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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Il est temps de dire merci pour des dindes abordables et produites de manière durable

22 Novembre 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Alimentation

Il est temps de dire merci pour des dindes abordables et produites de manière durable

 

Jason Lusk*

 

 

 

 

C’est le titre d’un article que je viens d’écrire pour The Conversation.

 

Voici la bête :

 

Les Américains mangeront environ 210 millions de dindes cette année, soit plus de 16 livres par personne (7,26 kilogrammes). Une grande partie sera mangée le jour de Thanksgiving [quatrième jeudi de novembre ; c'est l'Action de grâce pour les Canadiens francophones, fêtée le deuxième lundi d'octobre au Canada].

 

Au fil du temps, notre repas de Thanksgiving est devenu beaucoup plus abordable. La dinde atteindra probablement environ 1,40 USD la livre en moyenne à travers le pays en novembre 2019, soit moins de la moitié du prix que les consommateurs payaient pour la dinde dans les années 1970, corrigé de l'inflation.

 

Comment la dinde est-elle devenue tellement plus abordable ? Il s’avère qu’il n’y a pas un seul facteur, mais plutôt un réseau d’innovations.

 

 

La vérité sur la dinde

 

Cela vaut la peine de dissiper quelques mythes sur la filière de la dinde.

 

Toutes les dindes d'élevage sont supposées être exemptes d'hormones.

 

Tout d’abord, les dindes ne reçoivent pas d’hormones de croissance, en administrer est illégal. Il est également illégal de vendre de la dinde avec des résidus d’antibiotiques.

 

En outre, toutes les dindes sont élevées sans cage dans de grandes granges ouvertes.

 

Pourquoi les dindes ne sont-elles pas élevées en liberté, en ayant la possibilité de sortir avec une certaine liberté ? À première vue, cela peut sembler intéressant que les dindes vivent à l’extérieur – à moins qu’il neige, qu’il pleuve, ou qu'il fasse plus de 38°C.

 

Cela pourrait également convenir à moins qu'il y ait dans les parages des faucons, des coyotes, des chiens ou même des oiseaux sauvages. En 2015, le secteur de la dinde a été dévasté par la grippe aviaire, qui a coûté 225 millions de dollars aux producteurs. De nombreux experts pensent que l’épidémie a été causée par l’introduction et la propagation de la maladie par des oiseaux sauvages.

 

Garder les dindes à l'intérieur permet aux éleveurs de protéger les animaux des intempéries, des prédateurs et des maladies, et aussi de surveiller de plus près leur alimentation et leur santé.

 

 

Dépenser moins, manger plus

 

En raison des innovations en matière de logement et de génétique, il faut maintenant moins de temps et moins de nourriture qu'auparavant pour que la dinde atteigne le poids du marché.

 

Dans les années 1970, les États-Unis élevaient en moyenne environ 125 millions de dindes et produisaient environ 1,9 milliard de livres de viande de dinde par an ; chaque dinde produisait ainsi un peu plus de 15 livres de viande. Cette année, le pays devrait produire près de 25 livres par volatile.

 

Cela a permis d'accroître l'accessibilité financière des repas de Thanksgiving, mais cela a également eu d'importantes répercussions sur la durabilité de l'élevage.

 

Supposons que les Américains veuillent profiter de la quantité de dinde que nous allons réellement consommer en tant que nation cette année – environ 5,3 milliards de livres – mais que nous voulions le faire en utilisant la technologie des années 1970. De combien de dindes aurions-nous besoin aujourd'hui si nous n'avions pas innové pour augmenter la quantité de viande par volatile de 15 à 25 livres ?

 

La réponse est : 132 millions de dindes de plus.

 

Ce sont donc 132 millions de dindes de plus qui auraient produit des déchets, créé des émissions de gaz à effet de serre et exigé de l’eau et des aliments. La production de cet aliment supplémentaire aurait nécessité davantage de terres, d'engrais et de pesticides.

 

Nous avons pu économiser ces 132 millions de dindes supplémentaires parce que nous avons été novateurs et avons utilisé des avancées scientifiques et des essais et erreurs pour trouver comment satisfaire les besoins d'une population beaucoup plus nombreuse, et ce, en utilisant moins de nos ressources naturelles.

 

C’est une chose pour laquelle nous devrions être reconnaissants.

 

______________

 

* Jayson Lusk est un économiste de l'agriculture et de l'alimentation. Il est actuellement professeur distingué et chef du Département de l'Économie Agricole de l'Université de Purdue.

 

Source : http://jaysonlusk.com/blog/2019/11/20/time-to-give-thanks-for-affordable-and-sustainable-turkey

 

