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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

L'Obs, l'activisme et la censure

24 Juillet 2023 Publié dans #critique de l'information, #Activisme

L'Obs, l'activisme et la censure

 

 

L'Obs s'est récemment fait le véhicule de deux tribunes à mon sens crasseuses. J'ai à chaque fois écrit un commentaire... refusé. Une deuxième tentative a cependant été bonne pour l'un.

 

 

« Les Soulèvements de la Terre »

 

Le 24 juin 2023, l'Obs a publié « Dissolution des Soulèvements de la Terre : "Le gouvernement s’en prend à ceux qui refusent de demeurer passifs face à la catastrophe" ».

 

En tout, 262 signataires, les premiers – en toute hypothèse les auteurs – étant :

 

Annie Ernaux, Ariane Ascaride, Barbara Cassin, Maguy Marin, Judith Butler, Leslie Kaplan, Françoise Vergès, Barbara Stiegler, Alessandro Pignocchi, Corine Morel Darleux, Toni Negri, Philippe Descola, Alain Damasio, Andreas Malm, Frédéric Lordon, Joël Pommerat, Stanislas Nordey, Georges Didi-Huberman, Grégoire Chamayou, Jacques Rancière, Etienne Balibar, Alain Guiraudie, Tariq Ali.

 

Rien que le titre !

 

D'entrée le sophisme du non sequitur : notre Planète se meurt... mais notre gouvernement a d'autres priorités :

 

« […] Cette opération de police, la seconde en quinze jours, serait liée au désarmement d’une usine Lafarge par des militants écologistes en décembre, aux manifestations de Sainte-Soline, ainsi qu’à la dissolution décrétée mercredi 21 juin des Soulèvements de la Terre. »

 

Nouveau non sequitur :

 

« On n’a pas souvenir que les dirigeants de Lafarge, pourtant poursuivis en France et aux Etats-Unis pour avoir financé Daech afin de continuer leur activité en Syrie, aient subi de telles méthodes. [...] »

 

Arrêtons-nous là. Cela doit suffir pour caractériser un appel puéril à la « lutte » qui, d'ailleurs, reste au niveau de la harangue grandiloquente :

 

« C’est aujourd’hui la possibilité même de contester la politique d’un gouvernement qui se joue, à une heure particulièrement grave de notre histoire. »

 

Voyez-vous ça ! C'est pire que Moscou et Caracas réunis...

 

J'ai posté un commentaire :

 

« Cette tribune est effrayante de bêtise et d'incivisme.

 

Lisez bien cette phrase:

 

"Car désarmer les infrastructures qui accélèrent le changement climatique et détruisent le monde vivant relève désormais de l’autodéfense, d’un geste vital si l’on prend au sérieux la question de notre existence collective future."

 

C'est un appel explicite aux sabotages, voire plus.

 

L'inconscience à l'état pur. C'est signé et ainsi approuvé par quelque 260 personnes sans doute bien installées dans leur vie, autrement dit des bobos, révolutionnaires de canapé et activistes par procuration.

 

"Le gouvernement s’en prend à ceux qui refusent de demeurer passifs face à la catastrophe" ? Ah oui ? Et que font-ils de positifs pour faire avancer leur cause ? Détruire, vandaliser, agresser... Autrement dit : rien. Leur programme avant la dissolution ? Idem.

 

L'Obs se devrait d'avoir une ligne éditoriale plus respectueuse des intérêts de ses lecteurs ainsi que de la Nation... et de la cause climatique. »

 

Refusée...

 

Mais admettons que cela contrevenait à : « La discussion doit être respectueuse, sans attaque personnelle (contre les autres contributeurs et contributrices, les journalistes ou les personnes citées dans l’article) et respecter les limites de la liberté d’expression [...] » L'opinion exprimée sur les signataires est sans doute un bon prétexte pour occulter l'opinion sur la ligne éditoriale...

 

J'ai donc réessayé quelque temps plus tard, sans cette appréciation critique. Devinez...

 

Je ne me suis pas abaissé à réessayer sans la critique de la ligne éditoriale.

 

 

Le label HVE

 

Le 12 juillet 2023, l'Obs publiait une autre tribune, « Supprimons le label HVE dont le seul objet est de détruire l’agriculture biologique ». Ce titre est un extrait de la prose d'un collectif dont voici la liste des premiers (des seuls?) signataires :

 

« Philippe Desbrosses, cofondateur du label AB, il y a près de quarante ans, Dominique Bourg, professeur honoraire, université de Lausanne, Camille Etienne, militante écologiste, Edgar Morin, sociologue, Mariane Monod, ex-chargée de mission agri-bio, ministère de l’Agriculture, Marc Dufumier, agronome, Delphine Batho, députée et ancienne ministre, Corinne Lepage, ancienne ministre et avocate, Lydia et Claude Bourguignon, pédologues, Olivier Hamant, biologiste, ENS Lyon, Johann Chapoutot, historien, Sorbonne, Denis Cheissoux, producteur radio, Sylvie Pouteau, directrice de recherche, Inrae Paris-Saclay, Dominique Eraud, médecin, Olivier Roellinger, chef trois étoiles, Mathilde Roellinger, spécialiste des épices, Matthieu Calame, agronome. »

 

Le non sequitur est décidément une manie. Ici, il est inversé. Voici pour le premier :

 

« La diffusion de l’émission "Sur le front" de France 5, le lundi 3 juillet, décrivant les dessous d’un scandale d’Etat, à savoir la fabrication par le ministère de l’Agriculture d’une machine de guerre contre l’agriculture biologique en France, nous a conduits à relayer cette alerte et à chercher à mobiliser l’opinion publique.

