Pour les rats de Paris... Paris Animaux Zoopolis avec le soutien bénévole de France Bleu Paris
Nous pestons souvent contre l'incurie journalistique, une nouvelle forme d'incivilité qui consiste à publier n'importe quoi, pourvu que cela meuble les pages ou le site Web, attire le chaland et abonde la trésorerie ; ou qui, pire, consiste à produire des publireportages déguisés. Et il arrive que, les bornes étant franchies, l'« information » devient vraiment intéressante.
C'est le cas de « Un rassemblement à Paris pour dénoncer "l'empoisonnement des rats" » publié par France Bleu Paris le 5 février 2020.
C'est sous la signature de Mme Margot Delpierre, dont l'aire géographique d'activité est le Nord de la France. Cet article serait-il un coup de pouce militant ?
« ...rassemblement... » ? On imagine... Mais non ! C'est : « Une vingtaine de manifestants étaient réunis, mercredi près du Centre Pompidou à Paris, en faveur de la condition animale. » Avec quatre photos à l'appui – oups ! Trois, l'une d'elle est en double – on nous montre neuf personnes et demie alignées devant le Centre Georges Pompidou.
Les rats sont donc élevés à la fonction d'« agent de propreté de la ville de Paris », au « service tri des déchets ». Et ces gens réclament la nomination d'« un.e adjoint.e à la condition animale ».
Ces gens, c'est Paris Animaux Zoopolis, une association dont la transparence n'est pas la vertu (strictement aucune information sur leur site) mais qui peut encaisser des dons défiscalisés.
En furetant, on trouve que l'association a été co-fondée par un professeur de droit et la gérante d'une boutique de petits plaisirs veggies, et que le nom de domaine a été enregistré en août 2017. Et qu'elle semble disposer de moyens importants puisqu'elle peut organisé des campagne d'affichage dans le métro (voir aussi ici). Bien sûr, elle surfe sur des thèmes « vendeurs », notamment les animaux de cirque.
On apprend par ailleurs que PAZ a participé « [d]epuis le début des travaux ministériels initiés par le Ministre François de Rugy » sur les cirques et les animaux (voir aussi ici, ainsi que, pour la pêche au vif, ici ) et pour un article de Libération https://www.liberation.fr/france/2019/03/11/une-association-reclame-l-interdiction-de-la-peche-au-vif-en-france_1713839). Fanfaronnade ou réalité ?
Et ils ont un programme pour les élections municipales.
Un programme qui inclut l'arrêt de l'« empoisonnement des rats à Paris ». Le site de l'association reproduit les engagements des candidats – évidemment ceux qui se sont engagés – Pour les têtes de liste en piste pour la fonction suprême, il y a M. David Belliard, Mme Danielle Simonnet et M. Vikash Dhorasso, sur toutes les propositions, et M. Cédric Villani, sur toutes sauf l'empoisonnement des rats.
Dans l'un des articles (d'avril 2018), on peut lire une position sur la question des rats :
« Nous allons aussi lancer d'autres campagnes dans les mois à venir, dont une sur le massacre des rats. La Ville de Paris empoisonne massivement les rongeurs, qui souffrent d'hémorragie interne pendant des jours. Nous demandons l'utilisation de contraceptifs à la place, même si nous savons que c'est très compliqué.
Il faudrait aussi mener une étude scientifique sur le véritable nombre de rongeurs à Paris. Ils ne sont pas forcément plus nombreux, ils remontent peut-être davantage à la surface qu'avant. On ne demande pas aux Parisiens de vivre avec les rats, on dit simplement qu'on ne connaît rien sur eux, alors qu'on agit avec une méthode ultra-répressive et violente. Il y a un gros travail pédagogique à faire pour éradiquer cette peur irrationnelle. »
Est-ce le discours de façade ?
(Source)
Dans un de leurs textes, ils écrivent : « Ce que nous proposons : cohabiter intelligemment avec les rats ».
C'est une belle phrase à laquelle nous pouvons souscrire : dans la mesure où nous ne pouvons pas les éradiquer – et sans entrer dans la question de savoirsi cela serait souhaitabke – il faut bien cohabiter. Mais derrière cette phrase, il y a aussi une rhétorique fort dérangeante.
Dans le Parisien, un lecteur a commenté :
« Est-ce qu'un jour, les médias arrêteront de relayer les avis de ces associations ultra-minoritaires et sans aucun bon sens. Chacun a le droit de penser ce qu'il veut mais il n'a pas le droit de vouloir imposer aux autres cette pensées. Les médias relaient malheureusement cette intolérance. »