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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Néonicotinoïdes: un sabotage peut en cacher un autre » de Mme Emmanuelle Ducros dans l'Opinion

8 Février 2021 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Abeilles, #betteraves, #Néonicotinoïdes, #Activisme

« Néonicotinoïdes: un sabotage peut en cacher un autre » de Mme Emmanuelle Ducros dans l'Opinion

 

Glané sur la toile 642

 

 

(Source)

 

 

Mme Emmanuelle Ducros a commis un « Néonicotinoïdes: un sabotage peut en cacher un autre » dans l'Opinion du 2 février 2021.

 

En résumé :

 

« La fin des néonicotinoïdes mettant en danger la filière sucrière française, des dérogations d’usages ont été consenties pendant trois ans. Mais l’application de ces dérogations menace maintenant le "plan protéines" et… les abeilles »

 

On était alors en attente des textes d'application de la loi qui permet, de manière dérogatoire pendant trois ans, d'utiliser des néonicotinoïdes en enrobage des semences de betteraves pour lutter contre la jaunisse (et contribuer à la survie de la filière sucre).

 

En fait, le gouvernement aurait déjà dû les publier pour ne pas mettre indûment la filière semencière sous pression. Mais comme cela touche l'environnement, il faut une consultation publique (rassurez-vous, ce genre de consultations n'est pas prévu pour, par exemple, les impôts...). Elle s'est close le 25 janvier 2021 et, c'est notoirement connu, on ne travaille pas les fins de semaines.

 

Et puis...

 

« Les néonicotinoïdes, bombe à fragmentation agricole ? Après avoir déstabilisé la filière sucre, c’est la filière protéines végétales qui tremble. Les décrets d’application de la dérogation d’usage de ces substances (NNI) en enrobage de semences sur les betteraves, qui pallieront pour trois ans l’absence de solution contre les pucerons, font l’objet d’un bras de fer entre les ministères de l’Ecologie et de l’Agriculture. Attendus ce lundi, les textes traînent. »

 

Le problème agronomique : le projet d'arrêté prévoit comme mesure de protection des pollinisateurs l'interdiction de cultiver des plantes attractives pour les pollinisateurs dans les deux années qui suivent la culture de la betterave.

 

 

 

 

Parmi elles, le colza :

 

« Or, le ministère de l’Ecologie souhaite interdire cette pratique [la culture du colza en N+2], qui menacerait les abeilles. "Le péril potentiel sur les pollinisateurs repose sur des bases scientifiques fragiles, ce que tout le monde reconnaît, note Arnaud Rousseau, président de la FOP. Mais surtout, les effets d’une telle décision entrent en confrontation avec la volonté politique d’améliorer la souveraineté française en protéines végétales, défendue par le Président de la République. Cela rend caduques les gros moyens déployés pour y parvenir dans le plan de relance, soit 100 millions d’euros."

 

Là, c'est donc un problème pour la profession agricole et pour les observateurs qui ont à la fois la fibre écologique (pas sur le mode politicien) et un cerveau câblé sur le mode rationnel. Est-ce bien raisonnable ?

 

On peut adhérer à ce raisonnement et ce point de vue dans l'absolu. Mais on devrait, à notre sens, faire preuve de réalisme.

 

 

(Source)

 

 

D'une part, le problème soulevé concernerait 20 % de la sole totale de betteraves (soit 80 ou 90.000 des 450.000 hectares de betteraves ou des quelque un million d'hectares de colza à l'heure actuelle).

 

D'autre part, et surtout, la solution actuellement sur la table est similaire à celle qui a été adoptée en Belgique. Il était difficile de proposer une réglementation « différente » sans susciter des vociférations.

 

L’objectif posé par le jupitérien Président de la République serait de réduire la dépendance de la France pour les protéines de 10 % en augmentant de 30 % en trois ans la sole française destinée aux cultures protéagineuses ou oléoprotéagineuses ?

 

La contrainte imposée aux producteurs de betterave n'est pas anodine dans ce contexte.

 

Mais la perte possible du phosmet, dernier insecticide utilisable sur le colza contre les coléoptères phytophages, et le durcissement envisagé des règles relatives aux traitements dans le cadre du « plan pollinisateurs » sont des menaces bien plus importantes.

 

Au final, tant que l'on n'aura pas arbitré entre l'écologie de l'incantation et l'écologie de la raison – au profit de la deuxième – nous n'aurons que la chienlit.

 

Et, guess what, devinez...

