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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Un hommage estival aux agriculteurs

24 Août 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Risk-monger

Un hommage estival aux agriculteurs

Risk-monger*

 

 

 

 

Alors que beaucoup d'entre nous se préparent à échapper à la chaleur de l'été en prenant des vacances à la plage ou à des altitudes plus élevées [ma note : l'article original a été publié le 26 juin 2017], ayons une pensée pour les agriculteurs qui travaillent pendant l'été en plein soleil et en dépit de la rigueur des éléments. Avant de jeter ce steak sur le barbecue, étaler ces fraises parfaites sur votre glace ou verser une sauce à l'huile sur votre nouvelle salade d'été, prenez ce moment pour jauger le travail incroyable que cette petite population fait pour vous assurer que vous disposez d'une nourriture saine, sûre, nutritive et abordable. Cela ne s'est pas produit par hasard, et vous n'avez pas un droit acquis à de tels privilèges.

 

D'une certaine manière, les privilégiés parlent beaucoup et nous oublions ce qu'il faut faire pour produire aujourd'hui. Nous avons tous vu les images :

 

  • L'épouvantail de Chipotle suggère que l'agriculture a créé un désert rural ;

     

  • Les enfants exploités dans New MacDonald, la publicité d'Only Organic's pour des produits bio ;

     

  • Des groupes de paysans menés par des activistes comme José Bové qui estiment que les agriculteurs français ne doivent que se préoccuper d'alimenter leurs communautés nationales, voire locales ;

     

  • Le mysticisme de la semence de Vandana Shiva qui voit les agriculteurs comme des victimes d'un système en miettes piloté par Monsanto et ce démon de Bill Gates.

 

C'est en grande partie du marketing brillant mis en œuvre par des opportunistes de l'industrie du bio ou des vendeurs de poudres de perlimpinpin capables d'exploiter la peur et la vulnérabilité du public. Mais cela a entraîné un bouleversement, de « l'arrogance vers l'ignorance ». Il semble que les gens qui ont un jardin ou une jardinière soient les mieux placés pour dire aux agriculteurs comment produire des aliments. Maintenant, les agroécologistes osent même se prétendre des scientifiques.

 

La nourriture est une affaire émotionnelle et l'émotion engendre la religion. Les activistes et les lobbyistes du bio sont les grands prêtres de cette nouvelle religion qui élaborent un dogme fondamentaliste qui rejette les traditions et les cultures traditionnelles. Les zélotes ont besoin de recourir à la peur (en tant qu'identité d'estime de soi et de transcendance transitoire). Et dans ce scénario du salut, « du bien contre le mal », ces activistes post-modernes du New Age ont identifié le mal dans la figure de l'agriculteur conventionnel :

 

  • Trop paresseux pour essayer l'agroécologie ;

     

  • Trop négligent pour soigner notre belle planète ;

     

  • Trop dépendant de l'industrie chimique perverse ;

     

  • Trop disposé à empoisonner les gens avec des cultures qui détruisent la pure générosité en graines vierges de Mère Nature.

 

Mais où se situe la science de l'agriculture et de l'agro-technologie à la lumière de l'obscurité de ce dogme ignorant ?

 

 

 

 

Produire plus avec moins

Récemment, j'ai été interviewé par une journaliste allemande. Elle semblait incapable d'accepter les points suivants concernant l'agriculture conventionnelle :

 

  • Les doses d'insecticides ont connu une baisse régulière depuis les années 1970 et sont fixées à l'heure actuelle au juste minimum pour lutter contre les infestations, ce qui permet d'accroître les possibilités de lutte intégrée contre les ravageurs.

     

  • Les innovations dans l'agriculture de précision et les pesticides systémiques sont en mesure de réduire encore davantage les niveaux d'exposition chimique.

     

  • Les agriculteurs développent des moyens plus complexes de protection des sols grâce à l'agriculture de conservation, y compris l'agriculture sans labour et les cultures de couverture multi-espèces détruites à l'aide d'herbicides. Des rotations de cultures plus longues augmentent les connaissances sur la gestion des sols.

