Glané sur la toile (49) : « Les abeilles disparaissent à cause des pesticides / BALIVERNE #06 »
Où se forment les opinions ? Où s'entretient la prétendue « opinion publique », largement fabriquée par des marchands d'opinions, surtout par les colporteurs de la peur et de l'Apocalypse imminente dans une France atteinte de sinistrose ?
De plus en plus Internet. Youtube et les autres sites de vidéos sont évidemment aussi des outils d'une désinformation qu'il convient de corriger – au mieux d'équilibrer – sur les mêmes sites.
Agriculture et Environnement s'est attaqué avec bonheur dans sa BALIVERNE #06 au mythe selon lequel « Les abeilles disparaissent à cause des pesticides ». Ce sont deux minutes trente de pure pédagogie.
La question des abeilles est divisée à juste titre en deux questions :
1. Les abeilles disparaissent-elles ?
C'est la baliverne 6.1 : dans le monde, les abeilles se portent plutôt bien.
Nous ajouterons à la démonstration d'A&E les explications, et surtout les cartes de la Commission européenne sur l'étude Epilobee. Elles ont l'avantage de citer les chiffres – ce que ne fait pas le site correspondant de l'ANSES pour l'hiver 2012-2013 (pourquoi ? Mais pourquoi donc?). Une mortalité hivernale allant jusqu'à 15 % des ruches est considérée comme normale. D'où il en ressort que... consultez le site de la Commission...
Mortalités pour les hivers 2012-13 (carte révisée) et 2013-14)
2. Quelle est la responsabilité des insecticides, particulièrement des néonicotinoïdes ?
Il est indéniable que beaucoup d'insecticides présentent un danger pour les abeilles. Ajoutons sans tarder que c'est le cas de beaucoup d'insecticides dits « naturels », autorisés et utilisés en agriculture biologique. C'est pour cela que les autorités de régulation établissent des règles d'utilisation des insecticides aptes à éliminer les risques ou à les maintenir dans des limites acceptables. Du reste, la filière agricole, telle l'Association Nationale Pommes Poires (ANPP), ne manque pas non plus de préconiser de bonnes pratiques.
Il en résulte – et la courte vidéo le montre avec conviction – que les pesticides ne sont pas le danger principal auquel les abeilles sont exposées. Cette constatation fait consensus, sauf évidemment dans la mouvance anti-pesticides. Une mouvance, du reste, qui comprend des chercheurs « engagés », voire militants dont l'objectif de recherche est d'alimenter la mouvance en munitions.
Principales causes de mortalité des colonies d’abeilles selon les apiculteurs (source Union Européenne)
Voir aussi trois graphiques dans "Demographics of the European Apicultural Industry"
Et les néonicotinoïdes ? La vidéo cite à juste titre la dernière étude de Henry et al. Elle contraste singulièrement avec l'étude précédente, qui avait fait grand bruit sur la scène médiatique... et politique, et pour cause : elle allait dans le sens des préjugés, des idées reçues... et des objectifs politiques ouvertement affichés par nos gouvernants de l'agriculture et de l'écologie (dela démagogie?). Elle contraste... ? C'est que dans l'étude précédente, on avait littéralement saoulé les abeilles... Celle-ci avait aussi été contestée sur le plan scientifique (mais là, les médias s'étaient mis aux abonnés absents...).
Le titre de la nouvelle étude est du reste fort significatif : « Reconciling laboratory and field assessments of neonicotinoid toxicity to honeybees » (réconcilier les évaluations en laboratoire et au champ de la toxicité des néonicotinoïdes pour les abeilles). En clair : comment expliquer que la mortalité constatée en laboratoire ne se retrouve pas au champ.
En clair donc, pour reprendre le début du résumé de la nouvelle étude :
« Les gouvernements européens ont interdit l'utilisation de trois pesticides néonicotinoïdes communs en raison de risques insuffisamment identifiés pour les abeilles. Cette décision politique est controversée étant donné l'absence de cohérence claire entre les évaluations de la toxicité de ces substances en laboratoire et sur le terrain. Bien que les essais de laboratoire indiquent des effets délétères chez les abeilles à l'état de traces, des enquêtes de terrain ne révèlent aucune diminution de la performance des colonies d'abeilles à proximité de champs traités. »
L'interdiction décrétée par les instances européennes pour deux ans n'a pas empêché certains États membres de la contourner par des dérogations nationales, au grand dam de la mouvance anti-pesticides (faut-il préciser : de synthèse, car ces « organisations » roulent pour l'agriculture biologique utilisatrice d'insecticides « naturels » encore plus dangereux pour les abeilles). Des dérogations qui, faut-il le préciser, concernent des cultures telles que le colza grandes pourvoyeuses de nourriture pour les... abeilles.
La Finlande en fait partie. Mieux, elle a organisé des études au champ, en conditions réalistes. Conclusion du rapport préliminaire (février 2014) (voir aussi ici) et du rapport final (décembre 2015 – voir aussi ici) : pas d'impact immédiat.
Il ne s'agit ici que de suppléments d'informations. Deux minutes trente... c'est court ! Et les auteurs du clip les ont superbement employés.