 

« Un des effets les plus paradoxaux de l’affaire ? Ses conséquences pour les pollinisateurs : des milliers d’hectares de nourriture pour les abeilles pourraient disparaître, alors même que le manque de surfaces fleuries dans les régions de grandes cultures est dénoncé par les apiculteurs. »

 

 

(Source et source)

 

 

L'Arrêté du 5 février 2021 autorisant provisoirement l'emploi de semences de betteraves sucrières traitées avec des produits phytopharmaceutiques contenant les substances actives imidaclopride ou thiamethoxam a été publié dans le Journal Officiel du 6 février 2021.

 

 

Post scriptum 1

 

L'ordre des signatures est « curieux » dans la version électronique de Légifrance, l'ordre protocolaire n'étant pas respecté... Rappelons que l'importance attribuée à l'agriculture et l'alimentation dans le gouvernement français se mesure au fait que son ministre arrive en deuxième position... en commençant par la fin.

 

Au Journal Officiel, la présentation est comme suit :

 

 

 

 

Post scriptum 2

 

La loi avait « créé un conseil de surveillance chargé du suivi et du contrôle de la recherche et de la mise en œuvre d'alternatives aux produits phytopharmaceutiques contenant une ou des substances actives de la famille des néonicotinoïdes ou présentant des modes d'action identiques à ceux de ces substances. »

 

Trouver la composition de ce comité Théodule relève du jeu de piste. On trouve cependant un arrêté donnant les noms des heureux « élus » pour le compte de trois entités de la catégorie « associations, organismes et fondations susceptibles d'être désignés pour prendre part au débat sur l'environnement sur le fondement de l'article L. 141-3 du code de l'environnement »...

 

Nous avons nommé : Générations Futures, Agir pour l'Environnement, et la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme.

 

Des « ONG [qui] se réservent le droit de saisir le Conseil d’Etat afin de faire annuler une décision manifestement illégale au regard de l’article 53 du règlement (CE) n°1107/2009 », selon la petite entreprise Générations Futures.

 

Manifestement, elles sont prêtes à manger dans tous les rateliers, et ce n'est pas la rationalité – ou la notion de conflits d'intérêts si souvent agitée, mais quand il s'agit du « camp d'en face » – qui les étouffe.

 

Question subsidiaire : qui, au sein du gouvernement, a choisi de demander aux trois entités susvisées de proposer des noms ? N'était-on pas conscient du fait que ces gens contesteraient l'arrêté ? Était-ce volontaire de leur tendre la perche ?

 

La réponse paraît claire. Nous sommes dans un régime de république de connivence.

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B
Je viens de réviser ma commande de semences de betteraves. <br /> Ce sera sans nni. <br /> Trop de contraintes sur les cultures suivantes. <br /> Et peut-être 2022, ce sera sans betteraves. <br /> Concernant le colza, c'est pareil..<br /> Trop de contraintes et de moins en moins de solutions pour avoir un résultat qui dégage une marge. Basta. <br /> Les apiculteurs qui sont finalement des éleveurs d'abeilles, devront se débrouiller pour les nourrir.
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M
Bonjour, pour Didier : je crois que l'on utilise de l'huile de colza pour l'alimentation humaine, des tourteaux de colza pour l'alimentations des bovins. Le colza est une culture intéressante pour la rotation des cultures (plante pivot, réduction des adventices, culture longue en temps, possibilité de semis en non labour et avec des plantes accompagnatrices, ...). Peut-être avez-vous une méconnaissance en agriculture.
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D
Oui enfin, si le Colza sert à alimenter des véhicules et non à nourrir la population, ce n'est pas une grande perte.
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D
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les prix mondiaux des produits végétaux (céréales, oléo protéagineux) sont en forte hausse depuis quelques temps déjà.<br /> En cause, la Chine avec son intention de reconstituer des stocks (dont une partie se perdra , les céréales, ça ne se conserve pas comme de l'or...), ainsi que la reconstitution de son cheptel porcin. <br /> Donc, il faut que la production mondiale soit boostée (d'ailleurs, les prix du phosphore montent, signe de la volonté des producteurs d'augmenter la production).<br /> Quand on voit l'orientation de la future PAC avec son "greendeal", on ne peut que constater son incroyable déphasage avec la réalité.<br /> les producteurs européens auront peut être intérêt à s'"assoir" sur les aides PAC éco conditionnées pour bénéficier des cours porteurs.<br /> Encore faudrait il ne passer entraver le potentiel de production comme nous savons si bien le faire en France.
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