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« Plus de 3 000 saumons génétiquement modifiés se font la malle »... une infox d'Ouest-France... démontage
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(Source)
Oui, des saumons se sont fait la malle... mais après ça se complique...
La dernière histoire de saumons en Islande, « piquée » par Ouest-France sur The Guardian, est ici.
C'est, pour le titre complet d'un article du 31 octobre 2023, « Plus de 3 000 saumons génétiquement modifiés se font la malle, les autorités tentent de les récupérer ».
Qu'on se rassure d'emblée : cela ne s'est pas passé en France, mais en Islande ; et il ne s'agit pas de saumons génétiquement modifiés.
Ouest-France, c'est ce journal qui s'est doté d'une « charte pour un journalisme au niveau de l’enjeu écologique » (notre critique ici)... laquelle l'incite sans doute à reprendre des bobards pourvu qu'ils s'inscrivent dans son ambition de « faire du défi climatique et de la biodiversité, un pilier de son projet éditorial ».
Ou à prendre une information, correcte ou boiteuse et à la transformer – dans une sorte de jeu du téléphone […] maintenant appelé, par exemple, « passe-parole » –, pour qu'elle réponde à la mission autoproclamée de
« traiter tout événement et information, y compris ceux qui ont un impact négatif sur l’environnement, à la dimension qu’ils méritent [...], sans faire l’impasse sur leurs conséquences environnementales. »
Ce qui a été omis dans la citation précédente, c'est :
« et avec discernement »...
Ouest-France a pompé sur We demain – « un média pour changer d'époque ».
En l'occurrence, We demain a publié le 25 octobre 2023 un article intitulé : « Fuite massive de saumons d'élevage en Islande : un impact écologique inquiétant ».
Ainsi donc, le « saumons d'élevage » de We demain est miraculeusement devenu « saumons génétiquement modifiés » chez Ouest-France.
Autant pour le discernement...
Des saumons d'élevage qui se font la belle ? Ce n'est pas vraiment nouveau. Ouest-France explique... enfin... copie-colle :
« "Si cette 'fuite de saumons' ne vient en rien violer la loi sur la pisciculture islandaise", souligne la revue We Demain, cet événement pourrait avoir des répercussions catastrophiques pour l’environnement local. Le journal explique : "Dans cette ferme piscicole située au large du village de Patreksfjörður, le système de contrôle de la lumière, qui permet de retarder, voire d’arrêter la maturité sexuelle des saumons, semble être en panne depuis des mois. Résultat : 35 % des saumons échappés de l’enclos marins cet été étaient matures sexuellement. Avec un système fonctionnel, seuls 5 % d’entre eux auraient dû l’être. Ils sont donc susceptibles de se reproduire en liberté." »
Oh misère ! Sur les 3.462 poissons manquants lors du vidage de l'enclos, ce seraient donc quelque 1.200, au lieu de 175, qui auraient atteint la maturité sexuelle – sachant que les autres peuvent très bien l'acquérir dans la nature.
C'est ici de l'ironie un peu grinçante.
La rencontre de saumons d'élevage, sélectionnés pour leur aptitude à grandir vite et à atteindre une bonne taille, avec des saumons sauvages pose en effet des problèmes de compétition et de dérive génétique. We demain s'aventure dans ce sujet.
Mais les explications sont longues, Ou peut-être pas à la dimension que mérite cet événement ayant « un impact négatif sur l’environnement ». Ouest-France trouve donc d'autres sources :
« Problème ? "S’ils se reproduisent, les saumons perdront leur capacité à survivre", déplore un pêcheur islandais rencontré par le quotidien britannique The Guardian. Des études, relayées par le magazine scientifique New Scientist, ont démontré que lorsque le saumon sauvage de l’Atlantique se reproduit avec des saumons d’élevage échappés, ses descendants grandissent plus rapidement et arrivent à maturité à un plus jeune âge, ce qui compromet la capacité de l’espèce à survivre et à se reproduire dans son environnement naturel. "Ils pourraient également entraîner une compétition accrue pour la nourriture et l’habitat", prévient le quotidien belge, La Libre. »
Ah ! The Guardian... une autre source qui a un penchant pour l'information militante... Cette histoire de saumons en cavale est liée à l'actualité politique – et militante – islandaise. L'événement s'est produit ou a été médiatisé en Islande au moment où se trouvait en consultation publique un nouveau projet de loi sur l'aquaculture.
Mais voilà un autre exemple de « passe-parole » :
The Guardian : « Des poissons soupçonnés de s'être échappés ont été retrouvés dans au moins 32 rivières du nord-ouest de l'Islande, selon des messages non confirmés publiés sur les réseaux sociaux. »
We demain : « Les saumons d’élevage, qui se sont enfuis à l’été 2023, auraient été retrouvés dans quelque 32 rivières du nord-ouest de l’Islande. » (Notez le conditionnel.)
Ouest-France : « Depuis, une vingtaine de ces spécimens ont été retrouvés dans 32 rivières du nord-ouest de l’Islande. » (Notez l'indicatif.)
Comment « une vingtaine... » ont-ils pu être retrouvés dans « 32 rivières » ? Mystère...
Mais passons au « problème » : « S’ils se reproduisent, les saumons perdront leur capacité à survivre » ?
C'est évidemment un raccourci. Les saumons qui remontent une rivière pour frayer meurent. Ce que cette phrase signifie, c'est que les descendants, hybrides de sauvages et d'élevages, sont moins aptes à survivre que les descendants de sauvages.
Plutôt que d'être un problème, ce serait une bonne nouvelle...
Encore une fois, il ne s'agit pas de nier ici l'existence – ou l'existence potentielle – de problèmes. La donne peut ainsi changer s'il y a un apport massif et répété de géniteurs d'élevage.
Il s'agit de mé- voire de désinformation.
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