes, rapportent les médias chinois et internationaux.

Dernier coup spectaculaire en date : un gratte-ciel de 26 étages dans la province du Hubei, au centre de la Chine, qui surplombe tous les bâtiments à proximité. Il pourrait facilement être confondu avec un complexe résidentiel typique. La construction dispose de pièces climatisées, d'une zone de circulation et de nombreuses fenêtres.

Cependant, les habitants ne sont pas des êtres humains, mais des cochons. Le fait est toutefois que même parmi les fermes porcines chinoises, les bâtiments de cette dimension sont une exception : selon les statistiques, les bâtiments destinés à l'élevage de porcs font principalement six à sept étages (comme la tour à porcs de Saxe-Anhalt, désormais définitivement fermée).

Ces dernières années, d'immenses fermes porcines ont poussé comme des champignons dans tout le pays. La raison en est les objectifs de la Chine en matière de sécurité alimentaire. Mais le fait est que dans les débats chinois sur ce thème, l'impact environnemental de ces gigantesques porcheries, en termes de pollution des sols, de dioxyde de carbone et d'ammoniac, n'a guère joué de rôle.

En 2021, on comptait plus de 1.800 méga-fermes et villes porcines

Selon le forum chinois de Qingdao, près de 117 milliards de yuans (un peu plus de 17 milliards de dollars américains) ont été investis dans des tours à cochons jusqu'à la mi-2021, rapporte le journal espagnol El Pais.

A cette date, 1.832 fermes de plusieurs étages avaient déjà été construites dans 24 des 31 provinces et régions de Chine. La plus grande méga-ville porcine se trouve à Yuguan, une ville de la province du Henan, et s'étend sur une surface de plus de 1.000 hectares avec 21 bâtiments de six étages. La production annuelle de cette exploitation est de 2,1 millions de porcs.

Les deux bâtiments porcins d'Ezhou seraient à eux seuls capables de produire 1,2 million de porcs adultes par an lorsqu'ils fonctionnent à plein régime.

Parallèlement, de plus en plus de petits producteurs de porcs abandonnent : entre 2007 et 2020, le nombre d'exploitations élevant moins de 500 porcs par an a diminué de 75 % pour atteindre 21 millions.

_____________

* Olaf Zinke travaille pour AGRARHEUTE en tant que rédacteur cross-média pour les opérations et les marchés. Il analyse les marchés agricoles et des produits de base nationaux et internationaux depuis trois décennies et a travaillé à ce titre pour diverses institutions.

Source : Schweine-Hochhäuser in China - Hightech-Lösung oder Geldgrab? | agrarheute.com

Comments

[douar]

ça me fait furieusement penser aux méga fermes laitières d'Arabie Saoudite où tout le fourrage était produit sur place (!): le prix de revient du lait était très élevé, si bien que le gouvernement a finalement réduit quelques peu les aides. Il y a toujours la production de lait, par contre, la majorité des fourrages est désormais importée.
ça en mettait plein les yeux aux visiteurs mais n'était pas très pertinent économiquement.
Ici, en porc, la concentration des risques sanitaires est maximale et je ne comprends pas trop la logique, à part également, en mettre plein les yeux.
Pour rappel, le prix de revient du porc en Chine est nettement supérieur à celui des européens, et ne parlons pas de celui des brésiliens ni des américains.

[Justin]

On n'a pas la réponse à la question du titre.