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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

A propos des rappels de produits alimentaires aux États-Unis mais aussi en France

26 Avril 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #Albert Amgar, #Alimentation, #Santé publique

A propos des rappels de produits alimentaires aux États-Unis mais aussi en France

 

Albert Amgar*

 

 

« Avec de meilleures analyses, des lois plus strictes, plus d'aliments s'ajouteraient à plus de rappels aux États-Unis », source Food Safety News du 25 avril 2018.

 

Il me semble que ce qui est décrit ci-après pourrait s’appliquer en France, à vous de voir...

 

L’Economic Research Service (ERS) du ministère de l'agriculture des États-Unis (USDA) a publié un rapport sur ce qu'on pourrait appeler l'ère des « rappels redevenus sauvages ».

 

Dans un rapport de 31 pages intitulé « Trends in Food Recalls, 2004-13 » ou Tendances à propos des rappels d'aliments, 2004-2013, les chercheurs ont analysé des données de la Food and Drug Administration et du Food Safety and Inspection Service (FSIS) de l'USDA.

 

Les faits révèlent une augmentation de près de 125 % du nombre moyen de rappels d'aliments lorsqu'on compare les données de 2004-2013. Le nombre annuel moyen de rappels d'aliments de 2004 à 2008 était de 304. De 2009 à 2013, le nombre annuel moyen de rappels d'aliments était de 676.

 

« Alors qu'une augmentation du volume des aliments vendus aux États-Unis au cours de cette décennie explique en partie cette augmentation statistiquement significative, d'autres facteurs sont également susceptibles de jouer », écrit l'auteur du rapport, Elina Tselepidakis Page.

 

« Par exemple, la technologie sur les pathogènes et la détection des risques a considérablement augmenté, et le Congrès a adopté deux lois majeures sur la réglementation alimentaire, le Food Allergen Labeling and Consumer Protection Act (FALCPA) and le FDA Food Safety Modernization Act (FSMA). »

 

Au total, 4.900 rappels ont eu lieu au cours de la décennie, dont 86,8 % étaient des rappels de la FDA et 13,2 % relevaient de la compétence du FSIS.

Le rapport de l’ERS indique que trois événements aberrants survenus en 2009 et 2010 ont également provoqué des pics dans les données. Le plus important a impliqué 400 rappels séparés liés à une épidémie à Salmonella à l'échelle nationale associée à la défunte société, Peanut Corporation of America.

 

Toujours en 2009, il y a eu plus de 100 rappels distincts de produits de pistaches contaminés par Salmonella.

 

Enfin, un an plus tard, il y a eu environ 80 rappels de mélanges d'épices, de soupes, de sauces, de sauces et de vinaigrettes à base de protéines végétales hydrolysées contaminées par Salmonella.

 

En ordre décroissant, les 10 principales catégories d'aliments en termes de nombre de rappels de 2004 à 2013 étaient :

 

  • aliments préparés et plats, à l'exclusion des soupes ;

  • fruits à coque, graines et produits à base de fruits à coque ;

  • produits de boulangerie ;

  • céréales et produits céréaliers ;

  • produits de confiserie ;

  • sauces, condiments et vinaigrettes ;

  • poisson et produits de la pêche ;

  • boissons ;

  • desserts à base de produits laitiers ; et

  • fruits et produits à base de fruits, à l'exclusion des jus de fruits.

 

Mais les chiffres ne sont pas suffisants quand il s’agit de sécurité des aliments. « Les produits réfrigérés et les rappels de viande/de volaille/de produits de la mer sont d'un intérêt particulier car ces aliments représentent le plus grand risque potentiel pour la santé en termes de sécurité des aliments », selon le rapport. En fait, les produits réfrigérés et les produits de viande et de volaille représentaient la majorité des cas de maladies d'origine alimentaire, des hospitalisations et des décès entre 1998 et 2008.

 

« Le nombre total de rappels de produits réfrigérés a augmenté régulièrement tout au long de la décennie, avec un pic en 2012 suite à deux importantes épidémies à Salmonella liées à des melons cantaloups américains et à des mangues importées, avant de diminuer de façon spectaculaire en 2013. »

 

Les cinq principales raisons des rappels étaient : allergènes non déclarés, 27,41 % ; Salmonella,  26,69 % ; Listeria monocytogenes, 10,24 % ; substances non déclarées, 9,80 % ; et corps étrangers, 5,22 %.

