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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Les prix du lait bio chutent, chutent en Allemagne - trop de lait bio et crise d'achat

18 Octobre 2023 Publié dans #Agriculture biologique

Les prix du lait bio chutent, chutent en Allemagne - trop de lait bio et crise d'achat

 

Olaf Zinke, AGRARHEUTE*

 

© stock.adobe.com/LIK Studio

« Actuellement, les prix du lait bio s'éloignent de plus en plus de ce dont les exploitations ont besoin pour couvrir leurs coûts de production », déclarent les présidents des deux fédérations Bioland et Naturland, Jan Plagge et Hubert Heigl, dans une déclaration commune.

 

 

Les prix du lait bio à la production chutent de mois en mois. Il y a plusieurs raisons à cela. Trop de lait bio et des prix en baisse dans le commerce de détail. En moyenne, ils ont baissé de 1 à 1,5 centime chaque mois depuis le début de l'année. Les prix ne couvrent plus les coûts depuis longtemps.

 

 

© Olaf Zinke

Les prix du lait bio sont passés de 62,8 centimes d'euro par kg en janvier à 55 centimes d'euro en juillet – et l'association bio Bioland calcule un prix du lait bio de 54 centimes d'euro pour août – dans une fourchette de 47 à 60 centimes d'euro.

 

 

Les raisons de cette baisse de prix sont les mêmes que pour le lait conventionnel : d'une part, il y avait et il y a toujours trop de lait sur le marché – en tout cas par rapport à la demande actuelle. D'autre part, la nette baisse des prix du lait bio dans le commerce de détail fait également pression sur les prix à la production.

 

Ainsi, on peut actuellement acheter du lait bio chez les discompteurs ou les grands distributeurs pour 1,00 euro à 1,25 euro le litre, sans que ce lait soit en promotion. Certaines marques connues de lait conventionnel sont nettement plus chères. Ce n'est que pour le lait de marque des associations bio que les consommateurs continuent de payer jusqu'à 1,70 euro le litre – s'ils le souhaitent.

 

Bien entendu, cette évolution se répercute également sur les prix à la production du lait bio. Ceux-ci sont passés de 62,8 centimes d'euro par kg en janvier à 55 centimes d'euro en juillet. Et l'association bio Bioland calcule pour août un prix du lait bio de 54 centimes – dans une fourchette de 47 à 60 centimes.

 

Mais pour la plupart des agriculteurs bio, cela ne suffit pas à couvrir les coûts. Les deux associations Bioland et Naturland arrivent à un prix du lait bio couvrant entièrement les coûts de 67 centimes par kilogramme de lait cru.

 

 

Trop de lait bio sur le marché – pour maintenir le prix

 

« Les prix du lait bio s'éloignent actuellement de plus en plus de ce dont les exploitations ont besoin pour couvrir leurs coûts de production. Il est de la responsabilité des partenaires tout au long de la chaîne de création de valeur de veiller ici à la stabilité nécessaire des prix », déclarent les présidents des deux fédérations Bioland et Naturland, Jan Plagge et Hubert Heigl, dans une prise de position commune.

 

Cette exigence est toutefois difficile à mettre en œuvre lorsque la quantité de lait reste si importante et que les ventes dans le commerce de détail ne semblent pouvoir être augmentées que par une baisse des prix. Dernièrement – c'est-à-dire en juillet – la quantité de lait bio livrée en Allemagne était supérieure de 4,7 % à celle de l'année précédente. La Bavière, le plus grand Land producteur de lait bio, a produit 3,4 % de lait bio en plus et la Basse-Saxe a même enregistré une hausse de 11,8 %.

 

Parallèlement, les observateurs du marché affirment que le chiffre d'affaires du commerce de détail est plutôt en baisse pour les produits bio, qui sont comparativement chers – et reste stable pour les produits bio moins chers des distributeurs. Il n'est donc pas étonnant que les prix soient sous pression – même si l'écart avec le lait conventionnel s'est à nouveau creusé.

 

De janvier à juillet, la chute a été de 16 centimes d'euro pour atteindre 40 centimes d'euro par kg. En août, les prix pourraient même être passés sous la barre des 40 centimes. Mais une stabilisation se dessine pour le lait conventionnel. D'une part, la quantité de lait a nettement diminué ces derniers temps et n'était plus que légèrement supérieure à celle de l'année précédente en août. D'autre part, les prix de vente semblent se stabiliser dans le pays et à l'étranger.

 

 

Les coûts peuvent-ils déterminer le prix ?

 

Pour se débarrasser des « surplus » de lait bio, les fédérations bio doivent trouver de nouveaux débouchés – c'est-à-dire coopérer encore plus avec les grands détaillants. Mais cela signifie en même temps que les prix peuvent être soumis à une pression encore plus forte, car si le lait bio est vendu à 1,25 euro chez Aldi, on ne peut pas non plus payer aux agriculteurs des prix aussi élevées que si le lait coûtait 1,75 euro en magasin.

 

De plus, le marché pour le segment à prix élevé est justement limité – d'autant plus en période de forte inflation et de nette augmentation des prix de presque tous les produits alimentaires.

 

« Les discompteurs ont tout à gagner à redorer leur blason en abordant des thèmes tels que la conscience écologique, la durabilité, la régionalité, le bien-être des animaux. Je pense que ces partenariats stratégiques ne sont souvent pas tout à fait volontaires, car les laiteries bio ont actuellement un problème d'offre excédentaire qu'elles doivent mettre sur le marché », explique M. Nikos Förster du Landesbetrieb du Land de Hesse à tageschau.de.

 

M. Jan Plagge, le président de Bioland, trouve néanmoins que les coopérations avec les discompteurs sont judicieuses. Il travaille depuis sept ans avec Lidl. M. Plagge pense que « les coûts de production sont en effet fixés par nos directives, par les normes en matière d'élevage, de culture, de biodiversité. Cela définit les coûts ». C'est pourquoi, selon lui, le message de l'association à Lidl a été dès le début : « Vous devez payer des prix équitables et suffisants aux producteurs, sinon nous ne pourrons pas vous fournir. »

 

Mais la question est de savoir si, au final, ce sont vraiment les coûts qui déterminent le prix – jusqu'à présent, cela n'a en tout cas pas fonctionné sur beaucoup de marchés.

 

_______________

 

Olaf Zinke travaille pour AGRARHEUTE en tant que rédacteur cross-média pour les opérations et les marchés. Il analyse les marchés agricoles et des produits de base nationaux et internationaux depuis trois décennies et a travaillé à ce titre pour diverses institutions.

 

Source : Biomilchpreise fallen und fallen – zu viel Biomilch und Kaufkrise | agrarheute.com

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