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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Dans le Monde : ils se catapultent sur orbite pour dire qu'il y a urgence à (re)toucher terre !

18 Janvier 2021 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information

Dans le Monde : ils se catapultent sur orbite pour dire qu'il y a urgence à (re)toucher terre !

 

 

 

 

Les tribunes se succèdent dans le Monde, sur les pages Planète et Idées.

 

Dans le concours des plus grosses inepties, un « collectif » a fait très fort avec « Il y a urgence à reconnecter notre économie aux réalités de cette nature au bord de l’épuisement » – titre sur la toile le 29 décembre 2020 – et Face aux crises écologique, économique et sociale, la nécessité de (re)toucher terre – titre dans l'édition papier datée du 30 décembre 2020 (texte complet ici).

 

Les signataires en sont :

 

« Eric Andrieu, député européen ; Ninon Bardet, ingénieur culturel ; Marle-France Barrier, réalisatrice et fondatrice de Des enfants et des arbres ; Beaujolais vert votre avenir, réseau de communes ; Philippe Bertrand, journaliste à France Inter ; Yann Bouffin, maire. de Callen (Landes) ; Vves Cochet, ancien ministre de l'environnement, président de l'Institut Momentum ; Emmanuelle Coratti, présidente de Back to Earth ; Guillaume Dherissard, directeur général de Fermes de Figeac ; Claire Desmares-Poirrier, paysanne, activiste de la ruralité positive ; Damien Deville, géographe et anthropologue ; Sylvain Dumas et Raphaël Boutin Kuhlmann, gérants de Villages vivants ; Alexis Durand Jeanson, chercheur associé de Prima terra ; Guillaume Faburel, professeur à Lyon-II et à Sciences Po Lyon ; Bernard Farinelli, auteur ; Charles Fournier, vice-président de la région Centre-Val de Loire ; Gilles Fumey, chercheur au CNRS ; Kristina Hakala, chargée de communication à 358°; Christophe Lavelle, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle et au CNRS ;La Traverse, collectif ; Eric Lenoir, paysagiste et essayiste ; Paule Masson, autrice et journaliste ; Julien Mezzano, délégué général dé l'Association nationale nouvelles ruralités ; André Micoud, sociologue ; Sophie Mignard, élue d'Argentat-sur-Dordogne ; Jean-Vves Pineau, directeur des Localos ; Nathalie Pinel, gérante de Cohéo ; Maxime de Rostolan, fondateur de Fermes d'avenir et de Blue Bees ; Bernard Rouchaléou, ancien professionnel du développement rural ; Cédric Szabo, directeur de l'Association des maires ruraux de France ; Hélène Talion, géographe ; Dominique Valentin, fondateur de Vivrovert. »

 

L'ordre alphabétique s'ouvrant avec l'eurodéputé Éric Andrieu, on ne pouvait que s'attendre à quelques critiques « bien senties » de cette agriculture qui nous nourrit. Elles sont implicites, comme cette référence dans un des titres à « cette nature au bord de l’épuisement »... Ils nous épuisent avec leurs folles exagérations !

 

En résumé, c'est en partie une parodie lourdingue de l'aphorisme d'Alphonse Allais, « Il faudrait construire les villes à la campagne, l'air y est plus sain ». Pour l'autre partie, on peut hésiter entre Pétain et les Khmers Rouges.

 

Selon le chapô :

 

« Alors que la crise sanitaire a démontré la fragilité de notre modèle agricole, un collectif de personnalités plaide pour un nouveau pacte entre villes et campagne et invite à repenser notre relation à la terre. »

 

Ça, c'est le résumé du Monde, d'un Monde aveuglé par son idéologie. On tombe des nues ! La crise sanitaire a plutôt démontré la résilience de notre « modèle agricole » ! Nombreux ont été les intervenants dans le débat public – à commencer par le Président de la République – à remercier les agriculteurs et plus généralement la filière agroalimentaire pour leur performance au plus fort de la crise.

