Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Pesticides, le poison de la terre » sur France 5 : documentaire ? Non ! Publireportage ? Oui !

14 Septembre 2016 , Rédigé par Seppi Publié dans #Pesticides, #critique de l'information

« Pesticides, le poison de la terre » sur France 5 : documentaire ? Non ! Publireportage ? Oui !

 

 

« Pesticides, le poison de la terre » sur France 5 : documentaire ? Non ! Publireportage ? Oui !« Pesticides, le poison de la terre » sur France 5 : documentaire ? Non ! Publireportage ? Oui !

 

« Pesticides, le poison de la terre » a été diffusé en prime time sur France 5 le 6 septembre 2016. Hasard ? Opportunisme ? Planification avec connivence voire plus ? L'association Phyto-Victimes a lancé une opération de financement participatif le 9 septembre 2016.

 

La page internet de la seconde ne s'est pas faite en trois jours. Alors : le 55 min. de la première est-il un documentaire ou un publireportage ?

 

Mais il y aussi quelques contre-vérités à débusquer.

 

 

 

 

Une longue litanie... 1 à 1,5 « reportages » d'agri-ali-bashing par semaine

 

Quelle est la nature de « Pesticides, le poison de la terre » (sur Youtube), diffusé le 6 septembre 2016 par France 5 ?

 

 

L'excellent ForumPhyto a penché pour la thèse du « marronnier », soit un sujet récurrent dans l’actualité, qui permet d’obtenir de l’audience sans trop d’effort… Récurrent il l'est, ce thème, tellement qu'il faudrait trouver une sous-espèce botanique Aesculus hippocastanum ssp. sempervirens !

 

L'excellent Alerte Environnement est revenu sur la question dans « Pesticides : Multiplication des hoax. L’Agri-bashing se poursuit » :

 

« Avec "Pesticides, le poison de la terre", diffusé cette semaine, le prochain Cash Investigation "Industrie agroalimentaire : business contre santé" la semaine prochaine [mardi 13 septembre sur France 2, en prime time], la règle de 1 à 1,5 reportage Agri/Agro-bashing par semaine est respectée, sans compter les erreurs courantes de journalistes qui ne savent pas manipuler des chiffres correctement jusqu’à faire des contresens destructeurs»

 

 

Un marronnier ? Et une œuvre de propagande !

 

Mais l'analyse est un peu courte, en tout cas avec le recul.

 

C'est un marronnier catastrophiste comme l'écrit ForumPhyto, mais aussi propagandiste. L'« oeuvre » joue presque exclusivement sur le registre de l'émotion. Il faut faire pleurer dans les chaumières. Analysons la présentation :

 

 

 

Tout à l'émotion

 

« Ils ont perdu un enfant, un père, un patient, touchés subitement par un cancer alors que rien ne les prédisposait à être malades... »

 

Qu'en savent-t-ils, les auteurs du « documentaire » des prédispositions ? En général et dans les cas particuliers ?

 

 

La parole est à la famille, pas à la science

 

Mais le verdict tombe comme un couperet :

 

« Pour Valérie, Didier et Jean-louis, c’est une évidence : il existe un empoisonnement aux pesticides. »

 

Les convictions des membres des familles tiennent lieu de diagnostic sur les causes d'une maladie... Ils sont convaincus... donc ça ne peut être que ça...

 

 

La surinterprétation des certificats médicaux

 

Certes, on nous montre des extraits soigneusement isolés de certificats médicaux établis à des fins purement administratives, mais il est quasiment impossible de prouver un lien de cause à effet dans un cas particulier. Et cette preuve ne peut certainement pas être rapportée par un médecin, fût-il professeur des universités, qui n'aura fait qu'examiner un patient (et – peut-être – quelques agendas).

 

Il en est un, de certificat, particulièrement intéressant (à 09:50) :

 

« ...L'analyse du calendrier professionnel de ce patient retrouve une exposition à l'arsenic préparé... »

 

 

« Pesticides, le poison de la terre » sur France 5 : documentaire ? Non ! Publireportage ? Oui !

Mais on a soigneusement omis de préciser dans le « documentaire » que la plainte contre X pour homicide involontaire a été classée sans suite par le Parquet de Paris le 25 mai 2016 en l'absence de lien de causalité établi.

