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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Fortes attentes pour la recherche sur le riz GM au Ghana

22 Mars 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #OGM, #Afrique

Fortes attentes pour la recherche sur le riz GM au Ghana

 

Joseph Opoku Gakpo*

 

 

 

 

Tant les agriculteurs que les scientifiques ghanéens qui effectuent actuellement des essais sur le terrain de riz génétiquement modifié (GM) estiment que la variété améliorée, une fois commercialisée, améliorera la vie des petits producteurs de riz.

 

Le riz NEWEST (nitrogen-use and water-use efficient and salt tolerant) a été conçu de manière à nécessiter moins d'engrais azotés, à tolérer les conditions de sécheresse et à pousser dans des sols salés, tout en offrant un bon rendement.

 

Des essais sur le terrain en conditions confinées conduits sur une variété GM présentant uniquement le caractère 'efficacité de l'utilisation de l'azote' ont montré que celui-ci avait augmenté les rendements de 14 à 25 % par rapport aux variétés traditionnelles.

 

« Cette nouvelle variété nous aidera à augmenter la productivité et à garantir que les agriculteurs obtiennent un meilleur rendement pour chaque hectare de terre agricole », a déclaré dans un entretien accordé à l'Alliance pour la Science, M. Maxwell Darko Asante, sélectionneur de plantes et principal responsable du projet sur le riz NEWEST au Ghana.

 

Le riz est un aliment de base majeur au Ghana et la deuxième céréale la plus consommée après le maïs. Cependant, le Ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture estime que la productivité des rizières ghanéennes ne représente actuellement que 46 % du rendement potentiel en raison de problèmes environnementaux et autres.

 

Les sols dans la plupart des régions d'Afrique présentent une carence en azote élevée, ce qui a été identifié comme l'un des principaux facteurs limitant les rendements dans les rizières du Ghana. Les agriculteurs doivent donc appliquer d’énormes quantités d’engrais dans leurs champs à chaque saison de plantation pour pouvoir cultiver le riz avec succès. De plus, les faibles précipitations dues au changement climatique limitent la productivité car plus de 90 % des champs du Ghana ne sont pas irrigués. Et il est difficile de faire pousser du riz dans les régions côtières en raison de la forte teneur en sel des sols.

 

« Les défis liés à la production de riz sont multiples », a déclaré John Awuku Dziwornu, producteur de riz à Asutsuare, dans le sud du Ghana. « Parfois, vous mettez beaucoup d'engrais dans le champ et rien ne change. C’est toujours un grand défi. Et le climat n’aide pas non plus. »

 

Le défi de la carence en azote et de son impact sur la production de riz en Afrique est préoccupant, a déclaré Francis Onyekachi Nwankwo, responsable des programmes à la Fondation pour la Technologie Agricole en Afrique (AATF). « Pour tout ce que vous plantez, vous avez besoin de nutriments. Avec le riz, le sol a besoin d’azote pour qu'il pousse bien. Dans un sol pauvre en azote, vous pouvez voir que votre récolte sera médiocre. Et les engrais qui fournissent de l'azote ne sont pas très disponibles et ne sont pas abordables pour les agriculteurs. »

 

Ces défis sont précisément ce qu'on espère résoudre avec le riz NEWEST. Des scientifiques de l'Institut de Recherche sur les Cultures du Conseil pour la Recherche Scientifique et Industrielle (CSIR) du Ghana mènent actuellement des essais visant à introduire la nouvelle variété dans le pays. Grâce aux travaux d'Arcadia Biosciences, basé en Californie, du Centre International d'Agriculture Tropicale et de l'AATF, des gènes responsables de la tolérance à la sécheresse et au sel, et de l'efficacité de l'azote ont été introduits dans NERICA [« New Rice for Africa » – nouveau riz pour l'Afrique], un type de riz très apprécié en Afrique. Des instituts de recherche du Ghana, de l'Ouganda et du Nigeria évaluent les variétés afin d'introduire les caractères dans d'autres variétés de riz locales.