     

  • Les rendements continuent d'augmenter alors que les agriculteurs consacrent davantage de terre à des bandes de biodiversité, à des refuges pour oiseaux et à des jachères. Les tensions sur la biodiversité se développant, nous aurons besoin de plus d'agro-technologie, et non de moins.

     

  • Avec ces technologies, cependant, il devient de plus en plus difficile pour les petites exploitations de se procurer les équipements et les outils nécessaires. Dans les pays développés occidentaux, il est de plus en plus évident que l'agriculture à petite échelle, à forte intensité de main-d'œuvre, n'est pas rentable ; en tout état de cause, il y a de moins en moins de travailleurs disposés à cultiver manuellement la terre.

     

  • Les biologistes végétaux développent de nouvelles variétés qui nécessitent beaucoup moins de fongicides (comme la pomme de terre cisgénique résistante au mildiou). Les nouvelles techniques d'amélioration des plantes sont conçues pour fournir tant de nouvelles solutions aux agriculteurs qu'elles réduiront encore les intrants tout en augmentant les résultats.

     

  • Les petits producteurs dans les pays en développement identifient eux-mêmes de nouvelles souches pour lutter contre le flétrissement bactérien du bananier en Ouganda et le Riz Doré aux Philippines. Le développement du brinjal (aubergine) transgénique au Bangladesh protège les agriculteurs des applications de pesticides presque quotidiennes (souvent effectuées sans protection).

 

Pourquoi cette journaliste n'a-t-elle pas accepté ces réalités ? Tout simplement, parce qu'elle ne voulait pas me croire et que, dans l'Âge du Stupide, les faits sont facultatifs. Elle peut rendre une meilleure copie en présentant un monde du bien luttant contre le mal qu'en faisant rapport sur des innovations prometteuses pour les populations pauvres.

 

Les activistes du bio formés aux relations publiques font valoir une mission passionnante – celle de sauver le monde –, et cette histoire émotionnelle est plus vendeuse que la science lorsqu'il s'agit de trouver un moyen d'utiliser moins de pesticides ou de protéger les agriculteurs. Avec une main-d'œuvre agricole inférieure à 2% dans la plupart des pays développés (en baisse des 80% d'il y a deux siècles), les bonnes nouvelles à propos des agriculteurs ne se vendent tout simplement pas à une population urbaine (qui, en tout cas, aurait besoin d'une éducation sérieuse sur les réalités de l'agriculture). Il est plus facile pour cette journaliste de vendre les émotions de hippies bien intentionnés... qui s'en prennent à une industrie chimique maléfique... qui manipule des agriculteurs stupides... qui tentent d'empoisonner le grand public. C'est ce que ses lecteurs veulent entendre.

 

Bref, elle ne faisait pas son travail !

 

 

 

 

La véritable histoire : l'agro-technologie

 

La véritable histoire est que les scientifiques et les agriculteurs collaborent pour résoudre d'immenses défis auxquels le monde fait face, et ce, en rendant la production alimentaire plus efficace, plus sûre et plus fiable, avec moins d'intrants... que ce soit le petit producteur asiatique de coton ou d'aubergines ou le grand éleveur sud-américain, le petit paysan africain ou l'agriculteur des prairies canadiennes.

 

La véritable histoire est que les progrès dans l'agriculture ont conduit à un développement économique, à partir des explosions de rendement provoquées par l'introduction d'herbicides dans les années 1960 et la Révolution Verte asiatique, qui a libéré une quantité sans précédent de capital humain pour entreprendre le miracle économique asiatique. Aujourd'hui, de moins en moins d'agriculteurs nourrissent de plus en plus de personnes et contribuent à la croissance des économies, libérées de la recherche quotidienne de subsistance.

 

La véritable histoire est qu'un groupe de Luddites privilégiés anti-industrie, anti-commerce et anti-technologie essaie de reculer l'horloge pour l'agro-technologie et d'imposer une insécurité alimentaire aux populations les plus vulnérables de la planète.

