Reconnaître l'importance du glyphosate en tant qu'outil de soutien à la santé des sols dans l'UE

Reconnaître l'importance du glyphosate en tant qu'outil de soutien à la santé des sols dans l'UE

Knud Bay-Smidt, Réseau Mondial d'Agriculteurs*

Je suis libre d'utiliser l'un des meilleurs outils de protection des sols pour une autre décennie.

C'est un soulagement, car jusqu'à présent, le sort du glyphosate était incertain dans l'Union Européenne. Il y avait même une chance qu'il soit interdit, ce qui aurait porté un coup dévastateur aux agriculteurs qui, comme moi, tentent d'améliorer la santé des sols et luttent pour gagner leur vie en tant que producteurs durables de denrées alimentaires.

Au lieu de cela, la Commission Européenne a choisi de suivre la science. Le mois dernier [en novembre 2024], elle a renouvelé son approbation du glyphosate. Cette approbation prolongée est assortie de nouvelles restrictions concernant l'utilisation de l'herbicide, mais rien que nous ne puissions accepter.

Je suis heureux de dire que le représentant de mon pays, Magnus Heunicke, ministre danois de l'Environnement, a voté en faveur de la prolongation. Il a respecté les souhaits de notre Parlement ainsi que les faits scientifiques.

Dans le monde entier, les organismes de réglementation ont confirmé l'innocuité du glyphosate. Il s'agit notamment de l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments, de l'Agence Européenne des Produits Chimiques et, aux États-Unis, de l'Agence de Protection de l'Environnement.

Je suis personnellement persuadé que le glyphosate ne constitue pas une menace pour la santé humaine. Si je n'étais pas convaincu de cette vérité, je ne m'y exposerais pas et je n'y exposerais pas ma famille. Mes petits-enfants visitent notre ferme et jouent dans nos champs, et je ne ferais jamais rien pour leur nuire.

Pourtant, plusieurs des plus grands pays de l'UE n'ont pas soutenu la prolongation de dix ans. Il s'agit notamment de la France, de l'Allemagne et de l'Italie. Ils ont choisi d'ignorer les données scientifiques et de faire de la politique. Ces idéologues s'appuient toujours sur la même évaluation ancienne et discréditée d'une organisation qui a classé l'agriculture comme aussi dangereuse que le fait d'être coiffeur ou de boire une tasse de café chaud.

La Commission a vu clair dans ces fanfaronnades et a fait le bon choix.

Et maintenant, je peux continuer à faire le bon choix pour les terres de ma ferme.

Le glyphosate est un élément indispensable de notre approche de l'agriculture sans labour (de semis direct). Notre objectif est d'améliorer le sol en y ajoutant des matières organiques et de le maintenir en bonne santé en l'exposant le moins possible à des perturbations.

Voici comment cela fonctionne. Lorsque nous récoltons en août, nous laissons derrière nous les résidus des cultures que nous venons de produire. Ces résidus recouvrent nos champs comme une couverture, protégeant ce qui se trouve en dessous.

Nous semons également une culture de couverture composée de diverses espèces qui pousse tout au long de l'automne. La culture de couverture protège contre l'érosion. Elle élimine également le carbone de l'atmosphère et l'introduit dans le sol. C'est une bonne chose pour le changement climatique, qui est alimenté par le dioxyde de carbone. C'est également bon pour la productivité de mon exploitation, car l'augmentation de la matière organique du sol est le résultat de l'apport accru de carbone, ce qui améliore la capacité de nos cultures commerciales à retenir les éléments nutritifs disponibles. Cette année, ces cultures étaient le blé, l'orge, l'avoine et le colza.

Le mélange de résidus et de cultures de couverture améliore la biodiversité en surface et en sous-sol. En surface, les oiseaux qui passent l'hiver chez nous et d'autres espèces sauvages trouvent un abri et de la nourriture. Dans le sol, des microbes sains se développent et enrichissent le sol.

Cependant, lorsque nous commençons à semer au printemps, nous devons enlever la culture de couverture et le glyphosate nous permet de le faire sans labourer le sol. Aucun autre herbicide ne peut accomplir cette tâche.

Sans le glyphosate, nous devrions revenir en arrière et réintroduire la pratique traditionnelle du travail du sol intensif. Nous utiliserions une charrue à versoirs pour retourner le sol. Cela tuerait les plantes de couverture, mais aurait des effets secondaires néfastes, tels que la libération de l'humidité et l'atteinte à la biodiversité. Elle provoquerait également un écoulement de nutriments dans les cours d'eau.

Le glyphosate est une solution simple, sûre et scientifique qui nous permet de tirer pleinement parti des technologies du XXI^e siècle.

Nous devons avoir accès à ces outils parce que la pression est telle aujourd'hui qu'il faut produire plus de nourriture sur moins de terres et de manière durable.

C'est difficile, surtout au cours d'une année comme 2023, où nous avons subi la pire récolte de notre histoire. La météo n'a pas coopéré dès le départ, un printemps froid et humide ayant tout retardé. Puis l'été est devenu sec et chaud. En juillet, les choses ont encore changé : nous sommes passés de conditions de sécheresse à de fortes précipitations. Il en est résulté un faible rendement. À cela se sont ajoutés la hausse des coûts des intrants tels que les engrais et la chute des prix des denrées de base. Nous avons eu la chance de pouvoir vendre la moitié de nos récoltes à l'avance à un prix acceptable.

L'absence de glyphosate aurait aggravé cette mauvaise année. Nous aurions réduit nos cultures, nous aurions consacré plus de temps et d'argent à la lutte contre les mauvaises herbes et nous aurions endommagé notre sol en le labourant.

Chaque année a ses incertitudes, et nous ne savons pas ce que 2024 nous réserve. Toutefois, face aux défis économiques et environnementaux, il est bon de savoir que le glyphosate sera disponible en tant qu'outil essentiel pour améliorer la santé des sols dans les années 2030.

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* Knud Bay-Smidt

* Knud a grandi dans une ferme familiale de quatrième génération. Après l'université, il a démarré sa propre ferme en 1987. Il s'agit d'une ferme sans bétail, basée sur un système sans labour (no-till). Il cultive du blé, de l'orge, de l'avoine et du colza. De 1990 à 2010, il a acheté et exporté des machines agricoles dans 12 pays d'Europe, d'Afrique, d'Asie du Sud et du Sud-Est et du Moyen-Orient. Aujourd'hui, il est agent commercial indépendant pour les machines No-Till. Actuellement, il étudie également l'impact de l'agriculture sur l'environnement proche dans une école de sciences appliquées.

Source : Recognizing the Importance of Glyphosate as a Tool Supporting Soil Health in the EU – Global Farmer Network