Glyphosate : Merci, M. Schmidt !

Glyphosate : Merci, M. Schmidt !

Schillipaeppa*

« Je pense que je suis bien connu pour décider sur un sujet de manière appropriée. Pour le dire plus clairement : il est à mon sens de ma responsabilité de décider au sein du gouvernement fédéral des choses qui sont en attente de décision, et – il est comme ça, Schmidt – il décide en fonction de la matière et de rien d'autre. »

Le Ministre Fédéral de l'Agriculture Christian Schmidt (CSU) a ainsi justifié aujourd'hui dans le journal télévisé son accord pour prolonger de cinq ans l'approbation de l'UE pour la matière active herbicide glyphosate. Alors que les médias voient le ciel de la Grande Coalition assombri par des nuages gris – la Ministre Fédérale de l'Environnement Barbara Hendricks (SPD) n'a pas soutenu ce vote –, je voudrais publier ici la prise de position du Ministère Fédéral de l'Agriculture (BmEL). Le BmEL apporte un éclairage, entre autres, sur le contexte du désaccord avec le Ministère Fédéral de l'Environnement (BmUB) :

« Déclaration sur la décision du 27 novembre 2017 sur le renouvellement de l'autorisation du glyphosate

La longue discussion sur l'extension de l'homologation du produit phytosanitaire glyphosate s'est conclue aujourd'hui de manière factuelle, sur la base des résultats scientifiques.

"Avec le consentement de l'Allemagne, j'ai fait apporter d'importantes améliorations, par exemple pour le monde végétal et animal. À l'échelle nationale, nous prendrons également des mesures supplémentaires dans le sens d'une application plus restrictive.

Sans le consentement de l'Allemagne, le glyphosate aurait été approuvé par la Commission Européenne, et ce, sans ces améliorations.

Avec la décision d'aujourd'hui, j'ai imposé plus que ce qui a été exigé auparavant sur ce dossier par les ministères concernés.

Avec l'accord d'aujourd'hui pour le renouvellement de l'approbation du glyphosate pour cinq ans, nous avons pu imposer des conditions importantes :

• Reprise de la clause sur la biodiversité que nous avions négociée l'année dernière – également avec le Ministère Fédéral de l'Environnement – renforçant ainsi le rôle de la biodiversité et de la faune ;

• Clarification des différentes évaluations des organes de l'OMS s'agissant des risques pour la santé humaine ;

• Examen des possibilités d'optimisation de la procédure d'approbation des pesticides par la Commission Européenne et préparation d'un rapport sur cette question.

La Commission Européenne aurait de toute façon opté pour le renouvellement de l'approbation du glyphosate. La Commission aurait prolongé la substance active sans ces conditions.

Au niveau national, nous prendrons également des mesures supplémentaires dans le sens d'une restriction des utilisations.

Ma position a toujours été la suivante : s'il y a une base scientifique, il y a un droit à la poursuite de l'utilisation du glyphosate. Il n'y a toujours aucune raison scientifique d'interdire l'utilisation du glyphosate. La politique doit décider de telles questions sur la base d'éléments de preuve. Ce que nous avons obtenu aujourd'hui grâce à notre participation au vote tient également compte des préoccupations de la discussion en partie publique." (Ministre Fédéral de l'Agriculture Christian Schmidt)

En outre, nous aimerions souligner ce qui suit :

La Ministre Fédérale de l'Environnement Barbara Hendricks annonce le 14 avril 2016 l'accord sur la base de la clause sur la biodiversité (citation complète à partir de la minute 43:09) :

"Nous sommes convenus, le Ministre de l'Agriculture et moi : si l'Union Européenne prend en compte de manière appropriée la biodiversité, le gouvernement fédéral pourra également approuver l'extension, à mon avis."

La question de la nocivité pour la santé est selon elle du ressort du Ministre de la Santé.

Note : À ce moment-là, il y avait un accord du gouvernement fédéral (BmEL, BmWi, BmUB) pour accepter une nouvelle approbation. L'accord tenait clairement compte des questions de biodiversité avec lesquelles le BmUB avait justifié l'accord.

La Ministre Fédérale de l'Environnement Barbara Hendricks annonce le 12 mai 2016 l'accord à propos du principe de précaution :

"Le glyphosate a un impact négatif sur l'environnement, c'est prouvé. Cela doit être entièrement pris en compte dans l'autorisation. Que le glyphosate soulève ou non des problèmes de santé est actuellement controversé. C'est pour de bonnes raisons que nous appliquons le principe de précaution en Allemagne et en Europe. C'est-à-dire, tant que nous ne savons pas au-delà du doute si le glyphosate est sans danger pour la santé, nous ne devrions pas permettre ce produit chimique. Par conséquent, les ministères dirigés par le SPD n'accepteront pas une extension de l'approbation du glyphosate."

Note : L'accord du gouvernement fédéral (BmEL, BmWi, BmUB) pour approuver une nouvelle autorisation a été résilié par le BmUB pour des raisons de protection de la santé du consommateur immédiatement avant le vote à Bruxelles.

La Ministre Fédérale de l'Environnement Barbara Hendricks justifie le 15 mars 2017, après l'annonce des conclusions de l'Agence Européenne des Produits Chimiques (EChA), tendant à NE PAS classer la substance active glyphosate comme cancérigène, son opposition une nouvelle fois par des questions de biodiversité (voir la première citation pour l'accord) :

"Le principe de précaution s'applique à mon sens non seulement pour les questions de santé, mais bien sûr aussi pour les questions de biodiversité et de protection de l'environnement."

Note : La prise en compte des nécessités de la protection des espèces a été à la base de l'accord sur le renouvellement de l'approbation en 2016 ; autrement dit, l'accord a été justifié sur cette base par le BmUB. »

Et voici une note de moi [Schillipaeppa] : le 26 février 2016, le groupe parlementaire du SPD au Bundestag avait rejeté, avec le groupe de l'Union [CDU/CSU], une demande de l'Alliance 90/Les Verts qui prévoyait entre autres :

« Pour des raisons de santé préventive et de protection de l'environnement, de refuser à ce stade le renouvellement du glyphosate pour 15 ans ».

En mai 2016, le SPD était seulement à un peu plus de 20 pour cent d'intentions de vote dans les sondages. Le changement d'opinion de Mme Barbara Hendricks était-il l'expression d'une réaction de panique de son parti ?

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* L'auteure a fait des études de philosophie, est éditrice et a atterri il y a déjà plus de dix ans à la campagne. Sur son blog, elle (d)écrit – miracle ! La traduction peut être fidèle – ce qui la préoccupe, lorsqu'elle n'est pas en train de curer l'écurie des poneys, de chercher des gants de gardien de but, de s'occuper de quantités de denrées alimentaires ou de linge, ou encore de tenter d'arracher les mauvaises herbes plus vite qu'elles ne poussent.

Source : https://schillipaeppa.net/2017/11/27/danke-herr-schmidt/