 

 

Que signifie une reconnaissance de maladie professionnelle ?

Toute maladie est systématiquement présumée d’origine professionnelle si elle répond aux conditions médicales, professionnelles et administratives inscrites à l’un des tableaux des maladies professionnelles du code rural pour les actifs (salariés et exploitants) relevant du régime agricole (67 tableaux) ou du code de la sécurité sociale pour les salariés relevant du régime général (112 tableaux). La victime n’a pas à apporter la preuve qu’il existe un lien causal entre son travail et sa maladie.

 

Exemple : une personne a manipulé professionnellement de l’arsenic pendant plus de10 ans et déclare un cancer du poumon (maladie reconnue par le tableau n°10) moins de 40 ans après sa dernière exposition à l’arsenic. Ce cancer sera systématiquement reconnu d’origine professionnelle car toutes les conditions du tableau sont remplies.

 

ENQUÊTE AGRICAN – AGRICULTURE & CANCER, novembre 2014

 

L'utilité des pesticides balayée d'un mot

 

L'utilité des pesticides est ensuite mise en doute en un seul mot (c'est nous qui graissons) :

 

« Ces substances chimiques sont utilisées pour lutter contre des organismes jugés nuisibles aux cultures comme, les insectes, les champignons ou d’autres parasites. Ces produits sont pointés du doigt depuis des années, par plusieurs associations, pour leur toxicité. Et pourtant, ils sont toujours utilisés. »

 

Et ils sont mis à l'index parce que «  plusieurs associations... ». Leur utilisation est donc forcément condamnable...

 

Dans le film, on entend dire une des égéries anti-pesticides affirmer que les pesticides ne sont rien d'autre qu'une « assurance-récolte » (à 44:27). Elle sait... elle est fille de viticulteur... ce qui l'autorise à sortir une telle énormité. C'est son droit. Ce qui est inadmissible, en revanche, c'est que ce soit repris dans un « documentaire » sans recul et sans mise en perspective.

 

 

L' « omerta » imaginaire

 

 

 

Et il y a, bien sûr, l'inévitable « omerta » :

 

« Aujourd'hui, ceux qui s’estiment victimes des pesticides dénoncent le silence des autorités. Seuls dans leurs combats, ils tentent d’alerter l'opinion publique. Aude Rouaux, la réalisatrice les a suivis pendant près d'un an. Elle nous livre ici des témoignages forts et pudiques, mais aussi une enquête glaçante sur ce qui est encore, en 2016, un tabou dans le monde agricole»

 

Ce propos, inlassablement répété, relève de la stratégie de Goebbels : plus le mensonge est gros...

 

 

Entre 1 et 1,5 émission de bashing par semaine ! Des médias qui suivent et rapportent avec assiduité et complaisance, sans recul ni esprit critique, les péripéties des « combats » contre les pesticides... Des médias qui se délectent d'« études » qui, sitôt publiées, sont démontées et qui (les médias) se font fort discrets sur les réfutations...

 

Une hystérie collective contre les pesticides, avec la participation frénétique d'une ministre de l'environnement... L'interdiction, bientôt en vigueur, pour les collectivités d'utiliser des pesticides... L'interdiction, prochaine, du libre service pour les particuliers, suivie peu après par une interdiction de vente... Le glyphosate... Les néonicotinoïdes... Le diméthoate...

 

Écophyto, qui a fixé un objectif de réduction de l'utilisation des pesticides de 50 % par le fait d'une décision arbitraire, sans étude de faisabilité...

 

 

L'« omerta » réelle

 

La pression de l'« opinion publique » est telle qu'il y a un silence pesant sur la réalité des faits. Le ministre de l'agriculture – et porte-parole du gouvernement – se tait... quand il ne fait pas un « coup » avec le diméthoate sur les cerises... Les organisations professionnelles se taisent dans leur grande majorité, car leur parole n'est plus audible et, le plus souvent quand elles s'expriment, contre-productive.

 

La manipulation et la désinformation ont le champ libre. L'argument de l'« omerta » est un élément récurrent de l'activisme.

