L'avenir... ? [Willi a un coup de mou... mais il va s'en remettre]
Willi l'agriculteur*
En tant que Rhénan, je suis en fait un optimiste né. Et quand je vois ma situation personnelle – nous sommes quatre générations à vivre dans notre ferme – je me lève chaque matin avec la pleine conscience que nous allons très bien et que nous avons un bel avenir.
Cela change à partir du moment où j'ouvre le journal, que j'allume la télévision ou que je lis les messages sur les réseaux sociaux. Ici, un terme domine toute l'actualité : crise.
Qu'il s'agisse du climat, des réfugiés, de la biodiversité ou de la guerre en Ukraine, les nouvelles quotidiennes ont tendance à nous faire peur. Peur de l'avenir.
La peur nous paralyse et nous empêche de réfléchir à la recherche de solutions. La peur nous pousse à trouver un coupable à la source de la peur. Je le ressens également dans les discussions avec mes concitoyens. Lors d'une manifestation à laquelle j'étais invité en tant qu'orateur, une auditrice a demandé : « Les terres agricoles sont détruites, la biodiversité ne cesse de diminuer et les nappes phréatiques sont polluées par les nitrates. Combien de temps allez-vous continuer à faire ça, vous les agriculteurs ? » Il faut alors prendre une grande respiration.
Il y a des jours où je me demande si je dois continuer mon travail. Cela me prend du temps chaque jour, temps que je pourrais consacrer à mes propres intérêts. C'est le cas en ce moment. Je n'ai plus envie de m'efforcer de trouver de nouveaux thèmes qui pourraient intéresser les lecteurs. En effet, tout a déjà été dit d'une certaine manière et je constate que le nombre de lecteurs et de commentaires diminue.
Une autre raison de ma frustration : j'ai l'impression que l'avis des agriculteurs n'est pas entendu par les politiques et encore moins pris au sérieux. Un exemple récent est le communiqué de presse du ministère fédéral de l'Agriculture qui salue la libre importation de produits agricoles ukrainiens dans l'UE. Le fait que trois pays d'Europe de l'Est veulent continuer à empêcher cela parce que cela nuit à leurs propres agriculteurs est tout simplement nié. L'importation libre et non réglementée entraînera une nouvelle chute des prix sur nos marchés.
https://www.bmel.de/SharedDocs/Meldungen/DE/Presse/2023/230916-getreide-ukraine.html
Le fait que l'avis des agriculteurs ne soit pas entendu ne vaut d'ailleurs pas seulement pour les Verts, mais aussi pour le FDP (au gouvernement) et l'opposition. C'est frustrant. Quel sera donc l'avenir de l'agriculture ? La tendance du « croitre ou périr » s'accélère avec la politique agricole actuelle. On peut le regretter, mais il vaut mieux affronter la réalité. Des contraintes toujours plus fortes, des interdictions toujours plus nombreuses, des taxes toujours plus élevées et un salaire minimum élevé en comparaison européenne sont autant d'obstacles à la compétitivité. Pour un avenir plein d'espoir, il faut donc que les conditions générales soient nettement modifiées.
Quels seraient vos plus grands souhaits pour la politique ? Je suis prochainement invité à une « discussion-atelier » au Parlement du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, je pourrais les prendre avec moi.
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* Source : Zukunft...? - Bauer Willi