Les arachides, une culture d'avenir en Allemagne : cet agriculteur fait ses premières expériences
Frank Friedrich et Karl Bockholt, AGRARHEUTE*
© Frank Friedrich
M. Dominik Spegel essaie des cultures d'avenir qui sont rentables en raison du changement climatique. Les arachides en font partie. Il acquiert ainsi sa propre expérience de culture.
Le changement climatique exige des cultures d'avenir qui résistent mieux aux sécheresses. Les cacahuètes en font partie. L'agriculteur souabe Dominik Spegel les teste et fait ainsi œuvre de pionnier. Toutefois, de très nombreuses questions restent en suspens en ce qui concerne la culture, la récolte et le traitement.
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© Frank Friedrich
Les arachides peuvent bien être semées grâce à la technologie locale, mais les machines manquent pour la récolte.
M. Dominik Spegel a un visage inquiet. « L'avancée du changement climatique est également un casse-tête pour notre exploitation », explique le jeune homme de 35 ans. « Nous ne pouvons tout simplement plus maintenir nos rendements pour de nombreuses cultures. Nous avons besoin de nouvelles cultures », poursuit le chef d'exploitation agricole. Il est intéressé par des solutions pratiques. « En cherchant des cultures d'avenir, je suis tombé sur les arachides », dit-il et son regard s'éclaire sensiblement.
Un reportage télévisé sur les « futures crops » de l'Institut Bavarois de l'Agriculture (LfL) a attiré son attention sur cette légumineuse passionnante. Le protéagineux est assez frugal et résiste très bien aux périodes de sécheresse. Selon la devise « nicht gewartet, schnell gestartet » (pas attendu, vite lancé), le Souabe a commencé la culture expérimentale en 2022. « Rien qu'en raison du changement climatique, je dois acquérir de l'expérience avec de nouvelles cultures pour mon exploitation », explique l'agriculteur, en faisant référence à ses noisettes qu'il cultive également depuis un certain temps.
« Maintenant, il y a donc encore plus de fruits à coque », rapporte M. Spegel. Au début, il a semé les graines d'arachides dans une phase chaude, début mai. « Le sol doit avoir une température d'au moins 18 °C », explique l'agriculteur. Mais cela ne protège pas des risques sous nos latitudes. « Une nuit froide a complètement détruit la jeune culture. J'ai donc dû procéder à un nouveau semis. »
Pas encore de variétés adaptées pour les agriculteurs en Allemagne
Il a semé avec un semoir monograine du commerce à un écartement de 50 cm entre les rangs. « Ainsi, j'ai pu effectuer le désherbage à la bineuse. » La culture précédente était une céréale. Pour le travail du sol, il a utilisé dans son exploitation Demeter la charrue pour obtenir un lit de semences propre.
Le champ a été ensemencé avec des semences d'Ouzbékistan. M. Spegel se les est procurées sur Internet auprès d'un commerçant autrichien. « Les semences d'Amérique ou d'Afrique ne s'accommodent définitivement pas de la longueur de la lumière du jour dans notre pays », explique le cultivateur d'arachides.
« Je place les graines à 3 ou 4 cm de profondeur. Dans la littérature, on recommande 7 à 8 cm », explique le chef d'exploitation, « mais à mon avis, cela retarde trop la levée dans notre pays ». Comme densité de population, il a semé 10 plants/m2. « En 2023, j'ai semé pour la première fois sous un film de paillage décomposable afin de mieux répondre aux exigences de température de l'arachide. »
L'agriculteur fait ainsi constamment évoluer la méthode de culture de ses peanuts. Même si l'année dernière, il n'y a pas eu de problèmes de gel, de nouvelles difficultés sont apparues. « Les lièvres, notamment, ont beaucoup apprécié les plants d'arachides », explique M. Dominik Spegel.
Il fait toutefois aussi de bonnes expériences. Les arachides réagissent positivement à un bon approvisionnement en calcium du site. « Le sol ne doit pas être encroûté ou avoir tendance à retenir l'eau », explique M. Spegel. « Notre site est bien adapté. Mais ce n'est qu'année après année que j'apprendrai à mieux connaître les exigences précises de la légumineuse. »
Cette année, il souhaite inoculer les semences d'arachide avec des Rhizobiums à titre d'essai. Il veut également tester pour la première fois la culture sur buttes. En effet, après la floraison, la tige portant la gousse s'enfonce dans le sol et forme sous terre les gousses contenant les petites graines. « Le fait que les tiges repiquent dans le sol est plutôt inhabituel pour moi et pour les agriculteurs d'Europe centrale. »
Il en va de même pour les techniques de récolte. Dans les pays producteurs typiques, comme les États-Unis, des procédés entièrement mécanisés sont possibles. « Chez nous, la technique de récolte nécessaire pour les arachides n'est pas encore présente. » M. Spegel fixe la date de récolte au mois d'octobre. Il arrache ses arachides avec une arracheuse à bras oscillant utilisée pour la culture des pommes de terre. « Ensuite, elles doivent être ramassées manuellement et mises dans de grandes caisses. Cela demande beaucoup de travail manuel. »
M. Dominik Spegel fait sécher les gousses humides des arachides dans une installation de biogaz voisine. « On est encore loin de savoir dans quelle mesure tout cela est rentable », explique le Souabe. Jusqu'à présent, il ne s'est pas occupé de l'écoulement. « Les arachides sont encore un hobby pour notre exploitation. » Néanmoins, il voit une perspective dans l'extension de la culture. « Mais pour cela, il faut encore beaucoup de travail de sélection. »
C'est pourquoi, pour l'instant, seuls la famille et les amis profitent de ces délicieuses friandises. « Ils les apprécient », dit M. Dominik Spegel. « Les arachides sont en tout cas une source de protéines végétales intéressante pour les végétariens. Mais la culture locale et les connaissances en la matière peuvent encore être plus que développées. »
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* Source : Erdnüsse als Zukunftskultur: Dieser Landwirt sammelt erste Erfahrungen | agrarheute.com
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