Le manège de la « semaine pour les alternatives aux pesticides » a commencé

22 Mars 2024 Publié dans #Activisme, #Pesticides, #Générations futures

Le manège de la « semaine pour les alternatives aux pesticides » a commencé

Cette 19^e édition de ce qui fut « la semaine sans pesticides » nous semble plutôt tristounette, sauf dans quelques « points chauds », dont les Pyrénées-Orientales, et fait dans la promotion de l'agriculture biologique – et biodynamique – largement représentée dans les « partenaires ».

La « semaine » – d'onze jours – « pour les alternatives aux pesticides » a débuté le 20 mars 2024 pour sa 19^e édition.

Anciennement, c'était la « semaine sans pesticides » – un libellé maintenu pour l'URL sur la toile. Mais il a fallu avouer que l'agriculture dite « biologique » utilise aussi des « pesticides » (et pas qu'un peu dans certaines production), et les organisateurs et bénéficiaires de la manœuvre se sont repliés sur une dénomination allongée. On attend la nouvelle excroissance : « de synthèse »...

Essoufflement et lassitude

C'est, sauf erreur, sans tambours ni trompettes dans les médias nationaux. Et une recherche sur la toile avec notre moteur favori ne crache pas beaucoup de résultats s'agissant de la presse locale.

À y regarder de plus près, il y a une sorte de fatigue, tant du côté des organisateurs que, en partie en conséquence, des médias. Et, côté cibles, une fatigue ou peut-être une prise de conscience de la vanité de l'opération et de l'illusion d'un monde sans produits de protection des plantes – voir aussi, à ce propos, la chute de popularité du bio.

La peur panique des pesticides n'est peut-être plus tendance, même si d'aucuns tentent de l'entretenir.

Des événements ?

Selon le dossier de presse, il y aurait eu déjà plus de 400 événements inscrits à la date de son établissement. La carte est très parlante : il y a de grandes zones blanches, en particulier dans des zones occupées par les grandes cultures comme le Nord de la France et l'Île-de-France, mais il reste encore des points chauds de l'activisme.

Et cet activisme n'est pas forcément anti-pesticides lorsqu'on consulte le détail des manifestations prévues. C'est par exemple la projection d'un film, pas forcément lié à l'activisme anti-pesticides, ou « Le groupe local d'Alsace Nature propose une balade printanière entre Kienheim et Gougenheim, avec découverte d'un maraîcher biologique et d'un potager en permaculture. »

Selon le communiqué de presse :

« Les relais de Générations Futures, ainsi que les partenaires de la Semaine pour les alternatives aux Pesticides proposent tout au long de la Semaine des centaines d'activités en plein air.

Des randonnées pour découvrir la richesse de notre biodiversité, des rencontres entre consommateurs et producteurs biologiques, des échanges de graines dans les marchés, des projections et des ciné-débats qui feront découvrir des facettes du monde de l'agriculture bio respectueuse de l'environnement. »

Une occasion de se faire de la pub

Le commercial pur et dur côtoie le commercial plus subtil.

À Fribourg, en Suisse, c'est par exemple une « Dégustation et rencontre avec deux producteurs de Bio26, la coopérative des producteur.trice.s à Fribourg Brasserie des Molettes (bières) et Semeurs de saveurs Bio26, le local local ».

Et ceci pour les événements en ligne :

« Un webinaire gratuit d'une heure sur la santé commune "One Health" : terre, plantes, animaux et humains selon l'approche de la biodynamie. »

Et aussi :

« Se déroulera aussi le 25 mars un webinaire de présentation de l'Atlas des pesticides organisé par La Fabrique Ecologique en commun avec la Fondation Heinrich Böll. Une discussion autour du contexte, des actualités, de la santé (thème de la SPAP) et des alternatives. »

La « biodynamie »... ce charlatanisme adossé à l'anthoposophie dont nous dirons ici qu'elle est surveillée de près par la Miviludes...

La Fondation Heinrich-Böll, l'instrument d'influence et de lobbying du groupe des Verts allemands financé par le gouvernement...

Les « partenaires »

Cela nous amène aux partenaires. On se surprend à découvrir le MABD (la biodynamie) comme premier logo... Il y a aussi, mais sans surprise, les entreprises et association qui profitent de la pesticidophobie ou en font commerce, ainsi que des « coucous ». Agronomes et Vétérinaires sans Frontières embarqués dans cette aventure ? Quelle misère !

Le « bingo de la bio »

Compte tenu de cet attelage disparate de partenaires, avec une forte représentation de la filière de l'agriculture biologique, il n'est pas étonnant de trouver une activité « nationale » : le « bingo de la bio ». Mais admettons que cette dénomination est peut-être liée à la rime... Oh ! Oh !

Il est présenté comme un « un nouveau temps fort pour la semaine pour les alternatives aux pesticides (SPAP) », avec une alléchante invitation :

« Amoureux de la nature, défenseurs de l’environnement, aventuriers éco-responsables, préparez vous à vivre une expérience unique au coeurs de la biodiversité et des alternatives aux pesticides avec le tout nouveau Bingo de la BIO. »

Pour cet appel du pied à consommer « bio », le « jeu » consiste à exécuter une des activités présentées dans les neuf cases, par exemple « lire un des articles de Générations Futures sur la santé » (uniquement sur la santé...) et à « valider la case ».

Il y a aussi une « roue de la bio », une série de questions dont certaines sont vraiment ardues. Mais il n'y a pas les réponses... Par exemple à « Est-il possible d’avoir recours à des pesticides en agriculture biologique ? »...

On s'active dans les P.-O.

Un des points chauds de cette « semaine » (ou « décade ») est les Pyrénées-Orientales.

Dans le programme... M. Marc Dufumier et MM. Gilles- Éric Séralini et Jérôme Douzelet...