 

La véritable histoire est que nous avons besoin de plus de technologie pour répondre aux exigences importantes de la croissance des populations mondiales, de l'évolution du climat et de la nécessité de remédier à la perte de biodiversité par une réaffectation des terres. L'agriculture, comme toute science, continue de se développer pour relever les défis. Nous semblons accepter patiemment le progrès continu dans d'autres technologies (les premiers téléphones portables émettaient suffisamment de rayonnement pour faire éclater les grains de pop-corn), mais nous exigeons une perfection immédiate de l'agro-technologie. Des problèmes imprévus il y a une génération (comme les problèmes de gestion du sol ou de l'eau) sont maintenant abordés sur plusieurs fronts. Les agriculteurs agissent de manière responsable, travaillent avec les milieux de la recherche et contribuent souvent par de la main-d'œuvre et des terres aux essais pour tester de nouvelles techniques et technologies.

 

Le lobby de l'industrie du bio (des groupes comme l'IFOAM, Organic Consumers Association et Non-GMO Project) essaie de dépeindre les agriculteurs conventionnels comme des irresponsable et des dangers publics. Ils utilisent une image de l'agriculture plus proche des années 1970 que de l'agriculture moderne, de l'agriculture de précision, de l'agriculture de conservation et des engagements axés sur la lutte intégrée contre les parasites et maladies. Ce lobby voudrait que les consommateurs croient que seuls les agriculteurs biologiques protègent le sol, limitent les intrants chimiques et réservent des terres pour la biodiversité. En réalité, la recherche, les intrants agro-techniques et l'ingéniosité entrepreneuriale ont fait que l'agriculture conventionnelle commence à répondre aux besoins actuels en matière de biodiversité de manière beaucoup plus efficace via, par exemple, les techniques de l'agriculture de conservation (tout en permettant de nourrir des populations plus nombreuses et plus prospères).

 

Ne vous méprenez pas, il n'y a pas d'agriculteur qui préférerait ne pas exploiter en bio si le bio était une option pour lui. Les outils de protection des cultures sont coûteux, exigent beaucoup de temps et nécessitent souvent des EPI [équipements de protection individuelle] inconfortables. Mais les agriculteurs reconnaissent que ces outils fonctionnent et, d'un point de vue pragmatique, sont préférables à la perte de production, à l'augmentation d'autres intrants, à la réduction des rendements et à la perte de leur sol du fait de l'érosion ou de l'infestation par les mauvaises herbes. Les gens se demandent souvent pourquoi j'attaque les agriculteurs biologiques. Je ne le fais pas – j'ai beaucoup de respect pour quelqu'un qui essaie de réduire les intrants, accepte de relever des défis et aide les autres à chercher des alternatives. Leur expérience peut être utile à tous les agriculteurs pour trouver les meilleures technologies disponibles (mais c'est à la science de décider, et non à la religion). Cependant, je n'ai pas de patience pour les mensonges des lobbyistes de l'industrie alimentaire biologique et les jardiniers du dimanche avec une grande gueule qui prétendent cultiver.

 

Ces idéologues militants gagnent la partie dans le lobbying. Ce qui s'est passé à Bruxelles au cours des dernières années, c'est assez difficile à comprendre pour les agriculteurs. De bons outils agro-techniques ont été retirés de la boîte à outils agricole européenne, laissant aux agriculteurs la tâche de trouver d'autres solutions moins efficaces et moins durables. Par exemple, lorsque l'UE a interdit un groupe d'insecticides néonicotinoïdes, les agriculteurs ont été forcés de retourner à la protection de leurs cultures avec des pesticides plus anciens et plus nocifs, qui coûtent plus cher (et ont tué plus d'abeilles). L'évaluation ex post du CCR de l'interdiction des néonics (toujours non publiée par la Commission Européenne) a révélé que les agriculteurs sont mécontents des alternatives et que beaucoup d'entre eux éliminent simplement les cultures à fleurs mellifères comme le colza de leur rotation.

 

 

 

 

Les agriculteurs sont-ils stupides ?

