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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Charles III a beau être roi, il reste pour moi le cancre de Galles

6 Mai 2023 Publié dans #Divers

Charles III a beau être roi, il reste pour moi le cancre de Galles

 

Henry I. Miller, ACSH*

 

 

Image : Wikimedia commons

 

 

Ma note : Le titre anglais joue sur l'homophonie relative de « prince » et « dunce » (dunce cap = bonnet d'âne). « Not-so-bonnie King Charles » est (sans doute) une allusion historique à Charles Édouard Stuart (Bonnie Prince Charlie), « bonnie » signifiant « beau » ou « béni » en scots.

 

 

L'opposition de longue date du roi Charles III au génie génétique est malavisée et peu constructive. Les modifications génétiques permettent depuis longtemps d'améliorer les produits, de les rendre plus sûrs et moins chers.

 

 

Alors qu'il était prince de Galles, le roi Charles a montré à plusieurs reprises qu'il était victime de la consanguinité qui a frappé les familles royales d'Europe pendant des siècles : la faiblesse d'esprit. Dans une interview au Telegraph, celui qui était à l'époque le cancre de Galles a déclaré sans équivoque et sans ambages – et complètement à côté de la plaque – que les multinationales de l'agroalimentaire constituaient une « expérience gigantesque, je pense, avec la nature et l'ensemble de l'humanité, qui a gravement échoué. » Et de demander de manière rhétorique : « Sinon, pourquoi sommes-nous confrontés à tous ces défis, au changement climatique et à tout le reste ? »

 

Not-so-bonnie King Charles – le pas si beau roi Charles – a déclaré qu'il rejetait l'idée selon laquelle les modifications génétiques ne font qu'étendre ou affiner les « méthodes traditionnelles d'amélioration des plantes ». Il est convaincu que ces pratiques « appartiennent à Dieu, et à Dieu seul ». Et si les simples mortels persistent dans leurs efforts malavisés, il soutient qu'ils devraient séparer et étiqueter les « produits génétiquement modifiés ».

 

Le roi Charles ne connaît pas grand-chose au génie génétique des plantes, entre autres choses. Tout d'abord, la modification génétique n'est pas un phénomène nouveau. Les plantes et les micro-organismes sont depuis longtemps améliorés génétiquement par mutation et sélection et utilisés pour fabriquer des produits biotechnologiques aussi variés que le yaourt, la bière, les cultures céréalières, les antibiotiques, les vaccins et les enzymes (pour des applications telles que les détergents et la transformation des aliments).

 

 

(Source)

 

 

Depuis des décennies, grâce aux techniques conventionnelles de modification génétique, les gènes ont été largement transférés au-delà des « frontières naturelles de la reproduction » pour produire des plantes alimentaires courantes telles que l'avoine, le riz, le cassis, la citrouille, la pomme de terre, la tomate, le blé et le maïs. Ces plantes, qui sont « génétiquement modifiées » selon toute définition raisonnable, ne se trouvent pas simplement dans des laboratoires ou des parcelles d'essai, mais sont les fruits, légumes et céréales que les consommateurs achètent au supermarché local, chez le marchand de légumes ou à la ferme.

 

Les techniques de la « nouvelle biotechnologie » – épissage de gènes, édition de gènes, cultures de tissus, etc. – permettent essentiellement d'accélérer et de cibler avec une plus grande précision et prévisibilité les types d'amélioration génétique qui ont longtemps été réalisés avec d'autres méthodes. Selon un consensus scientifique mondial, la nouvelle biotechnologie réduit encore davantage le risque déjà minime associé à l'introduction de nouvelles variétés de plantes dans l'approvisionnement alimentaire et réduit l'érosion des sols, les émissions de CO2 et l'utilisation de pesticides, tout en augmentant les rendements.

 

L'utilisation de ces techniques sophistiquées rend le produit final encore plus sûr, car il est possible d'introduire des morceaux d'ADN qui ne contiennent qu'un ou quelques gènes bien caractérisés, ou simplement de modifier des gènes déjà présents. En revanche, les anciennes techniques génétiques transfèrent ou font muter un nombre variable de gènes de manière aléatoire. Les utilisateurs des nouvelles techniques peuvent donc être plus sûrs des caractéristiques qu'ils introduisent dans les plantes. Les Américains ont consommé des milliards de portions d'aliments génétiquement modifiés, sans qu'aucune personne n'ait été atteinte dans sa santé ou qu'aucun écosystème n'ait été perturbé. En revanche, au moins cinq produits obtenus par des techniques traditionnelles (deux courges, deux pommes de terre et une variété de céleri) présentaient des niveaux de toxines dangereux et ont causé des troubles, voire des décès.

 

Bien que la sécurité des aliments issus de l'épissage et de l'édition de gènes soit exemplaire, quelques groupes de pression anti-technologie – rejoints par celui qui était alors le prince Charles – ont fait pression pour que l'étiquetage révèle l'utilisation de techniques d'épissage de gènes. Un tel étiquetage augmente considérablement le coût des aliments transformés à base de fruits et légumes frais. Les coûts précis varieraient en fonction du produit, mais, par exemple, une entreprise utilisant une tomate génétiquement épissée, plus solide et moins aqueuse (ce qui est plus favorable à la transformation) aurait des coûts supplémentaires pour séparer le produit à tous les niveaux de la plantation, de la récolte, de l'expédition, de la transformation et de la distribution. Des étiquettes devraient être apposées sur les soupes de légumes, indiquant la présence de tomates, de pommes de terre ou d'autres produits issus d'un épissage génétique.

