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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Projet d'interdiction des produits phytosanitaires : pas de danger pour la sécurité alimentaire ?

1 Juillet 2023 Publié dans #Union Européenne, #Politique, #Pesticides, #Alimentation

Projet d'interdiction des produits phytosanitaires : pas de danger pour la sécurité alimentaire ?

 

Josef Koch, BLW*, et Karl Bockholt, AGRARHEUTE**

 

 

© Mühlhausen/landpixel

Sans protection phytosanitaire, par exemple pour les pommes de terre, un approvisionnement indépendant et respectueux du climat en produits locaux n'est pas possible. Les plans d'interdiction générale de Bruxelles entraînent des pertes de récolte massives, délocalisent la production à l'étranger et affaiblissent les agriculteurs locaux, selon les personnes concernées. Selon une analyse d'impact révisée, les effets les plus importants sont attendus pour les cultures qui « jouent un rôle relativement faible en matière de sécurité alimentaires humaine et animale », affirment en revanche les fonctionnaires européens. Ils citent par exemple les raisins, le houblon et les tomates.

 

 

La nouvelle étude d'impact sur l'utilisation durable des produits phytosanitaires (SUR – sustainable use regulation) de la Commission Européenne réserve de véritables surprises. En Allemagne, les personnes concernées se défendent avec la campagne « Protéger les plantes, assurer l'avenir ».

 

 

Les ministres européens de l'Agriculture et le secteur agricole espéraient certainement un autre résultat. Mais les premiers détails de l'évaluation d'impact corrigée de la Commission Européenne ont désormais filtré. Elle devait mieux montrer les conséquences d'une baisse de l'utilisation des produits phytosanitaires dans l'UE.

 

Mais voici le résultat surprenant : la production d'une quantité suffisante de denrées alimentaires n'est pas menacée par le projet de règlement sur l'utilisation durable des produits phytosanitaires (SUR – sustainable use regulation). C'est la conclusion à laquelle parvient la Commission Européenne dans son projet non encore public d'évaluation d'impact du SUR actualisée, rapporte le service d'information Agra-Europe.

 

En décembre dernier, les ministres européens de l'Agriculture avaient déjà demandé à l'autorité bruxelloise d'actualiser son étude d'impact sur le SUR, présentée en mai 2021. Les conséquences de la guerre en Ukraine devaient également être prises en compte.

 

 

Seule la viticulture pourrait subir des pertes de rendement importantes

 

La proposition de la Commission relative au SUR prévoit en substance une réduction de moitié des quantités de produits phytosanitaires chimiques utilisées et une diminution des substances actives particulièrement dangereuses. Selon l'analyse d'impact révisée, les effets les plus importants sont attendus dans les cultures qui « jouent un rôle relativement faible en matière de sécurité alimentaire humaine et animale ». Sont notamment mentionnés :

 

  • le raisin,

  • le houblon et

  • les tomates.

 

Dans cette mesure, de nombreux viticulteurs devraient voir leurs inquiétudes confirmées quant aux conséquences du SUR.

 

 

Organiser soi-même l'utilisation de produits phytosanitaires chimiques

 

Les auteurs de l'étude bibliographique réalisée par des fonctionnaires de la Commission font toutefois remarquer que les agriculteurs et les États membres ont la possibilité d'organiser la réduction de l'utilisation de produits phytosanitaires chimiques de manière à ce que celle-ci n'ait « que peu ou pas d'impact » sur la sécurité alimentaire.

 

Par cette remarque, Bruxelles s'oppose une fois de plus au malentendu dominant selon lequel chaque exploitation devrait, selon le principe de la tondeuse à gazon, économiser au moins 50 pour cent de l'utilisation de produits phytosanitaires.

 

 

Les fonctionnaires de la Commission critiquent les études menées jusqu'à présent

 

Les fonctionnaires de la Commission constatent en outre que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a entraîné à court terme une augmentation des traitements phytosanitaires mécaniques, bien que les prix des produits phytosanitaires n'aient pas augmenté. Les conséquences de cette réduction de l'utilisation de produits sur les rendements ont été « relativement faibles » pour les principales cultures, selon la Commission Européenne. Parallèlement, les marchés agricoles auraient réagi à la légère réduction de l'offre.

 

D'autres études, comme celle de la Fachhochschule Südwestfalen commandée par l'Union des Agriculteurs Allemands (DBV), arrivent en revanche à un tout autre résultat. Elles démontrent des conséquences drastiques allant jusqu'à l'abandon de nombreuses exploitations par manque de rentabilité.

 

 

Critique des études menées jusqu'à présent sur la réduction des produits phytosanitaires

 

Parallèlement, les fonctionnaires de la Commission Européenne critiquent les études menées jusqu'à présent. Selon eux, la majorité des études existantes se basent dans leurs scénarios sur une réduction « immédiate » de moitié des quantités utilisées – c'est-à-dire sur un scénario du pire. Une approche plus stratégique et spécifique à la culture ainsi qu'une démarche progressive vers un objectif de réduction de 50 pour cent devraient toutefois, selon les estimations de l'autorité européenne, entraîner des pertes de rendement beaucoup moins importantes qu'une réduction immédiate.

 

 

La campagne « Protéger les plantes, assurer l'avenir » veut aller à contre-courant

 

L'interdiction prévue des produits phytosanitaires est « une manière de jouer avec le feu », déclare M. Max von Elverfeldt. Le président fédéral des entreprises familiales agricoles et forestières (FABLF) met en garde contre des pertes de récolte massives. Avec la nouvelle campagne « Protéger les plantes, assurer l'avenir », il attire l'attention sur le fait que les chefs d'exploitation des zones sensibles devront mettre la clé sous la porte à cause du règlement SUR. En Allemagne, environ 31 pour cent de la surface cultivée serait concernée.

 

« Sans protection phytosanitaire, on récolterait par exemple 80 pour cent de moins d'asperges ou 39 pour cent de moins de colza. La diversité des cultures serait perdue. Les produits locaux se raréfieraient et deviendraient donc plus chers. Au final, ce sont les consommateurs qui paieront la note », explique M. von Elverfeldt, qui cultive entre autres des pommes de terre et des betteraves dans la région du Rhin inférieur.

 

« Si la proposition de l'UE devient réalité, nous finirons par importer des aliments de pays qui produisent selon d'autres normes ». Et de poursuivre : « Si nous ne pouvons plus protéger les plantes, c'est tout notre approvisionnement qui est malade ». La politique devrait écouter les agriculteurs dont l'objectif premier est de préserver les sols et la nature pour les générations futures.

 

Avec du matériel de AgE, FABLF

 

_______________

 

Chef de la rubrique politique agricole. Josef Koch travaille comme rédacteur pour la politique agricole, le courrier des lecteurs et l'Autriche au Bayerisches Landwirtschaftliches Wochenblatt.

 

** Karl Bockholt est rédacteur cross-média chez AGRARHEUTE, responsable des grandes cultures et des prairies. Il travaille depuis plus de 30 ans au Deutscher Landwirtschaftsverlag (dlv), après avoir travaillé pour Feld & Wald (Girardet) et agrar-praxis (Konradin). Agriculteur et ingénieur diplômé, il gère sa ferme dans le Münsterland en tant qu'activité secondaire. Il est cavalier, chasseur et amoureux de la nature.

 

Source : Geplantes Pflanzenschutzverbot: Keine Gefahr für sichere Ernährung? | agrarheute.com

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