Farm Babe : ne jugez pas une ferme à sa couverture médiatique
Michelle Miller, AGDAILY*
Photo Pixabay
Agriculteurs, avez-vous déjà essayé de parler à quelqu'un de l'élevage et vous êtes-vous heurtés à un mur, à un refus d'écouter ce que vous avez à dire ? Les chances sont que nous avons tous fait cette expérience à un moment ou à un autre.
À mon avis, il y a une chose sur laquelle tout le monde peut s'entendre : que l'on choisisse ou non de manger de la viande, nous voulons tous nous assurer que les animaux ont été élevés avec attention et respect. Je pense que, travaillant dans cette filière, vous constatez que c’est une affirmation plutôt vraie. Même si les fermes sont plus grandes aujourd'hui qu'elles ne l'étaient, nos valeurs en tant qu'agriculteurs n'ont pas changé. Supposer que les animaux sont « maltraités » dans les conditions abominables d'une « ferme industrielle », c'est comme demander à un concessionnaire automobile s'il raye les voitures qu'il a en stock. Nous ne sommes pas des vandales. Nos profits dépendent du bien-être des animaux. Leur santé est notre gagne-pain !
Certaines organisations aiment peindre une très mauvaise image de notre filière, et c’est triste. Nous travaillons dur et avons pour objectif de fournir un produit sûr et sain, que nous mangeons nous-mêmes, à partir d'animaux que nous élevons avec fierté. Bien sûr, il y a de temps en temps une pomme pourrie dans une cagette (comme partout ailleurs), mais en tant que professionnels de la filière, nous ne voulons certainement pas voir cela se produire ! Nous espérons que si quelqu'un est cruel envers les animaux, il sera puni de manière appropriée. Ce n'est ni acceptable, ni la norme de la filière. Mais si cela se produit, pourquoi la caméra continue-t-elle de filmer ? Comment obtiennent-ils ces prises de caméra « cachées » comme ça ? Pourquoi cette grange a-t-elle l'air si sinistre ? Et que dire de l'accompagnement musical triste ? Le but de ces organisations est de vous toucher au coeur juste avant de vous demander un don et de vous dire de devenir végétalien. Il y a beaucoup d’argent derrière ces organisations (HSUS, PETA, etc.) dont l’objectif est la libération totale des animaux, animaux de compagnie inclus. Et ils ne reculeront devant rien pour faire peur, collecter des fonds, inciter à devenir végétalien.
Bien sûr, il n’y a rien de mal à choisir de ne pas manger de viande, mais ne nous l'imposez pas ! Un cochon a 185 débouchés, allant des énergies renouvelables au ciment en passant par la peinture, le béton, les valves cardiaques, les reliures de livres, etc. Les animaux font tellement plus que nous nourrir ; nous utilisons tous des sous-produits animaux tous les jours et ne le savons probablement même pas. Mon ami Wes élève des millions de poulets chaque année pour Perdue, et il le dit le mieux : voyons comment transformer une situation ordinaire en quelque chose qui ressemble à de la torture :
« Chaque jour, des millions d’êtres humains sont réveillés par des appareils électroniques au son strident, des heures avant le lever du soleil. Combattant la lassitude provoquée par trop peu de sommeil, ils se traînent pour recevoir 8 à 16 onces d'un stimulant liquide qui est un cancérigène connu. Ces beaux humains entrent ensuite dans des dispositifs métalliques fermés, risquant leur vie en parcourant un ruban noir régi par des règles consignées dans un livre de 499 pages, à une vitesse de 5.500 pieds par minute. Ils sont entassés dans des ascenseurs, incapables de bouger, et se précipitent dans des box où ils sont forcés d'accomplir des tâches qui ne les enthousiasment pas… tout cela alors que leurs enfants leur sont arrachés et pris en charge, de force, par des inconnus qu'ils connaissent à peine. Après neuf heures de torture, avec seulement un petit répit pour consommer un repas riche en calories et pauvre en nutriments, ils entrent à nouveau dans l'appareil de la mort en métal… et sont forcés de subir ce mode de vie tous les jours. »
Cela semble horrible ? Super – maintenant, faites-moi un don, donnez-moi tout votre argent ! (Ha ! Ha !)
Soyons clairs. Revenons à un point et à un accord précédents : personne ne veut voir les animaux souffrir. Le but de cet article n’est pas de glorifier les images de « fermes industrielles » mais plutôt d'encourager la pensée critique, d'obtenir un deuxième avis, d'examiner la source de l'information et d'être sceptique. Quatre-vingt-dix-sept pour cent des fermes sont familiales et je pense que vous constaterez en interagissant avec des agriculteurs, des vétérinaires, des inspecteurs de la viande, etc. que l'on accorde plus d'attention et d'amour aux animaux que vous ne le pensez peut-être. La technologie a joué un rôle majeur dans la capacité de protéger et de soigner plus d'animaux de manière plus efficace, alors que la population humaine continue de croître. Les agriculteurs ne représentent plus que 2 % de la population de l'Amérique du Nord. Pourtant, nous sommes obligés de nourrir tout le monde tout en maintenant les prix abordables. Il existe des systèmes d'alimentation informatisés, des environnements climatisés, des caméras de surveillance, des pédiluves, des grattoirs pour le dos, des coussins, une protection contre les prédateurs et les intempéries. Certaines poules peuvent même pondre dans le sable ! Considérez ces faits la prochaine fois que vous verrez quelque chose de « cruel » – vous pouvez demander aux agriculteurs ou aller visiter ces endroits par vous-même ! Ne jugez pas une ferme par sa couverture médiatique ; vous serez peut-être agréablement surpris une fois que vous regardez à l'intérieur.
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* Michelle Miller, Farm Babe (@thefarmbabe, www.facebook.com/IowaFarmBabe) est une agricultrice, conférencière et auteure de l'Iowa. Elle vit et travaille avec son compagnon dans une ferme qui comprend des cultures, des bovins et des moutons. Elle pense que l'éducation est essentielle pour réduire l'écart entre les agriculteurs et les consommateurs.
Source : https://www.agdaily.com/livestock/farm-babe-dont-judge-farm-cover/