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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Certification HVE : journalisme d'insinuation et d'influence dans le Monde ?

3 Juin 2021 , Rédigé par Seppi

Certification HVE : journalisme d'insinuation et d'influence dans le Monde ?

 

 

(Source)

 

 

Les milieux de l'agriculture biologique se démènent actuellement pour arracher le plus gros morceau possible des aides qui seront versées dans le cadre de la déclinaison nationale de la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC). C'est évidemment de bonne guerre.

 

Mais tous les coups sont, semble-t-il, permis. La Fédération Nationale de l'Agriculture Biologique (FNAB) tonitrue que les agriculteurs bio seront dépouillés (voir ci-dessus)...

 

...des observateurs attentifs et avertis sont perplexes...

 

 

(Source)

 

 

...et le gouvernement dément...

 

 

(Source)

 

 

M. Patrick Vincourt, ancien directeur de recherche de l'INRA, tenait un début d'explication le 27 mai 2021 :

 

« [il s'agit de la déclaration faite par M. Gabriel Attal], il s’agit du second pilier. Le point de conflit est l’« Écoregime » (premier pilier) qui, aux yeux de @fnab_bio, n’est pas assez défavorable au non #bio»

 

 

(Source du premier)

 

 

Ne croyez pas que c'est écrit sur le mode sarcastique (ou alors à l'insu du plein gré de l'auteur) : Pleinchamp a publié le 31 mai 2021 « Pac 2023-2027 : la contre-proposition de la Fnab sur l’écorégime » – qui est en fait la proposition de négociation de la FNAB avant les arbitrages du Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Julien Denormandie. Le tableau est éloquent : la FNAB a fait preuve d'une grande tempérance en ne réclamant pas, pour les hectares « bio », un montant double de celui qui devait être alloué selon elle aux hectares « HVE » (haute valeur environnementale)...

 

 

La proposition de la FNAB

 

 

 

 

Après cette copieuse introduction, venons-en au Monde, rubrique Planète évidemment.

 

M. Stéphane Foucart et Mme Mathilde Gérard ont produit : « La certification agricole "HVE" sous le feu d’une nouvelle critique ».

 

En chapô dans la version électronique du 25 mai 2021 :

 

« Dans une note confidentielle remise fin 2020 aux ministères de l’agriculture et de la transition écologique, l’Office français de la biodiversité assure que le label agricole HVE ne présente, dans la grande majorité des cas, aucun bénéfice environnemental. »

 

Un jour après, le 26 mai 2021 – dans le journal papier daté du 27 mai – le chapô s'est fait plus mesuré :

 

« Dans une note confidentielle, l’Office français de la biodiversité souligne les faibles bénéfices environnementaux du label. »

 

Nous ne dirons pas que les deux auteurs étaient en service commandé. Mais ils ne se seront certainement pas fait prier.

 

Il nous faudra les croire sur parole, tant sur l'existence de la note que sur son contenu, sa crédibilité s'agissant de l'identité de l'auteur, du fond et de sa pertinence. On n'est pas loin du journalisme d'insinuation – et on est sans nul doute dans le journalisme d'influence et de connivence :

 

« Ce bref rapport de l’agence publique à ses deux ministères de tutelle, que Le Monde a pu consulter, conforte, chiffres officiels à l’appui, les critiques formulées de longue date par les associations de défense de l’environnement qui considèrent le label HVE comme "un cheval de Troie du greenwashing" [le lien vers cet article a été proposé séparément], soutenu par les milieux de l’agriculture intensive. »

 

On nous sert deux exemples. Le premier est plutôt abscons, contrairement au second :

 

« Autre critère pour obtenir le précieux label : la part d’"infrastructures agroécologiques" (haies, bosquets, etc.) dans la surface agricole utile. Pour une exploitation de 100 hectares, lit-on dans le rapport, "un linéaire de 5 km de haies est nécessaire pour respecter le critère du verdissement [de la PAC] depuis 2015", mais seul 1 kilomètre de haies est requis pour le label HVE. "Sur ce critère, et en considérant uniquement les haies, l’exigence HVE est donc cinq fois inférieure au verdissement de la PAC tel qu’il existe depuis 2015", conclut l’expertise confidentielle de l’OFB. »

 

Faisons dans le complotisme : on comprend parfaitement pourquoi cette note est restée confidentielle : le cahier des charges de l'agriculture biologique ne comporte aucune obligation dans ce domaine.

 

Poursuivons :

 

« En conclusion, ajoute l’établissement public, "les seuils retenus ne permettent pas de sélectionner des exploitations particulièrement vertueuses", en particulier pour les exploitations viticoles qui représentent la grande majorité du label HVE. »

 

C'est aussi – si c'était vrai – le cas des exploitations en agriculture biologique !

 

Ah oui, la viticulture... Le label HVE s'affiche comme un concurrent de poids face au cahier des charges de l'agriculture biologique, qui met les viticulteurs dans des impasses ou des défis importants en matière de protection phytosanitaire, au grand dam de la protection de l'environnement... On se rappellera que le Monde, évidemment Planète, s'était porté volontaire pour diffuser une attaque en règle contre la HVE dans le Bordelais (et à titre d'alibis dans d'autres vignobles) menée par Mme Valérie Murat et « son » association « Alerte aux Toxiques », et qu'il a fait silence sur leur lourde condamnation (faisant a priori l'objet d'un appel).

 

La grande offensive contre la HVE aura au moins eu un effet : ses critères devraient être réévalués, l'objectif étant de produire une révision au plus tard au début de 2022 pour qu’un référentiel « rénové » puisse entrer en vigueur pour la nouvelle PAC en 2023.

 

Peut-on suggérer qu'un travail de même nature soit effectué sur l'agriculture biologique ? Parce que si la HVE est « sous le feu d'une nouvelle critique », le bio se sort plutôt très mal d'une comparaison de France Stratégie.

 

 

(Source)

 

 

Citons pour conclure Mme Aurélie Catallo, coordinatrice de la plate-forme « Pour une Autre PAC », qui a eu le mot de la fin dans le Monde :

 

« La littérature est abondante pour dire que l'agriculture biologique est vertueuse pour l'environnement [...]. Mais il n'existe à ce jour aucune étude scientifique pour dire que la certification HVE permet d'engager une transition agroécologique. »

 

Plus c'est gros...

 

 

Post scriptum

 

La dernière de la FNAB, à l'heure où nous écrivons :

 

 

(Source)

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