 

 

Quelques vérités

 

Devant ce triste spectacle, il est utile de rappeler brièvement quelques vérités.

 

 

Les pesticides sont utiles et même indispensables

 

C'est une évidence qui n'échappe qu'aux activistes... Encore que... on peut parier sans risque qu'ils utilisent des versions de pesticides appelées « biocides », des anti-moustiques, des anti-mites, des anti-puces et anti-tiques pour les animaux domestiques (tiens, ce Border Collie qu'on voit en gros plan à 4:55...)... Mais ce qui relève de leurs pratiques domestiques doit être refusé aux agriculteurs.

 

 

Le « bio » utilise aussi des pesticides

 

Contrairement à une légende urbaine, soigneusement entretenue par le lobby, le « bio » utilise aussi des pesticides.

 

 

Certains d'entre eux ne sont pas anodins et ont même un profil toxicologique et écotoxicologique bien moins favorable que leurs contreparties de synthèse. Il arrive aux médias de produire une séquence honnête. Celle-ci est incontournable.

 

L'incident de Villeneuve-de-Blaye, du 5 mai 2014, dont on ne parle guère plus, et pour cause, était dû à un épandage de cuivre et de soufre, sauf erreur dans une exploitation en « bio ». N'y a-t-il pas « omerta » quand le « documentaire » s'abstient d'y faire référence ?

 

L'école de Villeneuve-de-Blaye

 

Voire « omerta » des services officiels que la FDSEA de la Gironde accuse de procrastiner ?

 

La mouvance anti-pesticides exhibe bien une « note de synthèse ». Fort curieusement, elle ne fait pas état des traitements au soufre et au cuivre par un deuxième viticulteur ; c'est pourtant de notoriété publique. Mais n'est-il pas curieux qu'aucun rapport officiel n'ait été publié, que cette note soit parvenue à Générations Futures, que cette note ne soit ni datée, ni signée ? Omerta...omerta...

 

 

 « "Ma fille sentait le sulfate à plein nez, je connais l'odeur", raconte un autre père qui travaille à la vigne depuis une vingtaine d'années. »

 

« Haute-Gironde (33) : des écoliers tombent malades après un traitement de la vigne »

 

« En cette journée très chaude du lundi 5 mai, deux domaines viticoles traitent leurs parcelles qui jouxtent l'école de Villeneuve : le premier, le château Escalette, conduit en viticulture biologique, applique du soufre et du cuivre, tandis que le second, le château Castel La Rose, vignoble en conventionnel, répand de l'Eperon et du Pepper, deux produits utilisés pour lutter contre le mildiou et l'oïdium. »

 

« Omerta sur les pesticides dans le vignoble bordelais »

 

« En attendant Côté Châteaux a vérifié auprès de l’avocat de la Sepanso que dans ce dossier, "il y a les deux : un viticulteur conventionnel et un viticulteur bio qui sont mis en cause" selon Me François Ruffié, l’avocat de la Sepanso qui le premier a porté plainte contre X et a été rejoint par Générations Futures»

 

« Epandages de Villeneuve : Générations Futures veut balayer une rumeur … »

 

 

En tout cas, la plainte contre X de la SEPANSO, à laquelle s'était joint Générations Futures, a été classée, et nous n'avons rien vu sur un appel qui aurait fort logiquement dû être interjeté.

 

Il y a en revanche, sur la toile, une vidéo intéressante :

 

« François Ruffié [l'avocat de la SEPANSO] n'accepte pas le classement de l'affaire de Villeneuve […]. "Il y a des témoins qui disent que les enfants mettent les mains sur le grillage et qu'ils ont les doigts bleus ou verts avec des traces de produit [...]" »

 

Les « doigts bleus ou verts », ce n'est pas dû au mancozèbe, etc. mais à une célèbre bouillie...

 

 

Les pesticides ne sont pas anodins

 

C'est aussi une évidence. Ils présentent des dangers, mais des mesures sont prises, au niveau réglementaire et au niveau pratique pour supprimer les risques ou les réduire à un niveau acceptable, et ce tant pour les utilisateurs que pour les riverains et les consommateurs.