Des activistes comme Dave Goulson aiment représenter les agriculteurs comme des gens stupides, qui ne connaissent rien et ont juste besoin d'une « formation » appropriée. Au contraire, les agriculteurs sont des gens de bon sens. Si vous vendez quelque chose et que cela ne fonctionne pas, ils ne reviendront pas la saison suivante. Toutes les campagnes activistes qui disent que les solutions agro-techniques (des semences aux outils et aux pesticides) ne fonctionnent pas n'ont évidemment jamais parlé à des agriculteurs. Ils ne paieront pas pour la mauvaise technologie et ils seraient les premiers à chercher d'autres solutions.

 

Nous entendons aujourd'hui les activistes raconter beaucoup de choses embarrassantes sur les agriculteurs. Les Nina [Holland, Corporate Europe Observatory]et Adrian [Bebb, Friends of the Earth] de la campagne de protestation secrète Baysanto veulent faire croire que les agriculteurs sont des victimes, pauvres et naïves, d'une industrie chimique maléfique (bien sûr... je peux imaginer que ces zélotes cosmopolites se réveillent la nuit en se faisant du souci pour les agriculteurs !). Dire que l'industrie de la biotechnologie prive les agriculteurs de la possibilité de choisir est ridicule – demandez simplement à un agriculteur s'il est limité dans ses choix. Quant aux récentes fusions dans l'industrie agro-technique, sur le papier, cela semble un progrès pour les agriculteurs. Les entreprises de la protection des plantes savent aujourd'hui que pour affronter la concurrence, elles doivent offrir des kits de solutions complets. La fusion Bayer-Monsanto, par exemple, regroupe une large gamme de services spécifiques à la ferme, depuis les prévisions météorologiques à plus long terme jusqu'aux systèmes de dosage et de recyclage des pesticides. Les prix sont toujours un problème, mais les parts de marché se conquièrent aujourd'hui grâce aux services.

 

Donc, alors que je comprends qu'il y a des choses que les activistes veulent vraiment nous faire croire, la plupart d'entre nous préféreront qu'ils la bouclent – à moins qu'ils ne se lancent dans l'agriculture ou du moins tentent de parler aux agriculteurs. Seules les personnes stupides essayeraient de présenter les agriculteurs comme des personnes stupides.

 

 

Ou bien les agriculteurs sont-ils des gestionnaires de risques et des entrepreneurs ?

 

Pour produire aujourd'hui, vous devez être un entrepreneur. La ferme familiale est passée d'un grand nombre d'enfants (tout ce travail manuel pour arracher les mauvaises herbes...) à des entreprises multigénérationnelles dotées d'un éventail de compétences et de formations en gestion et en technologie.

 

Quand j'étais petit, mes parents se rendaient toujours à la Ferme Expérimentale de Vineland à la recherche de nouvelles solutions, disposés qu'ils étaient à essayer des choses nouvelles pour obtenir une meilleure récolte. Je ne pense pas que nous étions des gens stupides (mais qui suis-je pour oser mettre en doute les connaissances qu'ont les activistes des agriculteurs conventionnels ?). Notre grange était pleine de trucs astucieux que mon père avait tenté de développer, comme le trampoline reconverti et le secoueur bricolé à partir d'une tronçonneuse pour récolter plus facilement les prunes... ou le lit roulant de trois mètres de large pour rendre la récolte des fraises moins éreintante.

 

Les agriculteurs sont également les gestionnaires de risques ultimes. De la pré-plantation à la post-récolte, le nombre d'aléas auxquels un agriculteur est exposé est illimité (le choix des semences, la date de semis, la météo, les parasites, maladies et risques bactériens, les mauvaises herbes, l'état du sol, la date de récolte, les intrants en termes de main-d'œuvre et d'équipements, les prix du marché, la régénération des sols...). Lorsque la gestion des risques permet de réduire l'exposition aux dangers, protéger une culture contre les coups terribles que Mère Nature peut vous asséner (souvent plusieurs coups en même temps) est une tâche ardue. Les meilleures conversations que j'ai eues avec des agriculteurs ont porté sur leur expérience de la négociation des prix au comptant. Tout compte fait, l'expérience en gestion des risques qu'un agriculteur a acquise fait de la gestion des risques financiers un jeu d'enfant.

