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Faut-il pénaliser les discours anti-vaccins et le refus de vacciner ?
Les leçons de l'épidémie de rougeole aux Îles Samoa : quand l'irresponsabilité d'un seul provoque une crise sanitaire nationale
Non, elle ne sourit pas, elle pleure la perte de son enfant, emporté par la rougeole.
Le vendredi 6 décembre 2019, France 2 a diffusé un reportage édifiant dans son journal de 20 heures. C'est : « ROUGEOLE : les îles Samoa en état d’urgence » sur Youtube :
« Dans les rues des îles Samoa, inhabituellement silencieuses, des drapeaux rouges devant les maisons indiquent aux équipes sanitaires les foyers qui n'ont pas encore reçu de vaccin. Les commerces, les écoles, ou les bâtiments publics sont fermés jusqu'à nouvel ordre. Et les seuls endroits désormais où les habitants s'amassent en ville sont les points de vaccination. La priorité est donnée aux enfants. Ce sont les premières victimes de l'épidémie, car les plus exposés. 54 enfants de moins de 4 ans sont déjà morts en moins de deux mois. "On ne sait pas quoi faire. On ne sait pas comment accepter ça", avoue une femme dont la fille a été emportée par la rougeole. Plus de 4 000 cas ont déjà été recensés sur une population de 200 000 habitants. 19 enfants sont hospitalisés et dans un état critique. Alors certains habitants ont choisi de se claquemurer, par crainte d'être contaminés. "Je garde mes enfants à la maison par sécurité. J'ai acheté des jouets pour qu'ils ne soient pas tentés d'aller trop loin", précise un père de famille. »
Ce n'est que le début du texte, auquel il manquait une chose : un appel à se faire vacciner – et à faire les rappels – pour ceux qui ne le sont pas... en France.
Notre titre est un peu simpliste, car il y a trois sortes d'irresponsables dans cette affaire.
Premièrement, les antivax qui, dans ce cas précis, se seraient servi du décès d'un bébé pour mener campagne... comme d'habitude... post hoc, ergo propter hoc.
(Source)
Le Monde rapporte dans « Aux Samoa, drapeaux rouges et services publics à l’arrêt pour lutter contre une épidémie de rougeole » :
« Et selon les estimations de l’Unicef et de l’OMS, énoncées dans un rapport rendu public jeudi, "la couverture vaccinale au Samoa a chuté de 58 % en 2017 à seulement 31 % en 2018, en grande partie à cause de la désinformation et de la méfiance des parents." »
Ce n'est pas la couverture vaccinale mais le taux de vaccination des enfants, mais qu'importe : la chute est impressionnante. Elle l'est encore plus quand on sait qu'il était de 90 % en 2013... les ravages de la garde baissée et surtout de la désinformation.
Deuxièmement, les autorités politiques et sanitaires qui n'ont pas répondu à la campagne de désinformation et qui, de toute façon, n'ont pas pris les mesures nécessaires pour assurer une couverture vaccinale suffisante – 95 % – pour l'éradication de la maladie.
Pire, selon certains médias, les programmes de vaccinantion ont été suspendus pendant des mois après la mort de deux bébés consécutive à des erreurs humaines.
Et troisièmement, un touriste néo-zélandais non vacciné et infecté aurait apporté la mort aux Îles Samoa. Les sources sont cependant rares. Dans le cas de Tonga, également affectée comme d'autres îles de la région, des cas de rougeole se sont déclarés dans une équipe de rugby scolaire revenue de Nouvelle-Zélande.
Faut-il rappeler que la rougeole est une maladie extrêmement contagieuse, qu'elle n'est pas anodine (la preuve... une soixantaine de morts aux Samoa) et qu'elle est susceptible de laisser des séquelles à vie ?
Le réveil gouvernemental s'est peut-être fait attendre aux Samoa, mais mieux vaut tard que jamais. À l'heure où nous écrivons, près de 90 % des personnes « éligibles » ont été vaccinées.
Un homme qui continuait à faire de la propagande anti-vaccination a été arrêté pour incitation à outrepasser un ordre gouvernemental. Ce grand spécialiste (ironie) affirme qu'on peut guérir la maladie – d'origine virale, rappelons-le – avec une combinaison de vitamine C et d'ascorbate de sodium... C'est un expert... il est producteur de noix de coco...
Faisons un peu de provocation (quoique...) : ne faudrait-il pas introduire, en France, des sanctions pénales pour lutter contre les discours anti-vaccins ? Après tout, nous avons des lois qui limitent la liberté d'expression – la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et la loi et la loi Gayssot.
Et qu'est-ce que ce discours anti-vaccins, sinon une incitation à commettre des homicides involontaires comme nous le montre le cas de ce touriste néo-zélandais, ou encore à porter atteinte à la santé publique comme l'a illustré le cas de ces touristes français qui ont ramené la rougeole au Costa Rica ?