 

Cela n'exclut évidemment pas les accidents, dus à la fatalité ou à l'imprudence, voire l'inconscience. Mais il est particulièrement malhonnête de vouloir résumer la problématique des pesticides aux accidents et aux allégations d'atteinte à la santé du fait d'une exposition répétée.

 

 

 

C'est un homicide, on vous dit...

 

Effleurant de sa main la vigne, Valérie se remémore les images de son père mélangeant avec son bras les pesticides dans la cuve de la sulfateuse. « Il épandait torse nu sur son tracteur sans cabine, sans gants et sans masques. » Comme des milliers de viticulteurs de 1958 à 2000, James Murat épandra des pesticides contenants de l’arsenic pour traiter ses vignes. « C’était écrit là, devant notre nez, lâche, amère, Monique Murat, en désignant une tête de mort figurant sur des bidons de pesticides. Mais de la chambre d’agriculture aux revendeurs, on nous disait qu’il n’y avait rien à craindre. »

 

« Pesticide homicide en Gironde »

 

On peut relire : « Phyto-victimes et média-victimes – Arsenic et grosses ficelles »

 

 

Beaucoup de pesticides sont d'une dangerosité, à un stade ou un autre (ouvrir le bidon, verser le produit dans la cuve du pulvérisateur, épandre, nettoyer le pulvérisateur...), similaire à celle de certains produits d'entretien ménagers. Si l'on devait appliquer les règles de sécurité du phytosanitaire à la sphère domestique, il faudrait sans nul doute une tenue de cosmonaute par ménage, une mise sous clé de nombreux produits dans les points de vente, et un « certi-déterge ». Selon ce site, 15.000 enfants sont intoxiqués par des produits chaque année.

 

 

Les agriculteurs sont en meilleure santé que la moyenne de la population

 

Nous avons publié trois pièces dans « Encore une baliverne démontée par Agriculture&Environnement : "La France est le plus gros consommateur de pesticides en Europe" ».

 

Rappelons que la cohorte AGRICAN se compose de 180.000 personnes suivies.

 

 

 

 

Le monde agricole face aux cancers

 

Il est maintenant admis que les chefs d’exploitation des pays industrialisés ont globalement une meilleure espérance de vie que la population générale.

 

Ils sont en effet en meilleur état de santé, en grande partie parce qu’ils fument moins que la population générale.

 

Les données d’AGRICAN montrent un tabagisme plus fréquent chez les salariés agricoles que chez les chefs d’exploitation. Cependant, l’écart de tabagisme se réduit entre les agriculteurs* les plus jeunes et la population générale (cf. bulletin d’information d’AGRICAN n°1).

 

Au fil du temps, l’espérance de vie des agriculteurs pourrait donc se rapprocher de celle de la population générale.

 

Des études menées dans d’autres pays ont montré que certains cancers sont plus fréquents en milieu agricole. Il s’agit des cancers du sang comme les leucémies, les lymphomes..., les cancers de la peau, de la prostate (voir page 19) sans que l’on sache encore à quels facteurs attribuer ces excès.

 

ENQUÊTE AGRICAN – AGRICULTURE & CANCER, novembre 2014

 

Les maladies d'aujourd'hui... les expositions du siècle dernier

 

Les agriculteurs sont exposés à nombre d'agents, dont certains sont préoccupants (poussières et particules fines, carburants et gaz d'échappement, pathogènes du cheptel, moisissures dans les fourrages...). Tous ne manipulent pas des pesticides, et ceux qui le font ont des expositions très différentes.

 

Mais il est deux caractéristiques importantes : d'une part, il n'y a pas de différence flagrante entre les diverses catégories d'agriculteurs. D'autre part, les cancers et autres maladies survenant avec l'âge atteignent, le cas échéant, des individus qui ont manipulé des pesticides pendant plusieurs décennies. Des pesticides bien plus préoccupants que ceux qui sont (encore) autorisés aujourd'hui, et ce, dans des conditions de sécurité bien moindres.

 

Source

 

Illustrons le progrès : le « documentaire » montre un agriculteur dans la cabine étanche d'un tracteur... Même l'intervieweuse a osé y prendre place, sans craindre le pesticide épandu...