 

Pour les auteurs, l'entrée en matière est plus générale :

 

« Le Covid-19 aura eu au moins un mérite : révéler au plus grand nombre la vulnérabilité de notre système et rendre manifeste l’urgence de proposer de nouveaux modèles de production et de vivre-ensemble, plus résilients, porteurs de sens, créateurs de richesses et de solidarités. Face aux crises écologiques, économiques et sociales s’impose une évidence : la nécessité de (re)toucher terre. Un retour à la terre que nous entendons au sens large, c’est-à-dire repenser les relations ville-campagne, reconnecter notre société hors-sol au vivant et redonner une place centrale à l’agriculture et aux paysans. »

 

Les mots creux, en principe pleins de sens, sont alignés en chapelet...

 

« Le modèle urbain consumériste arrive en bout de course. Cette impasse invite à changer de regard sur la ruralité. […] Les nouveaux modes de travail et les technologies rendent aujourd’hui possible un exode urbain. […] Mais pour que ce phénomène soit une véritable opportunité, il doit faire l’objet de "politiques d’accueil". Et inversement, les projets des néoruraux doivent s’inscrire dans le respect des spécificités et des besoins locaux. […]

 

C'est tout joli beau... Mais cela se heurte par exemple à l'acharnement de quelques ruraux du week-end qui viennent d'intenter un pourvoi devant le Conseil d'État contre le projet d'installation d'un agriculteur à Adainville dans les Yvelines. Après le coq Maurice sur l'île d'Oléron, les grenouilles dans une mare en Dordogne...

 

Le lyrisme est d'une naïveté touchante. Par exemple :

 

« Loin des congestions automobiles et du stress, agriculteurs, entrepreneurs, associations, artistes et collectivités inventent chaque jour d’autres façons de produire, de travailler, d’habiter. Ils refont battre le cœur des villages, mettent de la poésie dans nos vies, permettent la résilience alimentaire et économique, mettent les gens en relation et ouvrent à de nouvelles solidarités. »

 

C'est à se demander comment la crise des « gilets jaunes » a pu embraser les campagnes...

 

 

(Source)

 

 

La suite ?

 

« Ce foisonnement d’expériences offre une occasion pour les campagnes de jouer un rôle politique fort dans la construction du monde de demain et invite à penser de nouveaux équilibres territoriaux. Oui, les campagnes qualifient les villes aujourd’hui ! [sic] Nous plaidons pour un nouveau pacte ville-campagne qui favoriserait les complémentarités et les mises en cohérence plutôt que l’irresponsable "laisser-faire" libéral. »

 

Un « laisser-faire » et, en plus, « libéral » ? Quand les projets d'aménagement publics et de développement économique privés sont soumis à des bureaucraties dignes de la maison qui rend fou des « Douze travaux d'Astérix » et à des procédures judiciaires interminables ?

 

Un « rôle politique fort » (pour une population devenue minoritaire, au moins jusqu'à tant qu'on n'ait pas réédité la politique de Pol Pot) ?

 

Oui, mais sous la bienveillante direction et selon les instructions d'une bien-pensance urbaine ou « bourgeoise » suffisamment cossue pour plaider la décroissance avec un lyrisme effréné :

 

« Car non, le monde d'après ne pourra pas être celui de la croissance verte. Il y a urgence à reconnecter notre économie et nos comptabilités aux réalités de cette nature au bord de l'épuisement. Pour forger cette nouvelle économie, il est une loi que l'on ne criera jamais assez fort : moins de biens, plus de liens ! Nous devons sortir de la religion du "je con- somme, donc je suis", pour proposer un changement de paradigme : une société de l'être, de la nature, de la simplicité heureuse d'être connecté au vivant, humain et non humain. [...] »

 

Après la séquence que l'on peut qualifier d'« Yves Cochet », voici la transition vers la séquence « Éric Andrieu et Maxime de Rostolan ». Les agriculteurs auraient un rôle majeure à jouer « dans le monde à venir... » Mais c'est qualifié de manière plutôt curieuse : « ...concernant la transmission de leurs savoirs mais aussi la résilience de nos modèles. »

 

Mais ne nous offusquons pas trop :

 

« Il convient de reconnaître leur valeur fondamentale. »

 

Selon l'intertitre qui suit, il convient aussi de « Redonner sa place à l'agriculture locale ». Quésaco ? Implicitement se claquemurer à l'intérieur de nos frontières.

