Aliments et norovirus inside !

Aliments et norovirus inside !

Albert Amgar*

Régulièrement norovirus, un des virus de la gastro-entérite aiguë (GEA), fait parler de lui en saison hivernale, mais pas que, et le nombre d’aliments contaminés et les éclosions à norovirus s’allongent de façon litanique, chaque année …

En France, selon cette étude de l’InVS, parmi l’ensemble des agents pathogènes les plus fréquents transmis à l’homme par l’alimentation,

« Les norovirus apparaissent responsables du plus grand nombre de cas (517 593 cas, soit 34% du nombre total de cas d’origine alimentaire) ; ils sont au 3e rang en nombre d’hospitalisations (3 447 hospitalisations, 20% du nombre total d’hospitalisations pour infection d’origine alimentaire) et au 7e en nombre de décès (8 cas décédés, 3% du nombre total de cas décédés d’origine alimentaire).

(…) »

Pour les norovirus, une transmission alimentaire est possible, notamment via les aliments qui peuvent être contaminés soit directement (coquillages), soit lors de leur manipulation sans précautions d’hygiène par une personne infectée. Au vu des estimations pour cet agent pathogène, il faut continuer à sensibiliser le personnel de cuisine sur le risque fécal-oral et sur le respect des bonnes pratiques d’hygiène lors de la manipulation des aliments. Au niveau familial, les règles d’hygiène doivent être respectées scrupuleusement en cas de présence d’un malade au sein du foyer 

Récemment, j’avais souligné dans un article (fin février) la présence élevée de rappels en France et de notifications au RASFF de l’UE concernant des coquillages de France pour cause de présence de norovirus. En actualisant les données au 1er avril, j’indiquais qu’il y avait eu 25 notifications au RASFF de l’UE concernant des coquillages dont 19 ayant pour origine norovirus. Ces données actualisées au 13 avril donnent 31 notifications au RASFF concernant des coquillages dont 25 ayant pour origine norovirus… le phénomène s’amplifie donc mois après mois…

S’agit-il comme le suspecte l'EFSA (rapporté ici, à propos de l'enquête de l'EFSA sur le changement climatique et la sécurité alimentaire) :

« Les problèmes identifiés par l'EFSA à ce jour sont les suivants : […] Contamination accrue des eaux côtières par norovirus [...] »

et/ou d’autres causes bien connues comme les rejets d’origine humaine ? Voir aussi ce rapport du Centre Européen de Prévention et de Contrôle des Maladies (ECDC).

Dans une note d’appui scientifique et technique de l’Anses relatif à l’étude européenne de prévalence de norovirus dans les huîtres, il est rapporté :

« En 2016, l’EFSA a défini les spécifications techniques du protocole pour l’étude européenne sur la contamination des huîtres en norovirus (EFSA, 2016). Les objectifs de cette étude sont d’apporter des éléments au gestionnaire de risque permettant d’évaluer la contamination par les norovirus dans le milieu et dans les lots d’huîtres destinés à la consommation humaine. De tels éléments devraient permettre au gestionnaire d’évaluer les possibilités et les conséquences du choix de différents seuils microbiologiques basés sur des résultats exprimés en génomes de norovirus. »

Effectivement, on ne connaît pas en France la prévalence de norovirus dans les huîtres… cette étude, quand elle sera publiée, sera très utile…

Santé Publique de France a publié le 11 avril 2018 son bulletin épidémiologique gastro-entérite aiguë, semaine 14. Saison 2017-2018, dans lequel il existe une « Activité épidémique pour les régions Nouvelle Aquitaine, Pays de la Loire, Occitanie, Ile-de-France, Normandie, Hauts-de-France, et Bretagne ».

S’agissant de la surveillance des cas groupés de gastro-entérites aiguës à partir des données du Centre national de référence des virus des gastro-entérites, depuis le 1er octobre 2017 des échantillons pour 174 foyers de GEA, survenus majoritairement en maison de retraite (72 %), un norovirus a été identifié dans 68 % des foyers.

Comme on le voit norovirus est bien présent notre pays…

Par ailleurs, une information récente du site CIDRAP News nous sensibilise sur certaines particularités de norovirus au travers « Des éclosions multiples à norovirus en 2017 au Japon liées à des algues séchées ».

Un produit d'algues séchées et découpées, appelé nori, a rendu 2.094 Japonais malades à cause de norovirus en 2017, selon une étude publiée hier [le 12 avril 2018] dans Emerging Infectious Diseases. Les éclosions démontrent que les aliments déshydratés sont capables de propager nororvirus, écrivent les auteurs.

Sept éclosions à norovirus ont eu lieu dans des régions rurales du Japon en janvier et février de l'année dernière. Dans toutes les éclosions, les responsables ont détecté le norovirus GII.P17-GII.17 dans des prélèvements de selles de patients. Les éclosions étaient liées à des déjeuners scolaires, des boîtes à bento (ou gamelles) et dans des bureaux, où les aliments étaient servis avec du nori. Du riz et des salades étaient garnis de petites quantités de nori.

« Dans ces éclosions liées au nori, la traçabilité du produit nori impliqué a révélé que l'infectiosité de norovirus est restée présente pendant plus de 2 mois à température ambiante dans des conditions sèches », ont indiqué les auteurs. « Cependant, le pourcentage de personnes présentant des symptômes gastro-intestinaux a progressivement diminué à partir de la date de production de nori, suggérant une diminution de l'infectiosité de norovirus au fil du temps dans des conditions sèches. »

NB : La photo provient du site de Marie-Claire à propos de l’article, Le nori : une algue bonne pour la santé.

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* Albert Amgar a été pendant 21 ans le dirigeant d'une entreprise de services aux entreprises alimentaires ; il n'exerce plus aujourd'hui, car retraité. Au travers de son blog il nous a livré des informations dans le domaine de l’hygiène et de la sécurité des aliments. Désormais, je l'accueille avec plaisir.