 

 

C'est un homicide, on vous dit...

 

Effleurant de sa main la vigne, Valérie se remémore les images de son père mélangeant avec son bras les pesticides dans la cuve de la sulfateuse. « Il épandait torse nu sur son tracteur sans cabine, sans gants et sans masques. » Comme des milliers de viticulteurs de 1958 à 2000, James Murat épandra des pesticides contenants de l’arsenic pour traiter ses vignes. « C’était écrit là, devant notre nez, lâche, amère, Monique Murat, en désignant une tête de mort figurant sur des bidons de pesticides. Mais de la chambre d’agriculture aux revendeurs, on nous disait qu’il n’y avait rien à craindre. »

 

« Pesticide homicide en Gironde »

 

On peut relire : « Phyto-victimes et média-victimes – Arsenic et grosses ficelles »

 

 

 

Commentaire (23:50) : « ...il a pu augmenter sa surface de production à 45 hectares grâce aux produits phytosanitaires... » C'est d'une bêtise rare.

Commentaire (23:50) : « ...il a pu augmenter sa surface de production à 45 hectares grâce aux produits phytosanitaires... » C'est d'une bêtise rare.

Les riverains subissent des nuisances... et surtout un matraquage militant

 

Les riverains subissent des nuisances, que ce soit régulièrement ou sporadiquement, et que ce soit dans le cadre d'une activité agricole respectueuse des bonnes pratiques et de la courtoisie du bon voisinage ou de situations qui posent question : les viticulteurs ont bien raison de questionner les décisions administratives quand celles-ci reviennent à installer une école au milieu des vignes, ou encore à renâcler quand ils sont importunés par quelqu'un qui a construit au milieu des vignes.

 

Ne parlons pas de tolérance : une partie de la néoruralité est intolérante par principe, réfractaire aux « désagréments » de la campagne... les cloches la nuit, le coq le matin, les odeurs, les mouches... Est-ce suffisant pour imputer la survenue d'une maladie – chez des riverains moins exposés que les agriculteurs – aux pesticides ?

 

C'est oui pour l'activisme anti-pesticides. Jamais à court d'idées, ils ont imaginé de monter un site où les « victimes » témoigneraient. Ce recueil d'anecdotes prend une valeur scientifique, mais pas dans le sens voulu par ses initiateurs : il démontre, d'une part, que le nombre de « témoignages » cohérents est très faible et, d'autre part, qu'un grand nombre d'entre eux sont le fruit de l'activisme – en langage usuel, ils sont « téléphonés ».

 

N'est-il pas curieux, en effet, que la plus grande densité de « témoignages » se trouve dans les Charentes et en Gironde, précisément là où le « documentaire » a été tourné et où se déploie un intense activisme anti-pesticides ?

 

On peut relire avec intérêt : « Générations Futures : toujours plus loin dans la démesure ».

 

La carte des « victimes des pesticides » telle qu'elle s'établissait en avril 2016. Elle n'a guère évolué... On fait un coupo médiatique... et on passe à autre chose.

 

 

Le défi de l'interprétation des statistiques

 

Oui, mais il y a Preignac ? « Documentaire », à partir de 40:30 :

 

« En août 2015, l'Agence Régionale de la Santé, l'ARS, publie un rapport. Elle découvre après deux ans de recherches que le taux de cancers pédiatriques à Preignac est six fois supérieur à la moyenne nationale : quatre cancers recensés chez les enfants du village entre 1999 et 2012, alors que l'ARS en attendait 0,8. Dans la conclusion de son rapport, l'Agence parle d'un excès modéré. « Si l’excès de cancer reste modéré, la contribution des pesticides au risque cancer ne peut donc être exclue". Un excès pourtant pas assez significatif pour que l'État réagisse. Depuis cette étude, l'ARS refuse de communiquer... »

 

On a là quelques ingrédients de la mauvaise foi. En bref, exagération (4 = 0,8 x 5, pas 0,8 x 6) ; citation sélective ; recours au sempiternel « ...ne peut pas être exclue », systématiquement interprété comme une présomption de cause, sinon une preuve ; théorie du complot avec un État inactif.