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S
J'ai l'impression d'avoir supprimé intempestivement un commentaire très ironique -- et très pertinent, la dame se sentant pousser des ailes.<br /> <br /> Oui, l'article porte bien sur la dinde, compagne du dindon, Meleagris gallopavo, et non sur cette dame spécialiste de farces coûteuses dont nous sommes les dindons.
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H
La protection des oiseaux de proie, la pullulation des renards, fouines et belettes qui ne sont plus guère chassés, sont au coeur de l'impossibilité actuelle en France, de laisser des poules en liberté sur de grands espaces comme autrefois. Dans le village viticoles de mes arrières grands parents, tout le monde ouvrait la porte aux poules le matin et les laissaient vagabonder jusqu'au soir où elles revenaient pour une poignée de grains. Il fallait juste les enfermer aux approches de la vendange. Aujourd'hui dans ce même village, où les friches ont gagné et où les nuisibles pullulent, une poule en liberté aurait quelques heures de survie devant elle, au plus. A mon avis, d'ailleurs, il ne faut pas chercher plus loin des explications à l'explosion des populations de tiques, les poules nettoyaient complètement ce genre d'insectes autrefois. Et pire, les renards sont de grands propagateurs de tiques. En saison des tiques, pas un renard piégé ou abattu qui n'en porte au moins une dizaine sur le cou ou la tête où ils ne peuvent les retirer.
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S
Hbsc Xris le lundi 25 novembre 2019 à 20:37@ <br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre complément.<br /> <br /> Je suis allé voir sur Science & Avenir et j'ai eu du mal à suivre les explications.<br /> <br /> Les vôtres me paraissent tout à fait cohérentes. Et oui, il était assez facile de vérifier la théorie grâce à des piégeages.<br /> <br />
I
@Hbsc<br /> <br /> Je vous remercie pour vos réponses intéressantes. Je vais y réfléchir un peu.
H
@ Il est là. Précisions à mon commentaire : ce que j'écris vaut pour les milieux que je connais et que j'ai observé, en gros la moitié nord de la France, ailleurs je ne sais pas. Peut-être que les Néerlandais ont un variant du renard qui n'attrape pas de tiques ? Peut-être ont-ils des variants de muridés qui attrapent des tiques comme cette souris blanche du nord est américain ? Encore une fois, je ne suis pas scientifique de formation, seulement autodidacte dans ce domaine, je m'étonne juste de la complexité mise dans certaines études scientifiques, des postulats pas forcément confirmés sur lesquelles on fait reposer certaines de ces études, et pour finir de la généralisation de leurs résultats à l'échelle d'un pays, d'un continent ou de la planète. Et ces généralisations deviennent des dogmes inquiétants. Et pour les renards, grands mammifères, souris, rats, ce dont je parle ne relève pas d'études scientifiques, juste des observations banales et primaires de quelqu'un qui a passé une grande partie de ses loisirs (presque 60 ans) au grand air, loin des villes.
H
@ Il est là : il y a longtemps déjà, j'ai eu la stupeur de lire cet article, je ne sais plus si c'était dans Sciences et Avenir, et j'avais remonté le fil de cette histoire qui m'avait totalement sidérée.<br /> En fait, de ce que je me souviens, l'étude est hollandaise et part du postulat que les souris et les rats sont les vecteurs des tiques. Cela aussi m'avait également stupéfié, je connais bien les tiques sur les hérissons pris accidentellement dans un grillage, mais pour avoir piégé sans doute quelques centaines de souris et rats dans ma vie pour protéger mes modestes récoltes, je n'ai jamais vu de tiques dessus. Ce qui ne veut pas dire que ces rongeurs n'en sont jamais porteurs, peut-être se les arrachent-ils mutuellement ? Bref, l'article hollandais faisait référence à un article US évoquant une variété de petite souris blanche du nord est des USA qui apparemment est truffée de tiques. Possible, l'article US tenait tout à fait la route, mais ne concernait qu'une variété spécifique. Partant de là, les scientifiques hollandais, qui n'ont jamais du piéger de rongeurs de leur vie, en ont conclu que tous les rongeurs de toutes les variétés portaient des tiques. Ils ont alors monté une extraordinaire usine à gaz avec des caméras infra-rouges (pour la nuit) postées dans de nombreux endroit, franchement je ne sais plus où. De là, ils visionnent les images et comptent renards et rongeurs. Et plus ils voient de renards sur leurs écrans, moins il y a de rongeurs..... Merci aspro. En fait, je me souviens qu'au bout d'un moment, j'ai renoncé à comprendre, il y avait des formules mathématiques avec des sigma partout, et je n'ai pas du tout fait "Maths sup ou spé". Mais en fait, ni les rongeurs ni les renards n'ont été capturés pour examen, et franchement voir des tiques à la caméra infra-rouge ? Ben je sais pas ????<br /> Du coup, ils en concluent que les renards éliminant les rongeurs, éliminent les tiques. Mais personne n'a capturé de rongeurs ni de renards, et personne n'a fait de décompte dessus.<br /> La même étude aurait pu être faite pour bien moins chère en faisant appel à des piégeurs et on aurait pu compter les tiques sur les bêtes elles-mêmes. Et je crois que les résultats auraient été fiables. Malheureusement, les défenseurs des renards ont adoré cette étude et lui ont assuré une grosse diffusion. Outre le renard, l'expansion des gros gibiers, sangliers, chevreuils... y compris dans des régions où il n'y a même pas de traces de leur présence, un ou 2 siècles en arrière, concoure également à la multiplication des tiques. Il n'y a jamais eu autant de biodiversité dans beaucoup de campagnes françaises depuis sans doute quelques siècles ? et à mon sens, contrairement à une opinion qui se répand, c'est un grave problème, notamment pour les agriculteurs, mais pas seulement et ce n'est pas un avantage.
S
@ Il est là le lundi 25 novembre 2019 à 07:43<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Oui mais S&A a mis son titre sur le mode interrogatif.
M
Encore une évidence qui échappe complètement aux pastèques convaincues.<br /> Elevage industriel-gnagna-productivisme-gnagna-malbouffe-gnagna...
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Parfaitement exact.<br /> <br /> Ce matin (23 novembre) dans Télématin de France 2, un reportage "Martine à la ferme" sur l'utilisation d'ânes en maraîchage...