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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Testbiotech : comment entretenir le fonds de commerce anti-OGM

26 Juin 2022 Publié dans #Activisme, #Article scientifique

Testbiotech : comment entretenir le fonds de commerce anti-OGM

 

 

(Source)

 

 

L'écoféministe Vandana Shiva – qui arbore un énorme bindi, signifiant en principe le statut de femme mariée – a évidemment répercuté ce gazouillis de Testbiotech, une petite boutique munichoise d'une demi-douzaine de personnes, avec une antenne de lobbying (oups ! de plaidoyer) à Bruxelles, au budget déclaré de 420.000 euros (dont 90.000 issus du Ministère Fédéral Allemand de l'Environnement...) et dont la figure de proue est Christoph Then :

 

« Les plantes génétiquement modifiées échouent dans les champs : un soja OGM résistant au glyphosate et produisant des insecticides favorise la propagation des nuisibles, selon une récente publication scientifique. »

 

Qu'écrit Testbiotech ?

 

En sous-titre : « Les "avantages" des plantes génétiquement modifiées complètement inversés. »

 

Diantre !

 

« 3 juin 2022 / Dans une publication récente, des scientifiques d'Argentine et du Brésil montrent comment la propagation de la chenille légionnaire noire (Spodoptera cosmioides) est favorisée par la culture de plantes de soja transgéniques. La légionnaire noire est la larve d'un papillon et est considérée comme un insecte nuisible. Le soja transgénique "Intacta", initialement produit par Monsanto, est résistant au glyphosate et produit une protéine insecticide. La combinaison de ces caractéristiques contribue à la propagation des larves qui peuvent ensuite causer des dommages importants dans les champs.

 

Ce problème est dû à des interactions inattendues : les mauvaises herbes se répandent dans les champs où l'on cultive du soja transgénique parce qu'elles sont devenues résistantes à l'herbicide glyphosate. Ces plantes adventices constituent une excellente source de nourriture pour les larves. En outre, les larves se nourrissent du soja transgénique, bien que les plantes produisent un insecticide. La toxine n'est pas efficace sur les larves et semble en fait augmenter leur vitalité, peut-être en raison d'un "stress positif", comme l'expliquent les auteurs. Par conséquent, les larves deviennent plus grosses et le nombre de descendants des papillons est plus élevé. Tant le soja insecticide que les mauvaises herbes favorisées par la culture du soja résistant aux herbicides semblent contribuer à cet effet.

 

[...]

 

Un aspect nouveau de l'étude actuelle est le rôle des mauvaises herbes résistantes aux herbicides dans la propagation des insectes nuisibles. Les résultats peuvent aider à comprendre les interactions entre le soja génétiquement modifié et son environnement qui n'ont pas été prises en compte dans l'évaluation des risques. Dans ce contexte, Testbiotech demande de donner plus de poids au principe de précaution. Les plantes génétiquement modifiées devraient faire l'objet d'une évaluation technologique complète, y compris un examen détaillé de leurs prétendus avantages. »

 

L'étude en question – dont Testbiotech a tout de même fourni le lien (ce n'est pas le cas pour d'autres études évoquées dans l'articulet) – est « The role of genetically engineered soybean and Amaranthus weeds on biological and reproductive parameters of Spodoptera cosmioides (Lepidoptera: Noctuidae» (le rôle du soja génétiquement modifié et des mauvaises herbes Amaranthus sur les paramètres biologiques et reproductifs de Spodoptera cosmioides (Lepidoptera : Noctuidae)) de Paula G Páez Jerez et al. (texte complet ici).

 

En voici le résumé :

 

« CONTEXTE

 

Dans les champs de soja contenant des variétés génétiquement modifiées résistantes à des insecticides et des herbicides, certaines espèces de mauvaises herbes sont devenues de plus en plus difficiles à gérer et peuvent favoriser la croissance des populations de ravageurs secondaires comme Spodoptera cosmioides (Walker) (Lepidoptera : Noctuidae). Pour tester cette hypothèse, nous avons mesuré les traits d'histoire de vie, les paramètres de croissance de la population et la teneur en nutriments des adultes de S. cosmioides élevés sur le feuillage de quatre espèces d'Amaranthus, sur des variétés de soja Cry1Ac Bt et non Bt, et sur un régime artificiel méridique.

 

RÉSULTATS

 

Les larves élevées sur A. palmeri et A. spinosus avaient un temps de développement plus court (5-7 jours) que les larves élevées sur les variétés de soja et A. hybridus. La probabilité de survie des légionnaires était nulle sur A. viridis et la plus élevée (80 % et 71 %) sur le soja et A. palmeri. Cette dernière et le régime artificiel ont produit les larves et les pupes les plus lourdes, contrairement à la variété de soja non Bt. La teneur en nutriments corporels divergeait surtout pour les adultes élevés avec le régime artificiel par rapport à ceux élevés avec les variétés de soja. Le taux intrinsèque d'augmentation de la population (fitness global) était 27,88 % plus élevé pour les légionnaires sur A. palmeri, le soja Cry1Ac Bt et le régime artificiel par rapport à ceux sur le soja non Bt, A. spinosus et A. hybridus.

 

CONCLUSIONS

 

Les champs de soja Cry1Ac infestés par certaines mauvaises herbes Amaranthus, en particulier A. palmeri, sont propices [are conducive] à la croissance de la population de S. cosmioides. Des programmes de lutte intégrée peuvent être nécessaires pour gérer correctement S. cosmioides dans les champs de soja, avec une surveillance des pics de population et des mesures de contrôle judicieuses si nécessaire. © 2022 Société de l'industrie chimique.

 

Et voici la conclusion, quelque peu différente de l'article :

 

« En résumé, la recherche montre que l'agroécosystème du soja infesté par des mauvaises herbes Amaranthus résistantes à des herbicides pourrait fournir [may supply] un scénario approprié pour l'augmentation de la population de S. cosmioides. Dans un contexte de lutte intégrée, des stratégies alternatives seront nécessaires pour contrôler les insectes et les mauvaises herbes lorsque des foyers apparaissent dans le système de soja Bt Cry1Ac, notamment en surveillant les pics de population et en appliquant correctement des insecticides si nécessaire. »

 

Nous pourrions nous lancer dans une analyse plus détaillée de cette recherche de laboratoire, laquelle aboutit à des conclusions plutôt audacieuses, mais au conditionnel, légèrement (ironie) amplifiées dans le résumé, tout en étant accompagnées d'une recommandation pour éviter la menace.

 

Il suffit en fait de constater que la gesticulation de Testbiotech est hors de proportion par rapport à ces conclusions.

 

« Les "avantages" des plantes génétiquement modifiées complètement inversés » ? C'est une blague.

 

Et faire droit à sa revendication – des évaluations encore plus poussées pour tenir compte de ce genre de situation – revient à rendre l'homologation des OGM impossible. Mais n'est-ce pas, là, l'objectif – soutenu implicitement par le généreux financement du ministère de l'environnement allemand – de la boutique ?

 

 

 

 

 

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H
Et là, les melons n'étaient pourtant pas OGM ! https://www.midilibre.fr/2022/06/26/des-agriculteurs-face-aux-corbeaux-qui-pillent-les-champs-de-melons-10396962.php Les agriculteurs bio découvrent, malheureusement que la nature n'est ni bonne ni mauvaise, elle n'a pas d'âme et les êtres vivants qui la composent poursuivent tous le même objectif, survivre et se reproduire à tout prix et aux dépens de tous les autres, sans aucune espèce d'état d'âme.
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