En Allemagne, le Bundestag, a adopté en novembre 2019 une loi rendant obligatoire la vaccination contre la rougeole pour les enfants inscrits en crèche et allant à l'école, c'est-à-dire tous les enfants, la scolarisation étant obligatoire, ainsi que pour certaines autres personnes comme le personnel enseignant et médical. Elle entrera en vigueur le 1er mars 2020.
Particularité : les parents récalcitrants encourront une amende pouvant aller jusqu'à 2.500 euros. Selon M. Jens Spahn, Ministre de la Santé, il s'agit d'une « loi sur la protection de l'enfant » répondant à « une menace inutile en 2019 ».
L'épidémie des Îles Samoa montre que cette protection de l'enfant – que les antivax contestent au motif de la rareté des cas en Allemagne – doit se lire : en Allemagne et ailleurs dans le monde.
On pourrait aussi justifier cette évolution par l'enthousiasme avec lequel on invoque le « principe de précaution », y compris pour prévenir des risques imaginaires, ou encore par la nouvelle police de l'assiette qui régit les repas dans les cantines. Quand on peut imposer des aliments « bio » et des menus végétariens, on ne saurait raisonnablement se cabrer devant la perspective de protéger la santé de nos enfants par le contrôle des discours anti-vax.
Autrement dit, qui peut le plus débile, peut le plus judicieux.
Dans son article précité, le Monde avait ajouté un excellente vidéo, « Pourquoi se faire vacciner ». On y apprend que 17 personnes sont mortes de la rougeole en France entre 2008 et 2011, dont sept qui « étaient invaccinables à cause de contre-indications médicales ».
Mme Michèle Rivasi dit « Non à la vaccination forcée ». Le discours enjôleur cache une posture bien plus radicale. Sa thèse en septembre 2017 :
« Je ne suis pas contre la vaccination, en cas d’épidémie il faut vacciner. Mais pourquoi vouloir passer en force ? Mieux vaut convaincre que contraindre »
C'est quoi une épidémie, Mme Michèle Rivasi ? Combien de morts avant de vacciner ?
Ami lecteur, vous n'avez peut-être pas le réflexe des proportions. Le drame qui se déroule en ce moment aux Îles Samoa, rapporté à la population française représenterait 1,5 million de malades en France et quelque 20.000 enfants de moins de quatre ans morts de la rougeole.
M. Serge Rader est l'auteur, avec Mme Michèle Rivasi et Mme Marie-Odile Bertella-Geffroy, de « Le Racket des laboratoires pharmaceutiques et comment en sortir ». Cette phrase suffit à décrire la Lebensanschauung du bonhomme, ancien pharmacien devenu selon les hagiographies lanceur d'alertes.
Le complotisme est encore à l'honneur sur Twitter :
« Samoa 195.000 habs, flambée artificielle de rougeole avec 62 morts jeudi soir. La cause = la vaccination de masse organisée par l'UNICEF qui a importé 115.500 doses de MMR. Intéressant connaître la souche en cause. TRANSPARENCE SVP. Idem en Ukraine et en Mongolie. STOP AU LOBBY. »
(Source)
Et jusqu'où va le complotisme – et l'aversion pour les vaccins ? Jusqu'à mettre en cause des vaccins déployés après le début – officiellement déclaré le 16 octobre 2019 après un premier cas suspecté le 9 octobre 2019 (voir aussi historique ici) – d'une épidémie en provenance, comme pour Tonga, de Nouvelle-Zélande.
Peut-être reste-t-il une petite fibre d'empathie dans le cœur des pro-épidémies. Cette vidéo leur est spécialement dédiée.
C'est une bien triste contribution du peuple néo-zélandais à un drame provoqué involontairement par un des leurs.
(Source)
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, écrit :
« C'est déchirant.
Aucun enfant ne devrait mourir d'une maladie évitable par la vaccination.
Nous pouvons arrêter la #rougeole parce que #les vaccins sont efficaces ! »
Peut-être faudrait-il condamner les prêcheurs antivax à des travaux d'intérêt général consistant à fabriquer des cercueils pour leurs victimes...
(Source – l'article est daté du 5 décembre 2019)
Pour terminer, rappelons que la rougeole est en recrudescence dans le monde. Il y a des problèmes de logistique dans les pays en développement, notamment en République Démocratique du Congo, le pays le plus touché, et on a baissé la garde dans les pays développés.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), près de 10 millions de personnes ont été infectées en 2018, avec plus de 140.000 décès à la clé. Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré :
« Le fait qu’un enfant meure d’une maladie évitable par la vaccination comme la rougeole est franchement un scandale et un échec collectif dans la protection des enfants les plus vulnérables dans le monde »
Pas seulement les plus vulnérables... tous, y compris les nôtres.
Alors,
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