 

Les coûts de production supplémentaires constituent un désavantage particulier pour les produits sur ce marché concurrentiel à faible marge bénéficiaire. Les réglementations inutiles et arbitraires constituent, en fait, une taxe punitive sur les produits ou les activités réglementés, ce qui, à son tour, décourage leur développement et leur utilisation. Les consommateurs, dont les prix seraient augmentés et les choix réduits par cette taxe réglementaire, seraient bien mieux servis si l'industrie consacrait ses ressources à la recherche et au développement pour créer de nouveaux produits plus sûrs.

 

En fin de compte, les réserves du roi Charles à l'égard des nouvelles biotechnologies laissent perplexe. Elles semblent découler d'un manque de perspective sur la généalogie (un sujet qui ne devrait pas manquer d'intéresser quelqu'un dont la seule prétention à la distinction est sa lignée). Boycotterait-il ou demanderait-il un étiquetage spécial pour l'hybride génétique que nous appelons tangelo (un croisement entre une mandarine et un pomelo) ? Ou des pêches mutantes que nous appelons nectarines ?

 

Les opposants à la biotechnologie devraient également être conscients que les retards ou les limitations dans l'utilisation des produits issus de l'épissage génétique sont ceux qui font le plus souffrir les pauvres. Parce que les achats de nourriture représentent une part disproportionnée de leur budget, les personnes à faible revenu sont les plus durement touchées par la hausse des prix à la consommation, qui peut être réduite grâce à des processus de production biotechnologiques plus efficaces.

 

La controverse sur la biotechnologie n'est pas un simple exercice intellectuel, mais une lutte réelle pour la disponibilité de produits qui prolongeront et enrichiront la vie et nourriront la population croissante de la planète, et pour la capacité des consommateurs à exprimer leur choix sur le marché.

 

L'innovation technologique, qu'elle prenne la forme de meilleures tomates, d'ordinateurs plus rapides ou de vaccins plus efficaces, se produit le plus souvent par petites étapes, presque imperceptibles. Si les caractéristiques d'un nouveau produit sont attrayantes et que son prix est correct, il réussit à s'imposer sur le marché, ce qui stimule encore davantage l'innovation. Ironiquement, certains des légumes produits biologiquement par le Prince Charles ont échoué à ce test : tellement déformés et repoussants qu'ils n'étaient pas commercialisables et ont dû être donnés à des écoles locales.

 

Sa Majesté devrait essayer la nouvelle biotechnologie avant de lui lancer une autre tomate.

 

Remarque : une version antérieure de cet article a été publiée par The Guardian en 2008.

 

______________

 

Henry I. Miller, médecin et biologiste moléculaire, est le Glenn Swogger Distinguished Fellow de l'American Council on Science and Health. Ses recherches portent sur les politiques publiques en matière de science, de technologie et de médecine, dans un certain nombre de domaines, notamment le développement pharmaceutique, le génie génétique, les modèles de réforme réglementaire, la médecine de précision et l'émergence de nouvelles maladies virales. Le Dr Miller a travaillé pendant quinze ans à la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis, où il a occupé plusieurs postes, notamment celui de directeur fondateur de l'Office of Biotechnology.

 

Source : Charles III Might Be King, but He’s Still the Dunce of Wales to Me | American Council on Science and Health (acsh.org)

 

 

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F
Charles III roi des écolos bobos…
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H
Un roi écolo qui veut sauver la planète et invite tout le monde à se serrer la ceinture et à faire des efforts de sobriété.<br /> C'est sûr qu'avec 5 millions d'euros d'argent de poche par an, (tous frais de fonctionnement luxueux et impôts déduits), sa vision de la sobriété n'est forcément pas la même que la nôtre.<br /> <br /> Et pour ceux qui ne le savent pas, l'essentiel de la fortune de l'aristocratie britannique ne résulte aucunement du travail courageux ou novateur de ses membres mais réside dans le système inique des bails emphytéotiques de 99 ans. C'est à dire que tous les 99 ans, l'aristocratie rentre en possession des biens immobiliers (terres et bâtiments) vendus 99 ans auparavant par ses ancêtres, augmentés de leurs améliorations et les revend une nouvelle fois pour 99 ans ! Inutile de dire que le système alimente un marché immobilier aux prix vertigineux vu de France.<br /> <br /> Et comme en l'absence d'une vraie révolution en Grande Bretagne, l'essentiel du foncier est resté en possession de l'aristocratie, on comprend pourquoi les Britanniques se ruent en France, Espagne ou Portugal pour acheter quelque chose qui leur appartient vraiment et à un prix "normal".On peut comprendre également pourquoi l'immigration Britannique fut si forte dans les siècles passés, c'était le seul espoir de devenir vraiment propriétaire et améliorer leur condition pour des millions de gens.
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