 

La France serait vulnérable, en particulier au niveau de son autosuffisance alimentaire. Nous ne contesterons pas vraiment : des forces sont à l'œuvre en France pour saper notre compétitivité.

 

Après une nouvelle envolée lyrique s'esquisse la France agricole honnie du présent et applaudie du futur :

 

« La France conserve des ressources, mais la production n'est aujourd'hui organisée que dans une logique industrielle d'exportation. Il est temps pour notre pays de questionner son modèle et de refaire de la question agricole et de l'autosuffisance alimentaire des priorités absolues. »

 

Ah cette France, terre de paradoxes ! Être vulnérable en matière d'alimentation tout en ayant une agriculture axée sur l'exportation... et « dans une logique industrielle »...

 

Ah ! « La terre, elle ne ment pas ! »

 

« Pour redonner au secteur dit "primaire" sa place première, plusieurs défis attendent notre pays : repenser les stratégies alimentaires et agricoles en renforçant la résilience locale, la justice environnementale et la justesse économique, et favoriser le développement d'une nouvelle génération d'agriculteurs, plus "paysans" qu'exploitants agricoles. Ce nouveau contrat écologique et social, cette reconnexion à la terre, ces nouvelles relations ville-campagne, l'autonomie des territoires et leurs capacités à offrir aux populations des lieux de vie désirables doivent s'inscrire dans un projet politique qui doit s'affranchir de toute logique partisane. Nous l'appelons de nos vœux, il en va de notre survie. »

 

Ah ! « ...une nouvelle génération d'agriculteurs, plus "paysans" qu'exploitants agricoles »... Bienvenue à la ferme de Martine ou de Sylvain et Sylvette...

 

Cette tribune est une belle envolée qui démontre que les auteurs ne touchent pas terre...

 

 

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F
Quel lyrisme dégoulinant... sont ils conscients de leur degré de ridicule grandiloquent ? Tout cela serait comique si ce n’était pas pour faire la promotion de la “décroissance” qui est un euphémisme pour “appauvrissement”.
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M
Ce qui est marrant avec ce collectif voulant un modèle décroissant, porche de la nature ou tout le monde vivrait dans un campagne idyllique magique, c'est les partenariat qu'ils ont avec des banques et des grands groupe (carrefour, suez, engie, etc) et bien sur l'anthroposophie (la Nef). <br /> <br /> https://villagesvivants.com/nous-connaitre/notre-reseau/<br /> https://www.prima-terra.fr/p/ils-deviennent.html<br /> https://fermesdavenir.org/nos-partenaires<br /> https://bluebees.fr/fr/partner/all<br /> https://villagesvivants.com/forum-des-ruralites-engagees/les-participants/<br /> <br /> On retrouve aussi derrière certaine d'entre elle terre de liens fiancé par biocoop et léa nature et qui à de fort liens avec l'anthroposophie.<br /> <br /> https://terredeliens.org/entreprises-partenaires.html<br /> https://terredeliens.org/associations.html<br /> <br /> Pour un groupe à tendance anti-capitaliste et anti-conflit d'intérêt, ça manque de cohérence. Ou ça sent plutôt l'hypocrisie.<br /> <br /> C'est aussi rigolo de voir Maxime de Rostolan qui après l'échec prévisible de ferme d'avenir se permet de continuer de donner des leçons sur l'agriculture.
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J
J'en peux plus de ce verbiage post-industriel qui cherche à tout prix à revenir au monde PRE-industriel idéalisé et qui s'insinue partout, à défaut d'avoir le moindre rapport avec le monde réel.
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