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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Nouvelles techniques génomiques et « bio » : de qui se moquent-ils ?

10 Août 2023 Publié dans #NGT, #Agriculture biologique, #Activisme

Nouvelles techniques génomiques et « bio » : de qui se moquent-ils ?

 

 

 

 

En bref, les intérêts de la filière « bio », fossilisée dans ses dogmes, fantasmes et contre-vérités, doivent être préservés en interdisant à l'agriculture dite « conventionnelle » de progresser avec des nouvelles variétés plus performantes du point de vue agronomique, économique et environnemental, et de mettre à la disposition des consommateurs des produits meilleurs sur le plan nutritionnel et de la santé. Soumettons donc les produits des NBT aux mêmes règles que les OGM « classiques », issues de la transgenèse, qui furent implicitement conçues pour empêcher leur développement et déploiement.

 

 

Ce communiqué de presse du 1er août 2023 – « Nouveaux OGM : la bio en danger » – nous présente quelques apparentements largement ignorés de la majorité de nos concitoyens : à côté des instances représentatives du monde de l'agriculture biologique (FNAB, Synabio, etc.), il y a... Greenpeace, Générations Futures et OGM dangers.

 

Que ce soit donc bien clair : si Greenpeace roule essentiellement pour lui-même en choisissant des thèmes de campagne susceptibles de faire rentrer des picaillons, Générations Futures roule pour le/la bio (et fait aussi rentrer ainsi des picaillons).

 

 

Oui, la bio est en danger...

 

Non, pas à cause de la proposition de la Commission sur la réglementation des plantes obtenues grâce à de nouvelles techniques génomiques (NGT)... mais à cause de la fossilisation idéologiques qui pèse sur l'agriculture biologique.

 

Les NGT – surtout couplées à d'autres technologies comme les techniques de décryptage de l'ADN – nous promettent de grandes avancées à divers niveaux, de la ferme à la table.

 

Par exemple des variétés de plantes résistantes à des maladies comme ce mildiou qui a fait des ravages considérables cette année dans les vignobles du Bordelais, ou des variétés de pommes de terre ne produisant pas d'acrylamide, classé probablement cancérogène par le CIRC, lors de la cuisson.

 

Aux producteurs et aux consommateurs de produits bio les fondamentalistes diront : « Ah, pas de ça ! Ce sont des OGM ! ». Tant pis pour un itinéraire cultural plus favorable pour les uns, et une meilleure protection de la santé pour les autres...

 

 

...Non, la bio n'est pas en danger

 

Comment effrayer le consommateur ? Ils « perdront en conséquence leur droit à l’information et leur liberté de choisir une alimentation bio et sans OGM », affirment-ils.

 

L'alimentation bio, enfermée dans les remparts des dogmes, n'est absolument pas touchée, c'est une évidence.

 

Le communiqué de presse est de ce point de vue grossièrement mensonger.

 

Quant au « droit à l'information », on est dans le domaine de la demi-vérité, qui est aussi un mensonge.

 

La proposition de la Commission prévoit en effet que les « plantes NGT de catégorie 1 » – qui « pourraient également être produites naturellement ou par sélection conventionnelle » – feraient l'objet d'une déclaration par leurs obtenteurs et d'une confirmation de ce statut par les autorités. Les informations pertinentes seraient également fournies par le biais de l'étiquetage des semences, d'une base de données publique et des catalogues pertinents sur les variétés végétales.

 

Il est vrai qu'il y aura des productions où il n'y aura pas forcément une séparation des filières, par exemple pour le blé, la farine, etc. Toutefois, cette séparation se fera naturellement si les OGMophobes sont suffisamment nombreux pour susciter la mise en place d'un marché spécialisé... aux frais des clients de ce marché et non de la collectivité. Sinon, les OGMophobes pourront toujours se rabattre sur... le bio.

 

La traçabilité se fera naturellement pour les produits qui présentent un avantage nutritionnel qui sera, évidemment, un argument marketing.

 

 

Oui, il y a « Un danger tout particulier pour la filière bio »

 

Bis repetita ! Les plantes issues des NGT représentent un danger considérable pour une filière bio accrochée à ses lubies.

 

 

Non, il n'y a pas « Un danger tout particulier pour la filière bio »

 

Ce constat d'un danger est cependant fait... mais d'une manière très capillotractée. Voici le gloubi-boulga :

 

« La dérégulation des NTG reste une véritable menace pour le secteur de l’agriculture biologique. En effet, ces techniques OGM sont incompatibles avec les principes de la bio, c’est pourquoi elles sont aujourd’hui explicitement interdites en Bio. Cette interdiction qui figure bien dans la proposition de la Commission européenne doit d’une part être maintenue d’ici la validation finale du règlement. D’autre part, cette interdiction doit être rendue possible sans coûts supplémentaires pour les agriculteurs et opérateurs bio pour assurer l’absence de contamination des produits bio. Enfin le plus gros risque demeure, qu’à terme, l’ensemble des semences mises sur le marché soient NTG et empêchent les opérateurs bio de respecter l’interdiction d’utilisation des NTG.

 

On nous ressort l'indestructible épouvantail – largement imaginaire – des contaminations. Et l'indestructible revendication d'une mise à la charge des producteurs conventionnels des frais d'une garantie de virginité des productions bio exigée par les idéologues du bio.