 

 

 

 

Les conclusions du rapport de l'ARS occultées par le « documentaire »

 

Les premières données sanitaires constituant le signal suggèrent-elles la probabilité d’un excès de cas ?

 

En ce qui concerne la commune de Preignac, on n’observe pas de réel excès de cas d’hémopathie maligne (2 cas observés pour 0,5 attendu) ni de tumeur cérébrale (1 cas observé pour 0,2 attendu). Si l’on prend en compte l’ensemble des cancers de l’enfant, il semble y avoir un excès relativement faible au cours des 14 dernières années (4 cas observés pour 0,8 attendu), confirmant la perception initiale du maire de la commune. En outre, 3 cas d’hémopathie maligne et de tumeurs cérébrales, potentiellement liés à une exposition aux pesticides, sont survenus contre 0, 5 attendu.

 

Si l’on prend en compte l’ensemble de la zone de Preignac et les 9 autres communes limitrophes, caractérisées également par une forte activité viticole et pouvant inclure des enfants scolarisés sur Preignac, on ne retrouve pas d’excès de cas pour les tumeurs cérébrales au cours des 14 dernières années. Un léger excès de cas d’hémopathies malignes est retrouvé par rapport à ce qui est attendu (5 cas observés pour 3,8 cas attendus) ainsi que pour tous les cancers confondus (8 cas observés pour 5,7 attendus) sur la période des 14 dernières années. On observe également 6 cas d’hémopathies malignes et tumeurs cérébrales contre 3,6 attendus au cours des 14 dernières années.

 

Si l’on ne peut écarter l’absence d’excès de cas de cancer sur Preignac ou sa zone, celui-ci reste faible et ne concerne pas un type de cancer spécifique. Les méthodes épidémiologiques ne permettent pas de savoir si cet excès est lié à une fluctuation aléatoire des maladies (pouvant être compensée par un déficit dans les années à venir) ou si cet excès est véritablement lié à un facteur de risque environnemental commun. En outre, on constate que dès que l’on agrandit la zone d’étude aux autres communes limitrophes, l’excès de risque est moindre.

 

La réalité est toute autre. Elle se compare avec un phénomène bien connu du public et bien interprété, lui : les séries d'accidents d'avion ou de train. Des événements se trouvent concentrés à un moment donné dans le temps, ou à un endroit donné dans l'espace ? Cela ne suffit pas à écarter la nature aléatoire, fortuite, de l'agrégat.

 

Il suffit d'un petit effort de réflexion : si les pesticides devaient être en cause à Preignac, il devrait y avoir bien d'autres Preignac dans les régions viticoles. On peut aussi écouter ici, M. Patrick Rolland, de l'Institut de Veille Sanitaire d'Aquitaine.

 

 

 

 

 « On ne peut pas conclure à un lien entre les cancers qui sont survenus sur cette commune et l'exposition de pesticides. »

 

Patrick Rolland de l'Institut de veille sanitaire d'Aquitaine

Pour qui roule France 5 ?

 

La petite galaxie Générations Futures n'aurait pas pu rêver d'un meilleur « reportage » de promotion de ses activités et de son activisme dans les vignobles du Bordelais et des Charentes.

 

On peut revenir ici sur l'allégation d' « omerta » et Preignac : pourquoi ne pas avoir évoqué dans le « documentaire » la réunion d'information qui s'est tenue le 16 septembre 2015 à la mairie de Preignac, en présence du Sous-préfet, de l'Agence Régionale de Santé, de l'Institut de Veille Sanitaire, les parents de l'école et les viticulteurs y ayant également été conviés ?

 

Filmer la réunion de Langon, du 14 janvier 2016 – organisdée par la « branche girondine de l’association nationale Générations Futures, qui milite contre les pesticides, [et qui] est très active », et pas celle de Preignac qui a vu la participation du représentant de l'État et des hautes autorités sanitaires régionales, n'est-ce pas de l'omerta ?

 

Consacrer onze longues minutes à une des « [d]eux militantes locales de l’association Générations Futures qui sensibilise et informe sur les pesticides se battent aussi pour faire reconnaître leurs proches comme victimes de l’industrie chimique », sans mise en perspective ne relève pas du documentaire.

