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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Une histoire de bourdons

23 Juin 2023 Publié dans #Abeilles

Une histoire de bourdons

 

Chuck Dinerstein, ACSH*

 

 

Image : Ralph de Pixabay

 

 

Les bourdons sont des pollinisateurs prolifiques, essentiels à la vie des cultures qui nous alimentent. Une nouvelle étude montre comment la coévolution entre les bourdons et les plantes peut réduire la mortalité des bourdons.

 

 

Les plantes ont une vie difficile, enracinées qu'elles sont dans le sol. Dans les situations critiques, elles ne peuvent que se battre, et c'est pourquoi elles ont développé plusieurs défenses chimiques et physiques. Il s'avère que le bourdon s'est accroché à la défense chimique d'une plante pour tuer un agent pathogène dans son intestin.

 

Ce pathogène est un acteur mondial, Crithidia bombi, un parasite protozoaire des insectes qui réduit « l'apprentissage, la survie et la reproduction » des bourdons soumis à un stress nutritionnel et des reines qui passent l'hiver. Le remède végétal se trouve dans le pollen de tournesol, mais le mécanisme d'action sous-jacent, physique ou chimique, n'est toujours pas clair. L'étude examinée ici a cherché à clarifier l'activité du pollen en utilisant une souche de bourdons déjà infectés par C. bombi – et nourris avec des régimes alimentaires différents selon les types de pollen présents.

 

 

 

 

La couche externe du pollen, l'exine, a été séparée du pollen lui-même et réintroduite dans les régimes de traitement ; les régimes de contrôle ne contenaient pas de pollen de tournesol mais fournissaient du pollen de sarrasin et de fleurs sauvages. La quantité de C. bombi a été mesurée dans l'intestin des bourdons, les chercheurs ont compté la mortalité quotidienne et des mesures ont été effectuées sur les ailes des bourdons pour déterminer la présence d'un ralentissement de la croissance.

 

Bien que la mortalité n'ait pas changé, le pollen de tournesol a réduit de manière significative la présence de C. bombi dans l'intestin des bourdons. De plus, il semble que ce soit l'enveloppe extérieure, l'exine, qui soit à l'origine de l'effet le plus important, et non un produit du métabolisme végétal présent dans le pollen lui-même. Lorsqu'on a élargi les tests sur un régime de pollen pour inclure d'autres membres de la famille des tournesols (pissenlits et armoises, par exemple), on a constaté un effet similaire, mais pas nécessairement aussi important, sur les niveaux de C. bombi.

 

La micrographie de l'exine de tournesol montre de nombreux pics. Cette constatation a laissé les scientifiques dans l'embarras. Puisque les métabolites contenus dans le pollen n'ont eu aucun effet, le pollen de tournesol doit agir mécaniquement ; est-ce qu'il « élimine les cellules pathogènes attachées ou empêche l'attachement des cellules nageuses libres en grattant l'intestin postérieur » ?

 

Les bourdons nourris exclusivement avec du pollen de tournesol ne prospèrent pas ; la teneur en protéines du pollen est trop faible, il n'est pas aussi facilement digestible et il manque des acides aminés essentiels. Par conséquent, les tournesols ne sont pas nécessairement inclus dans l'alimentation intentionnelle des abeilles. Le fait de se concentrer sur la valeur du pollen de tournesol en tant que source de protéines rend « invisible » sa valeur dans la réduction des pathogènes intestinaux. Mais comme l'écrivent les auteurs, « ...les bourdons sont des butineurs généralistes et il est rare qu'ils se nourrissent exclusivement d'une seule espèce ».

 

Telle devrait être la première leçon à retenir de la Nature : un régime alimentaire diversifié est plus sain, car il peut avoir des propriétés qui ne sont pas apparentes. La discussion sur le rôle des fibres dans notre alimentation fait écho à cette leçon.

 

La deuxième leçon de la Nature est un peu plus nuancée et concerne la coévolution. Nous ne saurons jamais pourquoi l'enveloppe du pollen de tournesol est garnie d'épines. Mais d'un point de vue évolutif, les bourdons qui ont accès au pollen de tournesol n'en tirent qu'un faible avantage en termes de survie jusqu'à l'apparition d'un agent pathogène entérique – l'avantage latent du pollen de tournesol en termes de survie entre alors en jeu. Lorsque nous parlons de survie du plus apte, ce n'est pas, comme on le perçoit communément, une affaire de « red in tooth and claw » (« rouge sur les dents et les griffes »), une compétition sans merci.

 

La survie coévolutive décrit une niche particulière, et la plus apte se décrit en termes de relations de ses membres entre eux et avec la niche elle-même. Malgré nos habitudes anthropocentriques, nous faisons partie d'une niche beaucoup plus vaste avec laquelle nous avons coévolué. Nous devrions être, comme les abeilles, des butineurs généralistes – un régime alimentaire sain est diversifié. Nous sommes, comme les abeilles, des holobiontes – « un hôte et les nombreuses autres espèces qui vivent à l'intérieur ou autour de lui », nous hébergeons des multitudes, ce qui nous amène à la troisième leçon de la Nature. Ce que nous mangeons modifie notre microbiome, qui modifie notre métabolisme et nos réactions ; en bref, nous sommes ce que nous mangeons. Voulez-vous vous limiter aux cheeseburger et aux frites ?

 

____________

 

Source : Sunflower spines and beyond: Mechanisms and breadth of pollen that reduce gut pathogen infection in the common eastern bumble bee (les épines de tournesol et au-delà : mécanismes et étendue du pollen qui réduisent l'infection par un pathogène intestinal chez le bourdon fébrile), Functional Ecology DOI: 10.1111/1365-2435.14320

 

Directeur de la médecine. Le Dr Charles Dinerstein, M.D., MBA, FACS, est le directeur médical de l'American Council on Science and Health. Il a plus de 25 ans d'expérience en tant que chirurgien vasculaire.

 

Source : A Bee’s Tale | American Council on Science and Health (acsh.org)

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