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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Hals- und Beinbruch, Herr Denormandie

26 Janvier 2022 Publié dans #Politique, #Union européenne

Hals- und Beinbruch, Herr Denormandie!

 

Glané sur la toile 910

 

 

 

 

« Hals- und Beinbruch », littéralement : brisez-vous le cou et cassez-vous une jambe, est une expression allemande pour, paradoxalement, souhaiter bonne chance à quelqu'un. « Break a leg » est une expression similaire anglaise.

 

L'occasion de souhaiter bonne chance nous est donnée par deux articles, évidemment signés Emmanuelle Ducros, publiés par l'Opinion le 24 janvier 2022.

 

Dans « Stratégie agricole européenne: une étude néerlandaise matérialise le désastre », l'auteure résume les conclusions d'une étude réalisée par Johan Bremmer, Ana Gonzalez-Martinez, Roel Jongeneel, Hilfred Huiting, Rob Stokkers et Marc Ruijs, de l'Université de Wageningen, Pays-Bas, à la demande de CropLife Europe et CropLife International, « Impact Assessment of EC 2030 Green Deal Targets for Sustainable Crop Production ».

 

Une première présentation de l'étude avait été faite en octobre 2021 et nous avons publié le communiqué de presse dans « Le Green Deal entraîne probablement une baisse des rendements agricoles ».

 

Le tableau 1 (ci-dessus) résume une partie des résultats et suffirait à démontrer l'ampleur du désastre. Mme Emmanuelle Ducros conclut :

 

« "En conséquence, il faudrait s’attendre à des changements significatifs dans le commerce international. Les exportations déclineraient (de moitié pour les vins, olives, produits horticoles) et les importations alimentaires croîtraient – leur volume pourrait doubler", écrivent les chercheurs. L’Europe, premier exportateur mondial de denrées alimentaires (138 milliards d’euros en 2018) perdrait non seulement son rang et son pouvoir, mais devrait compter sur le reste de la planète pour se nourrir, s’infligeant un "désavantage compétitif » et une "dépendance commerciale". Il faudrait aussi s’attendre à une chute des revenus agricoles plus rapide que celles des coûts... Et à une contribution réduite du continent à la stratégie mondiale "zéro faim". Pour quel bénéfice écologique ? L'étude souligne la nécessité de mettre en culture ailleurs dans le monde 2,6 millions d’hectares supplémentaires pour nourrir l’Europe... alors que la déforestation galope déjà. »

 

 

(Source)

 

Le deuxième article s'intitule de manière tonitruante : « Julien Denormandie: "Nous devons défendre la mission nourricière de l’Europe" ».

 

En chapô :

 

« Pour le ministre français de l’Agriculture, l’étude d’impact sur la stratégie "Farm to fork" publiée par JRC, qui prédit une chute de nos productions et une hausse de nos importations, "doit être un électrochoc". »

 

Première question, liée à la première réunion du Conseil Européen « Agriculture et Pêches » sous présidence française :

 

« Quel est le premier sujet que vous avez abordé avec vos homologues européens ?

 

Celui de la souveraineté agricole et alimentaire. La stratégie "de la Ferme à la fourchette" ("Farm to fork"), portée par la Commission, peut laisser craindre un abandon de la mission nourricière de l’agriculture européenne. L’étude sur cette stratégie publiée l'été dernier par JRC (un bureau d’études de la Commission européenne) prédit une chute de nos productions et une hausse de nos importations. Elle doit être un électrochoc.

 

Nous devons défendre cette mission nourricière pour nous-mêmes et faire notre part en dehors de nos frontières. C’est essentiel. Le bouleversement climatique va rendre de plus en plus de zones non cultivables à travers le monde, soyons en conscients. Cela nous oblige dans le rôle nourricier, exportateur, de l’agriculture européenne. Ce serait par ailleurs un non-sens en termes de souveraineté et d’environnement qu’une transition se traduise par un repli, une augmentation des importations et, donc, une substitution de nos émissions de gaz à effet de serre par l’importation de celles des autres. »

 

La Commission Européenne doit maintenant – « aurait dû » serait plus juste – produire les études d'impact. « ...sous un an et demi ou deux ans avant que cette stratégie ne se traduise en actes législatifs de mise œuvre », dit M. Julien Denormandie.

 

La Commission ne pourra bien sûr pas ignorer les critiques largement répandues sur la place publique.

 

En résumé, M. Julien Denormandie a tout compris et a annoncé qu'il sera très vigilant.

 

On lui souhaite donc bonne chance pour la partie utile de la présidence française de l'Union Européenne, et pour la suite au cas où M. Emmanuel Macron serait réélu et qu'il serait reconduit dans ses fonctions.

 

Il déclare très habilement :

 

« Il y a désormais un consensus des Etats membres autour de la France (Allemagne, Italie, Espagne, Autriche, entre autres) pour dire que "Farm to fork" est une vision politique très importante mais dont la mise en œuvre doit tenir compte de cette mission nourricière. »

 

Mais l'Autriche est déjà un « champion » du bio et, en Allemagne, ce sont des « Verts » qui sont à la manœuvre pour les dossiers agricoles et environnementaux avec, comme on peut le voir dans d'autres articles de ce blog, des ambitions qui vont au-delà de la stratégie « de la ferme à la table ».

 

D'où le « Hals- und Beinbruch ».

 

 

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F
M. Denormandie doit aussi réussir à convaincre son Président du "en même temps", de sortir de l'ambiguïté et de la procrastination.
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M
Bonjour, sauf que notre ministre de l'agriculture fait partie d'un gouvernement qui ne sera plus effectif en Mai 2022. Mr Denormandie est un ministre responsable, qui connait la mission des agriculteurs et l'agriculture, et qui n'hésite pas à s'opposer à se collègue (sectaire et dogmatique) Mme Pompilli qui ne connait rien à l'agriculture, sauf à ses rémunérations en Euros !
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