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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Des zones d'abondance aux zones de besoin

15 Avril 2024 Publié dans #Commerce, #Aide alimentaire

Des zones d'abondance aux zones de besoin

 

Mark Wagoner, Réseau Mondial d'Agriculteurs*

 

 

 

 

Lorsque le président de la Fondation Rockefeller a été témoin de l'horreur de la famine en Afrique, il a su qu'il devait agir rapidement et il a appris à quel point les réseaux commerciaux du libre-échange peuvent être bénéfiques sur le plan humanitaire.

 

L'histoire de M. Rajiv Shah commence au Kenya il y a plus de dix ans, alors qu'il était administrateur de l'Agence Américaine pour le Développement International, mieux connue sous le nom d'USAID.

 

« Alors que l'avion de l'armée de l'air américaine entamait sa descente vers le complexe de réfugiés de Dadaab en août 2011, nous pouvions voir des centaines de personnes, principalement des femmes et des enfants, affluer dans le désert kenyan », écrit M. Rajiv Shah dans son nouveau livre, « Big Bets: How Large-Scale Change Really Happens » (les grands paris : comment les changements à grande échelle se produisent vraiment).

 

Il s'agissait de Somaliens désespérés, fuyant ce que certains ont appelé « la pire famine du XXIe siècle ».

 

La Somalie part d'un mauvais pied : une Nation déchirée par la guerre, peuplée de fanatiques et de seigneurs de la guerre. Les Américains la connaissent peut-être mieux pour y avoir tourné le film « Black Hawk Down » (La chute du faucon noir), qui relate l'histoire vraie d'un désastre militaire américain dans la capitale, Mogadiscio.

 

Lorsque le mauvais temps frappe la Somalie, il peut se mêler à l'instabilité politique pour créer des privations mortelles.

 

M. Shah a vu le résultat depuis un avion au-dessus d'un camp de réfugiés au Kenya.

 

Puis il l'a vu de près.

 

« Je me tenais à côté d'un lit et parlais avec une femme qui donnait de l'eau dans un gobelet bleu à son fils de quatre ans, qui pesait moins de cinq kilos », écrit M. Shah. « Alors que je lui parlais par l'intermédiaire d'un interprète, j'ai vu que les yeux de la mère ne cessaient de se tourner vers le pied du lit, où se trouvait un petit paquet drapé dans un tissu d'un bleu profond. J'ai été choqué lorsque la mère m'a dit que le tissu recouvrait un autre de ses enfants, qui était mort le matin même, trop rongé par la faim pendant le voyage vers le camp. »

 

Tout ce dont ils avaient besoin, c'était de la nourriture.

 

« Ce petit paquet de tissu me hante encore aujourd'hui », écrit M. Shah.

 

Alors que la famine s'aggravait, M. Shah voulait réagir. Il savait également que l'USAID, malgré un budget de plusieurs milliards, ne pouvait pas faire grand-chose.

 

C'est une chose que de souhaiter acheminer de la nourriture dans une région éloignée et assiégée. C'en est une autre de l'acheminer.

 

Pour ce faire, il faut recourir au système international de libre-échange.

 

M. Shah a appelé M. Greg Page, qui était à l'époque PDG de Cargill, une entreprise agroalimentaire internationale basée dans le Minnesota.

 

« Je lui ai rapidement expliqué où nous en étions dans notre intervention en Somalie, mais il m'a coupé l'herbe sous les pieds », écrit M. Shah. « Greg connaissait l'histoire. »

 

M. Shah s'est empressé de poser une question : « Envisageriez-vous de faire quelque chose d'extraordinaire pour aider à résoudre cette crise ? »

 

M. Page a répondu : « C'est ce que nous faisons. »

 

C'était effectivement le cas, comme le décrit M. Shah dans son livre : « Cargill avait mis en place un vaste réseau pour acheminer ses produits d'un bout à l'autre du monde en respectant les délais et le budget. »

 

Cela ne s'est pas fait tout seul. C'est le résultat de dirigeants intelligents comme M. Page, ainsi que des travailleurs qui emballent et chargent les marchandises, les transportent à travers les océans et les livrent aux clients.

 

Derrière eux se trouve une infrastructure de commerce mondial qui encourage l'échange de biens et de services par-delà les frontières. Le succès du commerce repose sur la recherche du profit et des avantages mutuels, mais il crée également des opportunités pour l'action humanitaire.

 

Pour les Somaliens affamés, Cargill et son réseau commercial sont venus à la rescousse, selon M. Shah : « Cargill a rassemblé dix mille tonnes métriques – l'équivalent de 425.000 sacs de 50 livres –, les a chargées à bord d'un navire à Kakinada, dans le golfe du Bengale, et les a expédiées à travers l'océan Indien. Cette opération a pris plus de deux mois, mais à l'arrivée, elle a fait toute la différence en aidant à nourrir un million de réfugiés somaliens dans neuf districts du Kenya. »

 

À l'arrivée des cargaisons de Cargill, une veuve somalienne avec six enfants a fait part de son soulagement : « Ces dernières années ont été presque insupportablement difficiles... à cause du stress lié à la nécessité de me nourrir et de nourrir mes enfants », a déclaré Mme Rachel Gharo. « Grâce à cette aide, je peux maintenant penser à d'autres choses, car je suis au moins assurée qu'il y a de la nourriture. »

 

L'aide ne serait probablement pas arrivée sans que M. Shah n'aperçoive un paquet obsédant de tissu bleu.

 

Elle ne serait certainement pas arrivée sans un réseau résilient de commerce mondial qui améliore des vies tous les jours et les sauve aussi.

 

________________

 

* Mark Wagoner

 

Mark Wagoner est un agriculteur familial de troisième génération du sud-est de l'État de Washington, qui produit des semences de luzerne pour quatre grandes sociétés semencières. Mark travaille avec la National Alfalfa and Forage Alliance et l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) pour s'assurer que des insecticides sûrs et efficaces sont disponibles pour une utilisation pendant le vol des abeilles. Mark est membre bénévole du conseil d'administration du Réseau Mondial d'Agriculteurs (Global Farmer Network).

 

Mark est membre bénévole de nombreux autres conseils traitant des questions relatives à l'eau et à l'utilisation des terres. Il a été nommé au comité Walla Walla Valley 2050 du Département de l'Écologie de l'État de Washington, un groupe de planification visant à améliorer la disponibilité de l'eau dans la vallée. Il travaille avec diligence à l'élaboration et à la mise en œuvre de stratégies de coexistence pour la production de luzerne conventionnelle, biologique et génétiquement améliorée.

 

Source : From Areas of Plenty to Areas of Need – Global Farmer Network

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