Glyphosate : la dernière manœuvre de l'Obs de M. Arnaud Gonzague
Minable ! Vraiment minable !
Ils sont quelques militants munis d'une carte de journaliste et disposant d'espace papier ou électronique à avoir sorti, le lundi 27 novembre 2017, quelques articles méchants pour le glyphosate ; on peut penser que c'était pour une ultime tentative d'influencer le vote qui devait avoir lieu dans la journée à Bruxelles – et qui s'est traduit par un renouvellement de l'autorisation de mise en marché pour cinq ans.
Dans le Monde, il y eut le festival des deux Stéphane, Foucart et Horel, avec de nouvelles « révélations » sur les prétendues mauvaises manières de Monsanto. À FranceTVInfo, c'était même un véritable feu d'artifice.
Dans l'Obs, M. Arnaud Gonzague a aussi estimé nécessaire d'apporter son sac de sable pour construire la barricade contre le glyphosate : « Oui, les agriculteurs peuvent se passer du glyphosate. La preuve » ; avec en chapô :
« Le Roundup de Monsanto pourrait être banni d'Europe ce lundi. Des alternatives existent, même si elles sont encore peu pratiquées. »
C'est posté à 6 h 34. On peut s'imaginer que les représentants des États membres, investis d'une instruction de vote, auront eu le temps de lire cette information essentielle et, pour certains, d'alerter leur capitale pour faire changer la position...
On vous livre le premier paragraphe :
« L'Europe vit peut-être les derniers mois ou les dernières années du glyphosate, l'herbicide le plus vendu au monde, et dont la marque la plus connue est le Roundup, commercialisé par Monsanto. Ce lundi 27 novembre, les Etats de l'Union européenne, réunis dans un comité technique nommé le Scopaff, doivent en effet voter pour dire s'ils réautorisent, ou non, le principe actif du Roundup, le glyphosate, déclaré "cancérogène probable chez l'humain" par l'Organisation mondiale de la Santé, et dont l'enquêtrice Marie-Monique Robin a récemment dénoncé la nocivité. »
L'éternel « cancérogène probable » et l'éternel mensonge : « par l'OMS »... Et diantre ! Même Mme Marie-Monique Robin qui a « dénoncé... ».
Mais n'y aurait-il pas une petite incongruité ? Lisez ! Relisez ! Ah ! Le Scopaff...
C'est que cet article, sauf pour une mise à jour partielle par le changement d'une date, est un copier-coller (mot très en vogue chez les activistes anti-glyphosate et anti-Monsanto). Pas très futé, le procédé, Arnaud ! Vous auriez pu changer aussi l'intitulé de l'organe délibérant...
Pour les sceptiques, voici ce que dit mon moteur de recherche favori à partir d'un extrait du texte :
Le texte initial a aussi été copié-collé ici.
Et, cherry on the cake, on a repris le fil de commentaires de l'édition précédente, le premier étant daté du 25 octobre 2017.
Dans le lot, il y a par exemple :
« Quelle farce de voir un "journaliste" bien-pensant de l'Obs s'essayer à la démonstration scientifique. Qu'on laisse l'expertise aux experts, et que les parisiens s'occupent de leurs oignons. »
Non, ce n'est pas de moi. Cela a suscité une réponse, pleine de bon sens :
« Un article intéressant, qui montre bien que ce n'est pas si simple, qu'il n'y a pas de solution miracle. Alors pourquoi un titre aussi débile qui fait croire qu'au contraire c'est tellement facile de désherber ? Ou le titreur n'a pas lu l'article, ou il devrait se consacrer à la presse people. »
Le titre est resté le même... Quand les faits dérangent l'idéologie, c'est simple : on occulte les faits.
Il y eut aussi plus féroce et plus pointu, par exemple :
« article d'une nullité affligeante. on voit bien que les journalistes n'y connaissent rien. Arrachage manuel : venez donc arracher 500ha de mauvaises herbes... le labour superficiel n'enlèvera jamais de mauvaises herbes... le glyphosate sera remplacé par un travail du sol accru qui engendrera une augmentation de la consommation fuel, augmentation du temps de travail, augmentation de l'érosion et surtout augmentation du dessèchements des terres. les solutions de binage mécanique ne fonctionnent pas partout surtout la ou il y a des pierres. [...] »
Mais... l'idéologie, le militantisme...
Le militantisme journalistique pose un gros problème à nos sociétés. Cela ne date certes pas d'hier, mais les sites internet, relayés par les réseaux dits « sociaux », combinés à une perte de repères et une déontologie chancelante, démultiplient les problèmes.
Cependant, l'agriculture qui nous nourrit est confrontée à un autre adversaire : l'agriculture qui se dit biologique et dont les thuriféraires font la promotion par le dénigrement des collègues. Extrait de l'article de l'Obs :
« […] Pour Stéphanie Pageot, présidente de la Fédération nationale de l'agriculture biologique (Fnab), une agriculture sans glyphosate est possible :
"Il est parfaitement envisageable pour des agriculteurs conventionnels [non-bio, NDLR] de passer au désherbage sans glyphosate. Oui, ils vont se casser un peu la tête, mais nous, dans la bio, le faisons déjà depuis des années !" »
La première « alternative » est donc le « désherbage mécanique » (pour la destruction des couverts, on repassera. Il est « accompli à l'aide de divers outils à dents, notamment des bineuses » (là encore, pour les autres types d'outils... la charrue ? Chut!). Mais c'est la suite qui est intéressante :
« Pas question de revenir au Moyen Age, explique Stéphanie Pageot :
"Il ne s'agit pas de tout faire à la main. Il existe désormais des bineuses téléguidées dotées d'une caméra numérique."
Le hic. Aussi innovants soient les outils actuels, "il peut être nécessaire de compléter ce travail avec un arrachage manuel", concède Stéphanie Pageot. Plus difficile, plus long.
Très artistique la mise en page qui camoufle une concession qui peut être de taille.
Et le champion local de la pige militante de conclure :
« Pourquoi il faut y croire. Pour la santé, pour la planète, cet effort supplémentaire vaut la peine, non ?
Il y a cette « logique » d'une naïveté enfantine. Et il y a un problème de fond encore plus important : le désherbage avec une bineuse – ou à la main (la solution au problème du chomage dont bien des gens rêvent), c'est en cours de culture ; le glyphosate, c'est en interculture.
Tout cela n'est vraiment pas glorieux. Ni sur le plan de la technique, ni sur celui de l'éthique.
Pour conclure sur une note plus plaisante, parmi les « alternatives », il y a la « rotation des sols ».