 

Les E. coli producteurs de shigatoxines ont été responsables de 149 rappels, soit 3,04 % au cours de cette période de 10 ans, et d'autres pathogènes pour 60 rappels supplémentaires, soit 1,22 %.

 

« Les avis de rappel des produits alimentaires ont augmenté en moyenne de 20 avis par an de 2004 à 2013 », conclut le rapport. « Cependant, cette tendance à la hausse ne devrait pas être interprétée comme signifiant que les aliments deviennent plus à risque. C’est plutôt un système d'approvisionnement alimentaire de plus en plus complexe, des améliorations technologiques dans la détection des risques sanitaires, une surveillance réglementaire accrue et l'adoption de deux lois importantes sur les politiques alimentaires (FALCPA et FSMA) qui ont contribué à la hausse significative des rappels d'aliments. »

 

 

En France, il est difficile de conduire une étude similaire en raison des rappels « cachés », c’est-à-dire dont on n’a pas l’ombre d’un début de trace d’information... car la maxime semble être, hélas, « Moins informer pour mieux informer »...

 

Selon le site privé Oulah.com, il y a eu, depuis le début de l’année 2018 (chiffre au 25 avril 2018), 83 avis de rappel de produits alimentaires en France contre 190 avis de rappel pour toute l’année 2017... et 131 pour l’année 2016... l’année 2018 devrait donc être donc un bon cru...

 

Quelques remarques constantes (hélas) sur des rappels très récents et qui mériteraient plus de commentaires, mais je vous laisse juge...

 

 

Premier exemple 

 

Sur le site des rappels de la DGCCRF, on trouve à la date du 24 avril 2018, de façon très succincte, un « Avis de rappel de Coconut oil - 250mL » de la marque Coco Fresh (Lot : 17069na - DDM: 09/03/2019) pour cause de « Présence d'Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) en teneur trop élevée ».

 

Cela fait suite à une notification au RASFF de l’UE du 16 avril 2018, référence 2018.1028. Les autorités du Luxembourg ont émis un avis de rappel le 17 avril, soit 7 jours avant la DGCCRF, et pourtant tout un chacun a reçu la même information !

 

Il est indiqué que « Les autorités de la sécurité alimentaire luxembourgeoises viennent d’être informées via le système d’alerte rapide des denrées alimentaires de la Commission Européenne ».

 

De plus, l’avis de rappel du Luxembourg est bien plus complet que celui émis par la DGCCRF, jugez sur pièces. Par ailleurs, il rapporte une contamination en hydrocarbures aromatiques polycycliques (benzo(a)pyrène, benzo(a)anthracène, benzo(a)fluoranthène et chrysène), ces produits étant potentiellement génotoxiques et cancérigènes pour l’homme.

 

 

Second exemple

 

La DGCCRF rapporte le 25 avril 2018 un « Avis de rappel de produits de laits Prémilait 1er âge de la marque Prémibio », en raison d’un « Risque de contamination par des entérobactéries de type Enterobacter sakazakii ».

 

Cela fait suite à une notification au RASFF de l’UE du 30 mars 2018, référence 2018.0857 ! Il faudra que l’on nous explique pourquoi un tel délai ou retard, à vous de juger... décidément les exemples du passé comme celui avec le fipronil n’ont pas servi de leçon... on retombe sur nos vieux travers...

 

Notons que contrairement au premier avis de rappel de laits infantiles par Lactalis paru sur le site de la DGCCRF le 10 décembre 2017, et à l'avis présent sur le site du ministère de l’agriculture depuis le 21 décembre 2017, le ministère de l’agriculture a lui aussi – cette fois-ci – diffusé un avis de rappel à la même date que l’avis de rappel sur le site de la DGCCRF... ça change...

 

______________

 

* Albert Amgar a été pendant 21 ans le dirigeant d'une entreprise de services aux entreprises alimentaires ; il n'exerce plus aujourd'hui, car retraité. Au travers de son blog il nous a livré des informations dans le domaine de l’hygiène et de la sécurité des aliments. Désormais, je l'accueille avec plaisir.

 

 

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