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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Glané sur la toile (28) : Que Choisir dénonce le Saladegate

1 Octobre 2015 , Rédigé par Seppi Publié dans #Pesticides, #Générations futures

Glané sur la toile (28) : Que Choisir dénonce le Saladegate

 

Glané sur la toile (28) : Que Choisir dénonce le Saladegate

C'est intitulé : « Pesticides dans les salades – Générations futures noircit le tableau », et c'est ici [1].

Voilà un article tel qu'on aimerait en voir plus souvent. Car défendre les consommateurs, ce n'est pas abonder dans les discours anxiogènes, mais les dénoncer. Et la dénonciation, en l'occurrence, est posée et percutante. C'est écrit en gras dans le texte :

« En résumé, Générations futures assume le rôle d’organisme de promotion d’une filière. »

La filière, c'est évidemment le « bio ». Si nous utilisons ici le vocable « saladegate », ce n'est pas dans le sens que certains médias ont voulu lui donner, à savoir un scandale de salades bourrées de pesticides ; c'est dans le sens d'une dénonciation d'un scandale de manipulation médiatique.

Conclusion de Que Choisir :

 

« Sauf à assimiler la promotion du bio à la lutte du Bien contre le Mal, représenté en l’occurrence par le conventionnel, on peut parler de dénigrement exagéré. L’agriculture biologique est une démarche exigeante et fort intéressante, qui séduit de plus en plus d’agriculteurs. Elle jouit d’un capital sympathie indéniable auprès des consommateurs, malgré des prix relativement élevés. A-t-elle vraiment besoin des raccourcis de l’étude de Générations futures pour marquer encore des points ? »

 

On peut suspecter l'auteur de croire que le capital sympathie est naturellement acquis par le « bio », et ce, puisqu'il pense que ce n'est pas la peine d'en rajouter. Et si, justement, l'essentiel de ce capital provenait, au moins en France, du dénigrement du « conventionnel », d'un dénigrement que la filière doit entretenir ?

 

Poussons l'argument : la grande vogue, c'est le « local », souvent conjugué au « bio » même si ce n'est pas une obligation. Le local, c'est sans les intermédiaires. Or qui, n'étant pas précisément « local », soutient GF ?

 

L'article de Que Choisir fait une escapade au Canada [2] :

 

« En janvier 2014, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a publié une étude montrant que la moitié des fruits et légumes bio commercialisés dans le pays contenaient des traces de produits phytosanitaires. »

 

C'est un peu court.

 

D'un côté, c'est faire un mauvais procès aux produits « bio » car des traces sont... des traces (quand ce sont vraiment des traces). Que Choisir a du reste fait l'effort de pédagogie pour nos salades :

 

« Avant d’envisager un trafic de produits phytosanitaires chez les maraîchers, ce qui serait grave, on peut penser que le vent a transporté un peu de produits d’un champ à l’autre, sans que les bourrasques distinguent d’ailleurs entre cultures bio et conventionnelles ! »

 

Ce qui nous ramène du reste à notre analyse précédente et à cette fameuse déclaration sur FranceTVInfo [3].

 

De l'autre, l'ACIA a aussi trouvé que 1,8 % des aliments « bio » contenaient tellement de pesticides qu'ils dépassaient les normes permises pour des aliments, biologiques ou non. Par ailleurs, 8 % des aliments « bio » testés par les inspecteurs canadiens avaient des taux de pesticides si élevés qu'ils laissaient supposer un usage délibéré de ces produits. Ces deux données nous semblent plus pertinentes.

 

La situation européenne est meilleure pour le « bio », et même pour le « conventionnel », pour lequel on n'a relevé que 1,5 % de dépassements flagrants de limite maximale de résidus [4] (0,8 % en « bio »).

 

Mais cela n'empêche pas de se poser une question : combien de productions « bio » confrontées à un problème phytosanitaire sont-elles traitées pour sauver la récolte dans des conditions acrobatiques, en particulier au regard des DAR (délais avant récolte), et vendues soit en « bio », soit en « conventionnel » ? En France ? Dans les pays fournisseurs de la France ? Étendons la question à l'« agroécologie » chère à nos politiques. On veut réduire les risques (très faibles) liés à l'utilisation de produits phytosanitaires en préventif, on augmente mécaniquement les risques liés à des traitements curatifs de sauvetage. N'est-il pas ?

 

Soyons rationnels : les risques sont très faibles, dans un scénario comme dans l'autre ; et nous appuyons sans réserve la gestion raisonnée. Mais quand on a affaire à des gens irrationnels – même et surtout dans les hautes sphères gouvernementales – il importe de les mettre face à leur irrationalité et de leur demander comment ils/elles arbitrent entre les risques, si tant est que la question leur importe.

Glané sur la toile (28) : Que Choisir dénonce le Saladegate

Les articles de Radio Canada signalent aussi que les problèmes observés se rapportent essentiellement à l'emploi de fongicides prohibés. Rien que de très logique : l'agriculture biologique dispose de moyens agronomiques et mécaniques (y compris la pince d'Adam, souvent, du reste, d'Ève) pour lutter contre les mauvaises herbes (désolé, M. Joël Labbé, « adventices » fait trop snob...) et d'insecticides « naturels », de ceux qui « flinguent tout », qui sont préoccupants pour la santé humaine (tels les dérivés du neem, un perturbateur endocrinien) ou qui sont anodins sous la forme de la toxine de Bacillus thuringiensis mais deviennent magiquement maléfiques dès lors que la toxine est produite par un OGM. Le grand vide, ce sont les fongicides, le soufre et les bouillies cupriques (du reste nocives pour l'environnement) ne pouvant pas tout. L'idéologie du « bio » a choisi : plutôt risquer les redoutables mycotoxines (bah ! Elles sont « naturelles »...) que les fongicides de synthèse... sauf... quand on fait une entorse à l'idéologie.

Résidus de pesticides ou mycotoxines ? That's a good question for Que Choisir...

________________

[1] http://www.quechoisir.org/alimentation/actualite-pesticides-dans-les-salades-generations-futures-noircit-le-tableau

[2] http://ici.radio-canada.ca/regions/manitoba/2014/01/08/001-aliments-bio-contamines-pesticides-analyse-acia-fruits-legumes.shtml

http://ici.radio-canada.ca/regions/manitoba/2014/01/10/001-niveaux-pesticies-usage-intentionnel-produits-biologiques.shtml

[3] http://seppi.over-blog.com/2015/09/les-scandales-du-saladegate.html

[4] http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/150312

On rappellera une fois de plus que ce communiqué de presse est une insulte à la bonne foi.

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