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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

L'avenir de l'agriculture – Modèle 3 : 100 % de bio

1 Mars 2022 Publié dans #Agriculture biologique, #Willi l'Agriculteur

L'avenir de l'agriculture – Modèle 3 : 100 % de bio

 

Willi l'agriculteur*

 

 

 

 

Dans la série « L'avenir de l'agriculture », voici maintenant un modèle avec 100 % de bio dans toute l'Allemagne. Et avec la question de savoir pourquoi une limite de 30 % de bio est fixée politiquement.

 

 

La stratégie « de la ferme à la table » (Farm to Fork) ainsi que le document de la coalition « feux tricolores » ont pour objectif d'augmenter la part de l'agriculture biologique à 25 et 30 %, respectivement, d'ici 2030.

 

Cet objectif est incohérent. Si l'agriculture biologique a les avantages qu'on lui prête, il faut convertir au plus vite l'ensemble de l'agriculture allemande à l'agriculture biologique. Jusqu'à présent, personne n'a pu m'expliquer pourquoi il s'agirait de 30 % d'ici 2030. Et qu'en est-il des 70 % d'agriculteurs conventionnels « restants » ? L'objectif devrait être 100 % de bio d'ici 2025.

 

 

Que signifie 100% de bio ?

 

Je me suis déjà penché sur les chiffres les années précédentes, ceux de l'image d'ouverture datent de 2014 :

 

 

Capture Willi bio (insérer dans citation à 50 %)

 

 

« Première partie : les chiffres

 

À en croire les enquêtes, le désir de disposer de produits biologiques ou écologiques est élevé en Allemagne. Leur part augmente régulièrement, même si elle est à un faible niveau. Le rejet des produits pour lesquels on a utilisé des engrais de synthèse ou des pesticides augmente.

 

C'est pour cette raison que je me suis penché sur la question de savoir quelle serait la situation si tous les agriculteurs allemands optaient pour le bio. À quoi cela ressemblerait-il pour les quantités produites ? Pour cela, j'ai utilisé l'étude de l'AMI (Société d'Information sur les Marchés Agricoles) de 2013 qui compare les données structurelles des exploitations biologiques à celles de toutes les exploitations. J'ai extrapolé les valeurs de l'agriculture biologique à toutes les exploitations, étant entendu qu'il en résulte inévitablement un certain flou du fait que les exploitations biologiques sont incluses dans l'ensemble des exploitations.

 

Par souci de clarté, le rapport a été divisé en deux parties : les chiffres d'abord, et les conséquences ensuite. La deuxième partie suivra sous peu. Il est donc logique d'attendre avec les commentaires jusqu'à la publication de la deuxième partie. » (Lire la suite...)

 

Ces chiffres ne sont plus tout à fait d'actualité aujourd'hui, mais ils indiquent la direction suivie. Il est clair que l'autosuffisance ne serait plus garantie, même pour les céréales, les pommes de terre et la viande. Les huiles végétales et le sucre ne seraient plus produits en Allemagne qu'en quantités infimes, car le colza et les betteraves sucrières ne sont actuellement cultivés en bio que sur quelques milliers d'hectares. La raison : pour le colza, il n'y a pas de produits phytosanitaires efficaces, et pour les betteraves sucrières, le travail, qui doit être effectué à la main, est extrêmement important.

 

 

Quelles sont les conséquences pour le consommateur ?

 

Je me suis aussi déjà penché sur cette question. Voici les résultats :

 

« Deuxième partie : les conséquences

 

L'analyse sobre des chiffres de la première partie montre qu'une autosuffisance en produits biologiques n'est pas possible en Allemagne. Les cultures telles que le colza et la betterave à sucre disparaissent presque complètement de la rotation des cultures. Les principales raisons en sont l’absence d’options de lutte contre les ravageurs animaux pour le colza et le contrôle des mauvaises herbes plus compliqué pour la betterave à sucre. C'est regrettable car ces deux plantes sont importantes pour la rotation des cultures comme plantes riches en feuilles et ne seraient presque plus cultivées. De même, la culture de la pomme de terre, une plante riche en feuilles et sarclée et également une composante importante de la rotation des cultures, ne serait plus pratiquée que dans une mesure très limitée.

 

Avec une consommation actuelle d'environ 44 millions de tonnes de céréales, il faudrait importer environ 20 millions de tonnes de céréales, ce qui constitue un défi logistique majeur (environ 830.000 chargements de camions par an) ; et l'approvisionnement n'est pas facilement assuré par d'autres pays européens. Les exportations actuelles de céréales européennes, par exemple vers le Moyen-Orient ou l'Afrique du Nord, ne seraient probablement plus possibles. L'Égypte importe environ 11 millions de tonnes par an, l'Algérie environ 7 millions de tonnes rien qu'en blé à elle seule ! La raison en est la faible quantité de terres arables disponibles. En revanche, l’Égypte exporte des pommes de terre nouvelles en février et en mars, comme le demande le consommateur allemand. En raison de l'irrigation, la quantité d'eau nécessaire est environ quatre fois plus élevée qu'en Allemagne, où les pommes de terre nouvelles peuvent généralement être produites sans irrigation. » (Lire la suite...)

 

On comprend ainsi pourquoi personne en Allemagne et en Europe n'exige une conversion complète à 100 % de bio : la sécurité d'approvisionnement ne serait plus assurée, il pourrait y avoir d'énormes pénuries et donc des troubles sociaux. Personne ne veut cela.

 

Panem et circenses

 

____________

 

 

* Source : Zukunft Landwirtschaft - Modell 3: 100% Bio - Bauer Willi

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