 

Rappelons à cet égard, que l'agriculture biologique a une obligation de moyens, pas de résultats.

 

C'est la première moitié de la dernière phrase qui livre le vrai problème : oui, il est tout à fait possible qu'à terme, toutes les variétés – nouvelles – d'une espèce donnée soient issues directement ou par sélection conventionnelle subséquente, d'une nouvelle technique génomique.

 

On a déjà vu ce « grand remplacement » par le passé, par exemple pour les colzas riches en acide érucique (on en cultive encore pour l'industrie) supplantés par les variétés « zéro » (sans acide érucique, réputées meilleures pour la santé), puis « double zéro » (pauvres en glucosinolates antinutritifs en alimentation animale).

 

Et, en effet, on voit mal pourquoi les producteurs conventionnels se priveraient d'une véritable révolution agronomique (des pommes de terre d'une variété appréciée par les consommateurs résistantes au mildiou, par exemple). Ou pourquoi les consommateurs se priveraient d'un avantage nutritionnel.

 

Implicitement, la revendication est la suivante : pour assurer la compétitivité (relative) du bio, il faut empêcher le progrès génétique – et par conséquent agronomique, technologique et nutritionnel – dans le conventionnel.

 

Notez bien qu'il y a bien des décideurs politiques qui sont, hélas, partants pour une telle entourloupe...

 

Quant à l'hypothèse que « les opérateurs bio » puissent être empêchés « de respecter l’interdiction d’utilisation des NTG », il y a de quoi tomber de sa chaise. On ne les privera pas des variétés « traditionnelles ». Et, si le secteur du bio veut du progrès génétique selon les méthodes « classiques », conformes à son dogme, qu'il organise sa propre filière variétale et semencière !

 

 

Et toujours les prétendues « fausses promesses »...

 

Les contradictions n'étouffent pas les concepteurs de la propagande anti-OGM et anti-NGT de la filière bio et de ses alliés.

 

Après avoir évoqué l'éventualité d'un raz-de-marée de semences et plants issus des NGT, voici l'immortel argument de l'échec des OGM... qui ne peut que sous-tendre la prédiction d'un échec similairement retentissant des NGT.

 

« Les NTG sont une fausse promesse pour répondre aux enjeux de transition agroécologique. Depuis 30 ans, les premiers OGM n’ont ni permis de réduire l’usage des pesticides, bien au contraire, ni d’assurer notre souveraineté alimentaire. En effet, 99% des OGM servent à rendre les plantes tolérantes aux herbicides et/ou à produire des protéines insecticides. Ce sera pareil avec les nouveaux OGM (NTG). [...] »

 

Il y a une partie qui est exacte pour le France, l'Union Européenne et une partie du monde : les OGM n'ont pas permis... parce que le militantisme anti-OGM et la pusillanimité des décideurs politiques ne leur a pas permis d'apporter les bénéfices réels et potentiels.

 

 

...et toujours d'autres fausses promesses

 

C'est un invariant des sermons religieux : après la description de l'enfer, voici le paradis :

 

« A l’inverse, l’agriculture bio est une solution fondée sur le vivant, crédible et éprouvée. [...] »

 

Mais, à part le fait que la bio est fondée sur le vivant... tout comme l'agriculture conventionnelle, les allégations sont téméraires, sinon mensongères.

 

Non, la bio n'est pas favorable à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ni à la santé des sols et de la biodiversité, surtout si on raisonne à l'échelle des unités de produit.

 

 

Un catalogue de revendications à la Prévert

 

La demande d'interdiction des produits issus des NGT n'étant pas salonfähig, ou bankable, la technique éprouvée a consisté à revendiquer un véritable apartheid susceptible de mener à l'exclusion des produits issus des NGT du paysage français.

 

Il faut donc, notamment, « [r]endre obligatoire la traçabilité et l’étiquetage des NTG, au même titre que les autres OGM » et « [m]aintenir l’évaluation des risques des NTG ».

 

Tout en mettant en place – aux frais de la princesse... oups ! du contribuable – des dispositifs censés protéger l'agriculture biologique, par exemple, « [g]arantir la disponibilité de l’information sans surcoût pour les opérateurs bio » et « [i]ntroduire des mesures de coexistence efficaces qui n’incombent pas au secteur biologique, notamment un fond d’indemnisation en cas de contaminations par les sociétés de biotechnologie ».

 

Notez bien le « par les sociétés de biotechnologie »... l'anticapitalisme est un élément incontournable du discours.

 

Dans ces revendications, il en est qui sont déjà satisfaites dans le projet de règlement de la Commission Européenne – s'agissant de l'information par exemple.

 

Mais faire l'âne est une stratégie gagnante : on montre aujourd'hui à sa clientèle qu'on se démène – et demain qu'on a obtenu un succès.

 

 

Les communicants ont, semble-t-il, piscine. (Source)

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F
La filière bio voit surtout un danger dans... la concurrence des produits conventionnels. Comme dans la pétition des marchands de chandelles de Bastiat, la filière bio se précipite vers les autorités pour réclamer des mesures absurdes dont l'unique objectif est de lui donner un avantage concurrentiel indu.<br /> <br /> https://www.wikiberal.org/wiki/P%C3%A9tition_des_fabricants_de_chandelles
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