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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le libre-échange est bon pour les agriculteurs américains comme moi

12 Mars 2024 Publié dans #Commerce

Le libre-échange est bon pour les agriculteurs américains comme moi

 

Terry Wanzek, Réseau Mondial d'Agriculteurs*

 

 

 

 

Alors que je conduisais ma moissonneuse-batteuse dans mes champs du Dakota du Nord à l'automne dernier, je n'ai pas beaucoup pensé au caucus présidentiel républicain de l'Iowa, prévu pour le lundi 15 janvier 2024.

 

Parfois, je regardais simplement le ciel bleu et j'apercevais la traînée blanche d'un avion à réaction. Cette vision me rappelle toujours que je vis littéralement dans le « flyover country », le pays du survol.

 

Je cultive du soja et du maïs. Les États-Unis sont les premiers producteurs mondiaux de maïs et de soja et sont suivis de près par le Brésil pour le maïs. Selon le Département Américain de l'Agriculture, plus de la moitié du soja et environ 15 % du maïs produits aux États-Unis sont destinés aux marchés internationaux. Je cultive également des haricots pinto, qui sont vendus à des acheteurs mexicains.

 

Pourtant, presque personne à Washington ou sur le chemin de la campagne présidentielle ne parle de l'importance du libre-échange. Pour les agriculteurs comme moi, il n'y a pas grand-chose de plus important en politique.

 

En 2022, les exportations agricoles américaines ont représenté 196 milliards de dollars. Plus de la moitié de cette valeur provenait du soja, du maïs, du bœuf, des produits laitiers, du coton et des fruits à coque tels que les amandes, les pistaches et les noix. Les dix principaux marchés pour nos produits révèlent l'étonnante diversité de nos clients : Chine, Mexique, Canada, Japon, Union Européenne, Corée du Sud, Taïwan, Philippines, Colombie et Viêt Nam.

 

Ces exportations ont été rendues possibles grâce à un travail acharné à l'ancienne et, en plus, à la génétique des semences, aux outils de protection des cultures et à des machines innovantes. Nous nous sommes également appuyés sur des accords commerciaux et, grâce à de nouveaux accords, nous pourrions faire encore mieux.

 

Pourtant, M. Joe Biden est sur le point de devenir le premier président de l'ère de l'Organisation Mondiale du Commerce, créée en 1995, à ne pas négocier de nouvel accord commercial. Cela n'est pas simplement dû au protectionnisme prôné par de nombreux électeurs traditionnels de son parti. Les prédécesseurs démocrates immédiats de M. Biden ont un bien meilleur bilan. Le président Clinton a conclu l'accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique. Le président Obama a conclu des pactes avec le Panama et la Corée du Sud.

 

M. Obama a également soutenu le partenariat transpacifique, qui visait à renforcer les liens entre les pays de la ceinture du Pacifique, y compris les États-Unis. Le TPP était essentiellement économique, mais il comportait une dimension de sécurité nationale, cherchant à unir la région contre l'influence de la Chine. Malheureusement, le président Trump s'est retiré du TPP, renonçant ainsi à une occasion de créer des marchés d'exportation pour les agriculteurs et les fabricants américains.

 

En 2020, M. Joe Biden a laissé entendre qu'il pourrait relancer l'accord commercial. « Le TPP n'était pas parfait, mais l'idée qui le sous-tendait était bonne », avait-t-il déclaré au Council on Foreign Relations. « C'est ce qui s'est passé lorsque nous nous sommes retirés du TPP : nous avons mis la Chine aux commandes. »

 

Pourtant, en tant que président, M. Joe Biden n'a pratiquement rien fait pour faire avancer cette idée. Cela devrait le rendre vulnérable aux critiques des candidats républicains à la présidence qui tentent d'attirer les votes des agriculteurs, tant lors des caucus et des primaires du GOP que lors de l'élection générale.

 

M. Trump ne peut pas être celui qui peut faire valoir de telles critiques. Dès le premier jour de son mandat, il s'est retiré des négociations sur le TPP. Bien qu'il ait négocié l'Accord Canada-États-Unis-Mexique, qui a mis à jour l'ALENA, son héritage en matière de commerce s'est surtout traduit par un mélange de langage ferme et de différends qui ont limité les échanges.

 

Il a promis de mettre en œuvre un plan encore plus agressif s'il est à nouveau élu. En août dernier, il a appelé à une taxe « privilège » qui imposerait un droit de douane de 10 % sur tous les produits fabriqués à l'étranger et entrant aux États-Unis. Il présente cela comme un « nationalisme économique » qui place l'Amérique au premier plan.

 

En réalité, cette approche place les agriculteurs américains au dernier. Nous avons besoin d'un internationalisme économique. Les autres pays riposteraient immédiatement en imposant leurs propres taxes. Les produits agricoles feraient partie de leurs cibles, ce qui ferait de moi l'une des premières victimes d'une nouvelle guerre commerciale.

 

Cela devrait créer une opportunité politique pour les autres candidats républicains à la présidence. Non seulement ils peuvent souligner l'incapacité de M. Biden à développer le commerce pour les Américains dont les moyens de subsistance en dépendent, mais ils peuvent également mettre en cause le chef de file de leur propre parti qui menace d'aggraver un problème déjà grave.

 

Pourtant, la question des agriculteurs et de leurs intérêts économiques n'a pratiquement pas été abordée jusqu'à présent dans cette course à la présidence, même si les candidats ont prospecté dans l'Iowa avant le premier caucus républicain du pays. Cela va au-delà de la politique commerciale : Nous nous intéressons également à ce que les candidats ont à dire sur les réglementations, les infrastructures et le développement de nouvelles technologies, telles que l'édition de gènes. Jusqu'à présent, rien.

 

Nous vivons à l'ère des bouleversements politiques. Les candidats qui rompent le silence sur le commerce et proposent un programme positif pour développer les exportations peuvent se voir récompensés par les votes des agriculteurs. C'est le genre de récolte que même un politicien peut comprendre.

 

______________

 

Une version de cet article a été publiée dans le Wall Street Journal du 8 décembre 2023, « Free Trade Is Good for American Farmers Like Me - WSJ « (le libre-échange est bon pour les agriculteurs américains comme moi).

 

Terry Wanzek est un agriculteur du Dakota du Nord de quatrième génération. Ce partenariat familial produit du blé de printemps, du maïs, du soja, de l'orge, des haricots secs et du tournesol. Terry a été élu sénateur de l'État du Dakota du Nord, où il a dirigé la commission de l'agriculture et occupé le poste de président pro tempore du Sénat. Terry continue de diriger la National Association of Wheat Growers (association nationale des producteurs de blé) et la NoDak Mutual Insurance (assurance mutuelle du Dakota du Nord). Il est titulaire d'un diplôme en administration des affaires et en comptabilité du Jamestown College et a suivi le Texas A & M Executive Program for Agricultural Producers.

 

Source : Free Trade Is Good for American Farmers Like Me – Global Farmer Network

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