 

S'il n'y avait que le parti pris...

 

Dans un communiqué de presse publié le 9 septembre 2016 – trois jours après la diffusion de « Pesticides, le poison de la terre » – l'association Phyto-Victimes – une succursale de Générations Futures – annonçait le lancement d'une opération de « financement participatif pour les professionnels victimes des pesticides ». Le site de Citizencase est trop bien conçu pour avoir été monté en trois jours. On peut donc exclure le hasard ou concours de circonstance. Restent l'opportunisme ; et la planification avec connivence voire plus.

 

La page ? Avec ses insoutenables « témoignages »... insoutenables parce que, encore une fois, il est dans la plupart des cas impossible de faire un lien de cause à effet entre une maladie et la cause alléguée.

 

Et insoutenable par l'abus de la manne publique : donnez 100 € – pour un combat de nature privée déguisé en cause publique – et cela ne vous reviendra qu'à 34 € après la déduction fiscale.

 

 

Un mauvais service rendu aux agriculteurs

 

L'objectif de Phyto-Victimes est-il d'assister des victimes – des vraies – ou de mener un combat contre les pesticides et les entreprises qui les produisent (rappelons qu'une des figure emblématique du mouvement continue à utiliser des pesticides sur son exploitation et que personne n'a mis en cause les fabricants de pulvérisateurs). L'entrée en matière, discrète, est éloquente : c'est :

 

« Contre Firmes (Monsanto), organismes de sécurité sociale, assurances, État »

 

Comme nous l'avons vu ci-dessus, la déclaration en maladie professionnelle se présume lorsque les conditions réglementaires sont remplies :

 

« La victime n’a pas à apporter la preuve qu’il existe un lien causal entre son travail et sa maladie. »

 

En s'attaquant – en responsabilité – aux firmes et à État, l'activisme place la barre de l'onus probandi à un niveau bien plus élevé, dans la plupart des cas inatteignable.

 

Ce n'est pas un service rendu aux agriculteurs.

 

 

Et si on faisait preuve de bon sens ?

 

Lors de la réunion d'information de Preignac que les producteurs du « documentaire » n'ont pas daigné couvrir, un élu de l'opposition (qui fut aux commandes quand l'affaire avait été lancée) a déclaré :

 

« On doit agir en adulte et des démarches me semblent intéressantes à mener. Il faudrait pouvoir se mettre autour d’une table avec les viticulteurs et les gens qui vivent près des vignes pour réfléchir ensemble et déterminer les zones sensibles sur la commune. On pourrait alors appliquer une charte de bonne utilisation, car il faut arriver à trouver quelque chose pour que tout le monde retrouve sa place dans la commune ».

 

Faudra-t-il saisir, une fois de plus, le CSA pour faire passer le message à France Télévisions ? Ou faut-il commencer par le début et organiser un cours sur « le documentaire pour les nuls » ?

 
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Toi, un procès en diffamation va te faire du bien.
Répondre
I
je vois que cela ne s'arrange pas votre addiction aux pesticides.... et vos références sont très limitées ( forumphyto , agriculture et environnement de votre pote Gil Rivière-Wekstein ) . sites connus pour leur propagande pro pesticides, pro ogm , pro tout ce qui rapporte de l'argent aux multinationales.. J'imagine que lesdites firmes paient bien pour passer tout ce temps à écrire votre diatribe . L'addiction aux pesticides à ce stade , pas sûr que cela se soigne..... signé IPPES
Répondre
V
Plus l'ARS, plus l'IVS Aquitaine, plus la MSA/INSERM (Agrican), plus France Bleu, plus Rue89, plus Le Républicain, etc.
Y
IPPES et Charles<br /> comme d'habitude, pas d'arguments alors on passe au dénigrement des personnes qui ne valident pas vos croyances. <br /> Triste et fatiguant les anti on "ne sait plus quoi".
C
Il me semble que les sources en question ne sont pas particulièrement tendres envers l'agriculture bio et toute la mythologie associée, qui pourtant rapportent annuellement quelques milliards à des multinationales. Il faut croire que celles-ci paient moins bien... Vous-même, vous touchez combien par intervention? Ou c'est forfaitaire?