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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Stockage agricole du carbone (« carbon farming ») : qu'est-ce que ça rapporte aux agriculteurs ?

31 Janvier 2022 Publié dans #Agronomie, #Climat, #Politique

Stockage agricole du carbone (« carbon farming ») : qu'est-ce que ça rapporte aux agriculteurs ?

 

Willi l'agriculteur*

 

 

 

 

Willi l'agriculteur présente un compte rendu d'une conférence sur le « carbon farming » – un néologisme qui désigne une agriculture qui capte et séquestre le carbone dans le sol. Il y a des traductions françaises qui ne me satisfont pas, « agriculture du carbone » et « agriculture carbone » et « culture du carbone ». La Commission Européenne, qui a enfourché ce cheval et produit une communication (en anglais, version française à partir d'ici), emploie un génie de la traduction qui a utilisé « stockage agricole du carbone ». La traduction allemande est extravagante : « klimaeffiziente Landwirtschaft ».

 

On rappellera ici que « regenerative agriculture » et des expressions similaires ont été détournés par une organisation qui fait en réalité la promotion de l'agriculture biologique, bien sûr en ratissant large.

 

Le début paraîtra aride... il fallait bien présenter les intervenants. Ça s'anime par la suite.

 

 

Je me fais vieux. Hier, j'ai mis en lien une manifestation du Deutscher Bauernverband (DBV – association allemande des agriculteurs) qui n'aura lieu que le 27 janvier [l'article original est daté du 26 janvier 2022]. Mais comme j'avais gardé la plage de temps libre, j'ai suivi une partie de la manifestation sur la neutralité climatique et le carbon farming qui s'est tenue aujourd'hui. M. Pingen l'a très bien animée. Voici le lien, et sous la vidéo, mon résumé.

 

La discussion commence à partir d'environ 1:20:55, avant il y a encore deux exposés. L'exposé du professeur Windisch à partir de la minute 37 est très intéressant, notamment pour les éleveurs. Il y est question d'empreintes, de concurrence alimentaire et de la question de savoir à quel point l'alimentation végane est durable. Avec des conclusions qui étaient nouvelles pour moi.

 

 

On peut afficher le sous-titrage. On peut aussi obtenir toute la transcription en cliquant sur les trois points à droite sous la vidéo et faire traduire en anglais (clic droit sur le texte de la transcription qui s'affiche à gauche de la vidéo, puis milieu de la fenêtre) ou copier le texte dans un outil de traduction, DeepL par exemple, mais ce n'est pas terrible).

 

D'abord les participants :

 

  • Dr Robert Gerlach, CEO Klim

  • Eberhard Hartelt, président de l'Association des Agriculteurs et Viticulteurs de Rhénanie-Palatinat Sud et responsable de l'environnement de l'Association Allemande des Agriculteurs

  • Christian Holzleitner, chef d'unité, Direction Générale de la Politique Climatique, Commission Européenne

  • Bernhard Osterburg, directeur des services Sol et Climat de l'Institut Thünen

  • Dr Manuela Rottmann, Secrétaire d'État parlementaire auprès du Ministre Fédéral de l'Alimentation et de l'Agriculture.

 

Voici maintenant mon résumé, très subjectif il est vrai :

 

A peu près tous les participants ont une idée différente de la question de savoir si et comment la neutralité climatique est possible dans l'agriculture. Il est probable que ce ne soit pas possible.

 

M. Gerlach, de la société Klim, a un modèle commercial pour gagner de l'argent avec le thème de la « durabilité ».

 

M. Holzleitner, chef d'unité à Bruxelles, a fait de la publicité pour les Ecoschemes, qu'il a affichés à chaque occasion appropriée. Il n'a pas vraiment su apporter sa contribution sur le thème du carbon farming.

 

M. Osterburg était à mes yeux le seul véritable expert qui pouvait en outre transmettre ses connaissances de manière compréhensible. Outre les avantages, il a également présenté les inconvénients. L'un d'entre eux est le suivant : si je reçois aujourd'hui un crédit de 60 € par tonne de CO2 fixé dans l'humus, mais que j'exploite ensuite cet humus, la logique voudrait que je rembourse cet argent. Mais la tonne pourrait alors valoir 120 €. Cela m'a fait réfléchir.

 

Mme Rottmann s'est demandé comment on choisit les paramètres et comment on les mesure. Pour l'humus, ce n'est pas rien. Je sais, grâce à mes propres échantillons de sol, que les valeurs mesurées peuvent varier considérablement d'un laboratoire à l'autre. La question du financement n'a pas reçu de réponse concluante. Bon, elle n'est en fonction que depuis quelques semaines. On n'est pas obligé de tout savoir, mais on peut aussi l'admettre honnêtement.

 

J'ai beaucoup apprécié les propos de M. Hartelt, qui a parlé en quelque sorte en mon nom : « On ne sait pas encore très bien comment installer le carbon farming, quels en sont les paramètres, quand et s'il est vraiment efficace et donc pertinent pour le climat. »

 

Si j'avais su avant, j'aurais pu m'épargner cette heure. Mais c'est quand même bien d'en avoir parlé.

 

Ah oui : où trouver l'argent ? Je ne sais pas...

 

_____________

 

 

* Source : Carbon Farming - was bringt es den Bauern? - Bauer Willi

 

Ma note : L'agriculture qui stocke du carbone dans le sol – quelle que soit la désignation de la méthode – est une évolution agronomique majeure. Une usine à gaz économique est en revanche plus discutable, surtout s'il s'agit de permettre à d'autres d'émettre du CO2, en toute bonne conscience, en contrepartie du stockage par l'agriculture.

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