Agrochimie : il est déjà possible de réduire d'un quart les traitements phytosanitaires

Agrochimie : il est déjà possible de réduire d'un quart les traitements phytosanitaires

Norbert Lehmann, AGRARHEUTE*

© IMAGO/Countrypixel

Les agriculteurs allemands ont acheté beaucoup moins d'engrais minéraux en 2021/22 en raison des prix très élevés. En revanche, les ventes de produits phytosanitaires ont augmenté d'environ 18 pour cent l'année dernière, notamment en raison des achats pour la constitution de stocks.

Des engrais neutres pour le climat et beaucoup moins de produits phytosanitaires, c'est possible, affirme l'industrie. Mais la politique doit aider.

© IVA/Martin Joppen

Pour une agriculture plus durable, le président de l'Association de l'Industrie Agricole (IVA) Michael Wagner mise avant tout sur les innovations et non sur les interdictions et les obligations rigides.

Moins d'interdictions générales et de contraintes rigides, plus de soutien aux innovations telles que la protection biologique des cultures, l'ammoniac vert et la numérisation, voilà ce que l'industrie des produits phytosanitaires et des engrais souhaite de la part des politiques. Ce n'est qu'à cette condition que la transformation de l'agriculture vers plus de durabilité réussira, a déclaré le 3 mai 2023 M. Michael Wagner, président de l'Association de l'Industrie Agricole (IVA), lors de la conférence de presse annuelle de l'association à Francfort.

« Près d'un quart des produits phytosanitaires utilisés pourraient théoriquement être économisés dès maintenant – sans perte de rendement – si tous les agriculteurs travaillaient avec les technologies les plus modernes et une application localisée », a déclaré M. Wagner. Pour cela, il ne faut pas seulement des subventions pour l'achat de nouvelles machines, mais aussi plus de formation et de conseil. C'est là que M. Wagner voit un défi pour l'État.

Les grossistes et les agriculteurs font des achats anticipés de produits phytosanitaires

© IVA

L'année dernière, le chiffre d'affaires des produits phytosanitaires a augmenté en Allemagne de près d'un cinquième pour atteindre 1,43 milliard d'euros. Les prix plus élevés et les achats pour la constitution de stocks y ont contribué.

M. Wagner a promis que l'industrie phytosanitaire européenne apporterait sa contribution à la transformation de l'agriculture vers plus de durabilité. Pour ce faire, le secteur investit des milliards dans le développement de produits phytosanitaires biologiques ainsi que dans l'agriculture numérique et de précision.

Selon l'IVA, les ventes de produits phytosanitaires en Allemagne n'ont toutefois pas diminué l'année dernière, mais ont augmenté de 18,8 pour cent en valeur pour atteindre 1,43 milliard d'euros.

M. Wagner a toutefois mis en garde contre une interprétation erronée selon laquelle les agriculteurs auraient à nouveau utilisé nettement plus de produits phytosanitaires. Selon le directeur de BASF, le moteur de cette évolution a été le fait que de nombreux agriculteurs ont anticipé leurs achats par crainte d'une pénurie de produits. De plus, les stocks dans le commerce de gros ont augmenté de 40 pour cent par rapport à l'année précédente.

La politique doit faciliter les innovations écologiques dans la protection des plantes

Pour une protection des plantes plus respectueuse de l'environnement, l'industrie souhaite que les politiques facilitent l'autorisation des produits phytosanitaires biologiques. Actuellement, les produits dits biologiques sont évalués selon les mêmes critères que les substances actives chimiques.

Les entreprises de l'IVA demandent ici une évaluation des risques adaptée et des lignes directrices contraignantes à l'échelle européenne. L'objectif doit être d'autoriser plus rapidement les produits phytosanitaires biologiques.

En ce qui concerne le nouveau règlement européen prévu pour la protection durable des plantes (SUR), l'IVA estime qu'il est urgent de remanier la proposition de la Commission. Selon elle, l'objectif du règlement doit être de réduire les risques et non les quantités. Selon l'IVA, l'indice de risque harmonisé (HRI 1) de l'utilisation des produits phytosanitaires dans l'UE a déjà diminué de près de moitié au cours des dix dernières années.

Les agriculteurs freinent des quatre fers en ce qui concerne les engrais minéraux

Les ventes d'engrais minéraux aux agriculteurs allemands ont nettement diminué au cours de l'année de fertilisation 2021/22. La combinaison d'une sécheresse généralisée et de prix des engrais très élevés en est la cause. Selon l'IVA, les prix des macronutriments ont augmenté de 60 pour cent pour la potasse et de 175 pour cent pour l'azote.

Les ventes d'azote, le nutriment le plus important, ont donc baissé de 13,4 pour cent par rapport à l'année précédente pour atteindre 1,097 million de tonnes. Les ventes de phosphates ont chuté de 40 pour cent pour atteindre seulement 114.000 tonnes. En l'espace de deux ans, les ventes de phosphates ont ainsi été réduites de plus de moitié. Avec 305.800 tonnes, les ventes d'engrais potassiques ont baissé d'environ un tiers pour atteindre le niveau le plus bas des dix dernières années.

L'IVA observe que les agriculteurs remplacent de plus en plus les engrais minéraux par des engrais organiques comme le lisier.

La demande d'engrais devrait repartir à la hausse en 2023

Actuellement, les ventes d'engrais azotés de juillet 2022 à février 2023 sont à nouveau inférieures de 20 pour cent au niveau de la même période de l'année précédente.

M. Marco Fleischmann, président du département de nutrition végétale de l'IVA, s'attend toutefois à une augmentation de la demande d'engrais minéraux de la part des agriculteurs pour le reste de l'année. D'une part, les prix des engrais ont considérablement baissé, et d'autre part, les agriculteurs ont besoin de rattraper leur retard.

Les bonnes conditions de croissance de la saison en cours laissent également présager une augmentation de la demande d'engrais. En ce qui concerne les ventes de produits phytosanitaires, M. Wagner s'attend à une quantité plutôt en baisse en 2023.

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* Norbert Lehmann travaille depuis plus de 25 ans comme journaliste spécialisé. Après des études d'économie agricole à Bonn, le service de presse et d'information Agra-Europe a été sa première étape professionnelle. Il a fait de fréquents séjours à Bruxelles en tant que correspondant. Ensuite, activités au sein du groupe d'édition Handelsblatt, dans les relations publiques scientifiques ainsi qu'en tant qu'indépendant. Depuis 2012, il travaille au dlv, en dernier lieu en tant que chef de la rubrique Management & Markt à la rédaction d'AGRARHEUTE.

* Source : Agrarchemie: Ein Viertel weniger Pflanzenschutz schon jetzt möglich | agrarheute.com