Que Choisir : comment faire sournoisement de la pub pour le bio...

Que Choisir : comment faire sournoisement de la pub pour le bio...

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Des twittos amis m'ont mis sur la piste d'un post de Mme Elsa Abdoun, journaliste de Que Choisir (elle m'a bloqué...), faisant la promotion d'un article :

« Est-il vraiment utile de manger des fruits et légumes de saison ? Comment les accommoder ? Lesquels sont les plus contaminés par des résidus de pesticides en agriculture conventionnelle ? Réponses dans ce calendrier @UFCquechoisir : https://quechoisir.org/conseils-alimentation-le-calendrier-des-fruits-et-legumes-de-saison-n51036/? »

La première question nous laisse vraiment perplexe ! Pour la deuxième, on se doute bien qu'une réponse exhaustive ne peut pas être donnée. Du reste, les mêmes recettes sont proposées d'un mois à l'autre si le légume reste « de saison ».

La troisième a suscité l'irritation chez bien des adeptes de la rationalité.

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Les « usual suspects » me dira-t-on ?

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Et ce qui compte, ce sont les faits.

« Le calendrier des fruits et légumes de saison » – établi par l'ADEME, s'il vous plait... – est introduit de manière plutôt neutre. En chapô :

« Privilégier les produits frais, locaux et de saison achetés en circuits courts offre de nombreux bénéfices, sociaux, sanitaires et écologiques. Pour vous aider à profiter pleinement de la grande diversité d'aliments que l'agriculture française peut offrir, nous vous indiquons, chaque mois, la liste de ceux actuellement disponibles en France métropolitaine, complétée par quelques idées de recettes. »

Le mot « pesticides » n'apparaît qu'une fois – associé comme il se doit (ironie) à la notion de contamination :

« Afin de vous aider à profiter pleinement de toute la variété des fruits et légumes français disponibles chaque mois, nous vous proposons ce calendrier des fruits et légumes de saison, élaboré par l'Ademe, auquel nous associons des liens vers des recettes, ainsi que des informations concernant leur contamination en pesticides, quand elles sont disponibles (il suffit pour cela de cliquer sur le nom de chaque produit). »

Pourquoi donc ? Comme on le sait – ou devrait le savoir – le secteur de l'alimentation est très surveillé, de même que le recours aux produits phytosanitaires, de sorte que les traces de résidus que l'on peut trouver dans les aliments ne posent aucun problème de santé (sauf, évidemment, grossière tricherie ou erreur).

C'est, à l'évidence, une méthode sournoise de faire la promotion du bio en agitant les peurs à propos des pesticides.

Il faut aller dans le calendrier et cliquer sur les images pour le constater. Janvier... betterave... voici ce que cela donne :

Voilà, voilà ! Une « Fréquence de contamination par un résidu en agriculture conventionnelle » sans indication des quantités détectées. On a trouvé une infime trace ? On incrémente le compteur !

Et il y a un élément anxiogène de plus qu'ont peut appeler en cliquant sur l'icone :

« Fréquence de contamination par les résidus les plus à risque en agriculture conventionnelle

Il s'agit des résidus de pesticides pour lesquels les agences réglementaires française ou européennes reconnaissent l’existence de données suggérant ou entérinant, soit une action de perturbateurs endocriniens, soit une promotion de cancers, mutations dans l’ADN, troubles de la fertilité, anomalies du développement, soit une toxicité sur un organe cible à la suite d'une exposition répétée ou prolongée, soit encore plusieurs de ces actions à la fois. »

Voilà, voilà encore ! Il s'agit de substances dont il a été déterminé que les risques sont acceptables et pour lesquelles des limites maximales de résidus ont été fixées, de manière draconienne, pour qu'il n'y ait pas de risques pour la santé des consommateurs.

Tout ceci n'est pas nouveau. C'est un recyclage de l'Observatoire des pesticides publié en octobre 2023.

Mais remettre une pièce dans le bastringue de l'anxiogenèse, six mois après, ça entretient l'angoisse, au moins chez les hypocondriaques et autres chimiophobes (quand il s'agit de pesticides, sans doute pas de médicaments).