 

Alors que l’été 2023 s’annonce globalement pire que celui de 2022, que la sécheresse sévit sur une grande partie du pays et dans l’hémisphère Nord, que les moyens de l’Etat soient mobilisés pour la construction d’une arnaque au service de quelques spéculations mercantiles est, au sens propre, scandaleux. Le titre du reportage présenté par Hugo Clément ne souffrait d’ailleurs d’aucune ambiguïté : "HVE : le label qui tue le bio ?". »

 

Aucune ambiguïté ? Avec un point d'interrogation journalistique pour un « reportage » exclusivement à charge et d'un manichéisme, disons, remarquable.

 

La tribune est d'une extravagante agressivité, comme on peut le voir ci-dessus : « scandale d’Etat », « machine de guerre contre l’agriculture biologique », « construction d’une arnaque », « quelques spéculations mercantiles »...

 

Mais aussi « escroquerie, ignominieuse et insupportable », « entreprise aux allures mafieuses, financée par l’Etat pour tromper l’opinion publique », « label frauduleux qui porte un préjudice moral, sanitaire, écologique, économique et social au peuple de France »...

 

L'agriculture « industrielle » ne pouvait qu'être accusée de tous les maux.

 

J'ai tenté...

 

« Rien que le titre !

 

HVE a été conçu en 2007 dans le cadre du Grenelle Environnement avec l'appui d'écolos, notamment de la FNE (qui s'est ensuite dédite). Le label serait un vaste complot pour détruire une filière que le gouvernement soutient massivement par des subventions et la création de marchés captifs (la restauration collective publique) et ambitionne de porter à 18 % de la SAU en 2027 (un peu plus de 10 % actuellement) ?

 

Il y a dans cette tribune des propos et des associations d'idées réellement choquants.

 

https://agriculture.gouv.fr/lancement-dun-plan-de-soutien-lagriculture-biologique »

 

Refusé... Mais ce devait être le lien vers le site du ministère de l'agriculture. Aurait-il été pris pour des « propos relevant du prosélytisme ou de nature promotionnelle ou publicitaire [qui] sont à exclure » ?

 

Le commentaire amputé du lien vers la preuve de mes dires a été accepté sans lui. La « modération » des commentaires est décidément curieuse...

 

Pour la modération des tribunes acceptées et publiées, c'est une autre histoire !

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H
Essayez d'écrire la même chose mais très mal, en faisant plein de fautes d'orthographe et de style. <br /> Vous avez une chance de passer votre commentaire car cela accrédite l'idée que les non gauchistes et non écolo sont des crétins.<br /> <br /> Il y a maintenant une bonne dizaine d'années, un collègue nous avait fait (à un petit groupe) une démonstration édifiante sur plusieurs journaux dont le Nouvel Obs. <br /> Il avait deux alias, un alias "éduqué" avec lequel il écrivait dans le style parfait qu'il avait habituellement, un autre "alias" très limité intellectuellement avec lequel il écrivait en multipliant les fautes d'orthographe et de style et s'il écrivait des propos sur le fond similaires à l'alias "éduqué", il les écrivait de manière vraiment primitive. Son alias "éduqué" était quasi systématiquement censuré, mais l'alias "limité intellectuellement" n'était jamais censuré. Ce n'était bien sûr pas innocent.<br /> Les sujets sur lesquels il postait ou tentait de poster n'étaient effectivement pas l'agriculture, mais le réchauffement climatique, l'insécurité et l'immigration. <br /> <br /> A une époque, j'ai tenté des posts très argumentés scientifiquement et historiquement pour défendre OGM, glyphosate, engrais chimiques, agriculture hautement productive, j'ai quasiment toujours été censurée même dans des journaux qu'on dit de droite, et j'ai renoncé. <br /> Je n'ai plus d'abonnement à aucun journal généraliste. De toutes façons, en général quand vous avez lu le titre, vous avez tout lu tellement c'est mauvais parce que le journaliste n'y connait rien ou c'est court et basique comme une rédaction de CE2.<br /> <br /> Au passage, amusant les signataires de la Tribune, on reconnait au premier coup d'oeil quelques grands noms du juteux business bio et nature. Faites peur et montez une entreprise qui propose des solutions pour la peur que vous aurez fabriqué, vous êtes sûr de faire de l'argent.
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