 

 

Pourquoi les agriculteurs sont-ils vilipendés ?

 

J'ai rencontré des centaines d'agriculteurs cette année, j'ai visité leurs fermes (je suis même retourné dans ma vieille ferme) et je pense pouvoir conclure que la raison pour laquelle ils sont tellement vilipendés par les fanatiques fondamentalistes du lobby du bio est que les agriculteurs, d'une manière générale, sont vraiment sympas.

 

Une histoire courte :

 

J'ai parlé à un groupe d'agriculteurs du sud-est de l'Angleterre en mars dernier. Au cours de la période des questions-réponses, un agriculteur biologique a choisi de prendre le micro et de faire la leçon à la salle et d'expliquer combien ses pratiques étaient meilleures pour la « biodiversité » que celles des agriculteurs conventionnels. Les autres agriculteurs étaient mal à l'aise mais sont restés polis et ne l'ont pas contredit. Alors que l'organisateur essayait de passer à autre chose, je me suis adressé à cette personne et j'ai corrigé certaines de ses idées fausses sur l'agriculture moderne. À la fin de la soirée, plusieurs agriculteurs m'ont approché pour me présenter des excuses pour le comportement de cette personne. Mais je m'intéressais davantage aux raisons pour lesquelles les personnes dans la salle toléraient ces sorties.

 

Les agriculteurs sont tolérants. Ils forment aussi une communauté soudée qui s'occupe de ses propres affaires. De se réunir pour construire des granges à aider les personnes en difficulté, les agriculteurs ont une longue tradition de solidarité dans le travail. Les gens de l'extérieur ne voient pas que « Ag peut se réunir ». S'exprimer contre d'autres agriculteurs n'est pas dans les habitudes des communautés rurales. Donc, lorsque des fanatiques cosmopolites et des jardiniers du dimanche disent aux agriculteurs ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas faire, les agriculteurs écoutent poliment (et attendent qu'ils partent pour qu'ils puissent retourner au travail).

 

Les agriculteurs sont également honnêtes. On m'a demandé un jour mon avis sur ce qui allait arriver pour certaines politiques communautaires en matière de pesticides, et j'ai déclaré à un groupe d'agriculteurs que les nouvelles étaient de mon point de vue mauvaises. J'ai également ajouté que si cette folie politique continuait, ils devraient être prêts à enfreindre la loi. Cette mentalité si commune dans la Bulle de Bruxelles n'a pas été bien accueillie. Les agriculteurs se conformeront à contrecœur aux règlements, aussi stupides soient-ils, et feront de leur mieux pour s'adapter.

 

 

 

 

« Et tu Vytenis ? »

 

La Commission européenne a rendu un très mauvais service aux agriculteurs.

 

La Politique Agricole Commune a imposé une dépendance financière à une profession axée sur la solution. La philosophie de la CAP axée sur la durabilité a introduit un échec prévisible dans le processus agricole. Aucun agriculteur ne devrait semer en pensant que cela n'a aucune importance que la récolte soit bonne ou mauvaise.

 

Au cours de cette visite d'hiver de la région rurale dans le sud de l'Angleterre, de nombreux agriculteurs m'ont dit qu'ils avaient voté pour le Brexit en sachant très bien que le soutien britannique serait beaucoup moins généreux que le régime actuel de la PAC. Ils ont voté pour la capacité d'exploiter et sont prêts à abandonner les fonds de soutien. L'échec étant introduit dans la PAC par conception, la Commission Européenne a estimé qu'elle avait dès lors le champ libre pour éliminer les précieux outils de protection des cultures et apaiser ainsi les autres parties prenantes, à savoir le bruyant lobby des activistes verts. [Ma note : c'est en partie un mauvais procès fait à la Commission ; les États membres sont tout aussi responsables, sinon plus.]

