Il est temps de dire merci pour des dindes abordables et produites de manière durable
Jason Lusk*
C’est le titre d’un article que je viens d’écrire pour The Conversation.
Voici la bête :
Les Américains mangeront environ 210 millions de dindes cette année, soit plus de 16 livres par personne (7,26 kilogrammes). Une grande partie sera mangée le jour de Thanksgiving [quatrième jeudi de novembre ; c'est l'Action de grâce pour les Canadiens francophones, fêtée le deuxième lundi d'octobre au Canada].
Au fil du temps, notre repas de Thanksgiving est devenu beaucoup plus abordable. La dinde atteindra probablement environ 1,40 USD la livre en moyenne à travers le pays en novembre 2019, soit moins de la moitié du prix que les consommateurs payaient pour la dinde dans les années 1970, corrigé de l'inflation.
Comment la dinde est-elle devenue tellement plus abordable ? Il s’avère qu’il n’y a pas un seul facteur, mais plutôt un réseau d’innovations.
Cela vaut la peine de dissiper quelques mythes sur la filière de la dinde.
Toutes les dindes d'élevage sont supposées être exemptes d'hormones.
Tout d’abord, les dindes ne reçoivent pas d’hormones de croissance, en administrer est illégal. Il est également illégal de vendre de la dinde avec des résidus d’antibiotiques.
En outre, toutes les dindes sont élevées sans cage dans de grandes granges ouvertes.
Pourquoi les dindes ne sont-elles pas élevées en liberté, en ayant la possibilité de sortir avec une certaine liberté ? À première vue, cela peut sembler intéressant que les dindes vivent à l’extérieur – à moins qu’il neige, qu’il pleuve, ou qu'il fasse plus de 38°C.
Cela pourrait également convenir à moins qu'il y ait dans les parages des faucons, des coyotes, des chiens ou même des oiseaux sauvages. En 2015, le secteur de la dinde a été dévasté par la grippe aviaire, qui a coûté 225 millions de dollars aux producteurs. De nombreux experts pensent que l’épidémie a été causée par l’introduction et la propagation de la maladie par des oiseaux sauvages.
Garder les dindes à l'intérieur permet aux éleveurs de protéger les animaux des intempéries, des prédateurs et des maladies, et aussi de surveiller de plus près leur alimentation et leur santé.
En raison des innovations en matière de logement et de génétique, il faut maintenant moins de temps et moins de nourriture qu'auparavant pour que la dinde atteigne le poids du marché.
Dans les années 1970, les États-Unis élevaient en moyenne environ 125 millions de dindes et produisaient environ 1,9 milliard de livres de viande de dinde par an ; chaque dinde produisait ainsi un peu plus de 15 livres de viande. Cette année, le pays devrait produire près de 25 livres par volatile.
Cela a permis d'accroître l'accessibilité financière des repas de Thanksgiving, mais cela a également eu d'importantes répercussions sur la durabilité de l'élevage.
Supposons que les Américains veuillent profiter de la quantité de dinde que nous allons réellement consommer en tant que nation cette année – environ 5,3 milliards de livres – mais que nous voulions le faire en utilisant la technologie des années 1970. De combien de dindes aurions-nous besoin aujourd'hui si nous n'avions pas innové pour augmenter la quantité de viande par volatile de 15 à 25 livres ?
La réponse est : 132 millions de dindes de plus.
Ce sont donc 132 millions de dindes de plus qui auraient produit des déchets, créé des émissions de gaz à effet de serre et exigé de l’eau et des aliments. La production de cet aliment supplémentaire aurait nécessité davantage de terres, d'engrais et de pesticides.
Nous avons pu économiser ces 132 millions de dindes supplémentaires parce que nous avons été novateurs et avons utilisé des avancées scientifiques et des essais et erreurs pour trouver comment satisfaire les besoins d'une population beaucoup plus nombreuse, et ce, en utilisant moins de nos ressources naturelles.
C’est une chose pour laquelle nous devrions être reconnaissants.
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* Jayson Lusk est un économiste de l'agriculture et de l'alimentation. Il est actuellement professeur distingué et chef du Département de l'Économie Agricole de l'Université de Purdue.
Source : http://jaysonlusk.com/blog/2019/11/20/time-to-give-thanks-for-affordable-and-sustainable-turkey