 

Alors que la DG Santé peut estimer qu'elle ne cause aucun préjudice (le préjugé de la précaution), entretenir une culture de l'échec et de la dépendance ne fait pas seulement du mal aux communautés rurales européennes, mais néglige aussi le constat que la plupart des pays en développement copient simplement la politique agricole de l'UE. Les petits exploitants de l'Indonésie ou du Kenya ne disposent pas d'une Politique Agricole Commune qui aide les agriculteurs qui échouent sans agro-technologie appropriée. Je suis dégoûté par l'« arrogance urbaine éclairée ».

 

Les régulateurs ne comprennent généralement pas les agriculteurs. La plupart des agriculteurs travaillent sur un plan triennal de rotation de six cultures (ou plus) alors que la Commission européenne ne peut même pas décider d'une politique sur les outils de protection des cultures pour les six mois à venir. À mesure que de plus en plus de pesticides sont retirés de leur boîte à outils, les agriculteurs, eux, doivent retirer davantage de cultures de leur boîtes à options pour les rotations. Cela affecte non seulement la gestion des sols, mais aussi les prix du marché et la viabilité agricole. Je ne peux pas m'imaginer ce que feront les agriculteurs du nord de l'Europe s'il devient impossible de cultiver des betteraves sucrières et des pommes de terre parce que la Commission Européenne aura mis à exécution sa menace idiote d'interdire toutes les applications de néonicotinoïdes.

 

Il est déjà assez difficile de gérer les risques de Mère Nature, sans compter les émotions ébouriffantes de la nature humaine. Les agriculteurs ont besoin de certitude à long terme sur le front politique, et la seule chose que les régulateurs ont à leur offrir est l'incertitude. J'étais à Dorset et à Wiltshire pendant la saison d'agnelage, quand commençaient les débats sur le Brexit. Plusieurs agriculteurs ont déclaré la même chose : ils fallait qu'ils sachent déjà à ce stade s'il allait y avoir des taxes sur les exportations d'agneaux britanniques vers la France (la Nouvelle-Zélande pourrait bientôt avoir un accord de libre-échange avec l'UE). Ce n'est pas comme si vous pouviez abattre tout le troupeau en deux ans quand un marché disparaît. Et alors, qu'est-ce qu'ils feront ?

 

Si les régulateurs ne comprennent pas les agriculteurs – ni les médias –, devrions-nous être surpris de la petite quantité d'informations positives que reçoit le consommateur et de la facilité avec laquelle ceux-ci peuvent être induits en erreur par des activistes pervers marchands de peur ?

 

 

Remerciez un agriculteur !

 

Si vous avez mangé aujourd'hui, remerciez un agriculteur.

 

Si ce steak sur votre barbecue est presque cuit, pensez à l'éleveur qui est resté debout toute la nuit pendant le vêlage pour délivrer la vache en toute sécurité et ensuite élever le veau. Si cette laitue est fraîche et sans défauts, pensez au maraîcher qui a marché dans son champ à la recherche des limaces et s'est dépêché d'amener ses produits sur le marché. Et en ce qui concerne cette fraise que vous venez de porter à la bouche, il y a des chances que le fils ou la fille du producteur ait des marques de friction des élastiques des genouillères et un dos en compote.

 

Alors, s'il vous plaît, ayez une pensée pour les agriculteurs qui travaillent sous cette chaleur d'été et cessez de prétendre que vous êtes Monsieur ou Madame Je-Sais-Tout ! Vous n'en avez pas le droit... les agriculteurs ont droit à votre gratitude.

 

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* David pense que la faim, le SIDA et des maladies comme le paludisme sont les vraies menaces pour l'humanité – et non les matières plastiques, les OGM et les pesticides. Vous pouvez le suivre à plus petites doses (moins de poison) sur la page Facebook de Risk-Monger : www.facebook.com/riskmonger.

 

Source : https://risk-monger.com/2017/06/26/a-summer-homage-to-farmers/

 

 

 

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