 

« Pour ce projet, nous avons deux produits différents qui sortent », a expliqué Onyekechi Nwankwo. « Le premier ne comporte que l'efficacité de l'utilisation de l'azote (NUE). Le second couvre les trois [traits]. Nous n'avons pas encore effectué d'essais sur le terrain pour les caractères combinés. Mais l'efficacité de l'utilisation de l'azote, nous l'avons évaluée et analysée sur le terrain et avons sélectionné les riz les plus fertiles possédant le caractère et ayant de bonnes performances sur le terrain. »

 

Les chercheurs doivent encore satisfaire aux exigences relatives à la réalisation d’évaluations environnementales et de sécurité, a-t-il déclaré. « Cette nouvelle variété stimulera la production de riz locale », a déclaré Onyekechi Nwankwo. « Dans quatre ans, elle devrait pouvoir être mise entre les mains des agriculteurs. »

 

Les scientifiques ont mené des essais sur le terrain montrant que le riz NERICA présentant le caractère d'efficacité de l'utilisation de l'azote produisait des rendements de 14 à 25 % supérieurs à ceux des variétés traditionnelles. La prochaine phase du projet verra le rétro-croisement des caractères souhaités des variétés GM NERICA dans les variétés de riz locales populaires au Ghana, a déclaré Asante.

 

« Jusqu’à présent, ce n’est que le NERICA4 qui a été transformé. Une fois que le gène est dérégulé, nous pourrons l'introduire dans la plupart des types populaires de riz jasmin que nous avons localement. C'est le plan. Si tout se passe comme prévu, nous aurons des versions NUE ou NEWEST pour la plupart de nos variétés populaires », a déclaré Asante.

 

« Vous savez que nos sols sont épuisés. Les agriculteurs n’obtiennent pas la productivité qu’ils méritent. Si cela fonctionne, cela signifie que les agriculteurs pourront obtenir un bon rendement en appliquant des doses inférieures d'engrais. Ils économiseront donc de l'argent et obtiendront un meilleur rendement », a-t-il noté.

 

Lorsque les trois caractères empilés du riz NEWEST seront enfin introduits dans les variétés de riz locales, d'autres avantages apparaîtront. « Les paysans qui n’ont pas les moyens financiers d’irriguer leurs champs pourront utiliser ces variétés et les exploitations auront encore de bons résultats », a expliqué Asante. « Les terres marginales que les agriculteurs ne peuvent pas cultiver pourraient être utilisées avec ces nouvelles variétés ... Dans la zone côtière où de nombreuses terres sont salées, ces nouvelles variétés marcheront très bien. »

 

Une récente étude économique menée au Ghana a prédit que l'adoption des nouvelles variétés GM pourrait ajouter jusqu'à 75,7 millions de dollars américains (GH₵ 334 millions) à l'économie de la production de riz au cours des six prochaines années si les variétés étaient diffusées cette année. L’étude prédit que si les processus réglementaires retardent de cinq ans l’introduction du nouveau riz, le secteur du riz perdra 45,3 millions de dollars (GH₵ 200 millions).

 

Charles Afriyie Debrah, responsable de la biosécurité à l'Institut de Recherche sur les Cultures du CSIR, a déclaré que la propriété des nouvelles variétés GM restera ghanéenne. Il a également assuré aux agriculteurs qu'ils pourront ressemer avec leurs propres semences s'ils le souhaitent. « Notre riz GM sur lequel nous avons expérimenté cette culture a fait l'objet d'environ quatre essais. Et ils étaient fondés des semences de ferme. Il y a donc des semences issues de vos récoltes que vous pouvez utiliser avec cette nouvelle variété GM », a-t-il expliqué.

 

Il faudra peut-être cinq ans environ avant que les nouvelles variétés soient disponibles sur le marché pour que les agriculteurs puissent les semer, mais les acteurs de l'industrie du riz sont déjà au rendez-vous.

 

Le riziculteur Dziwornu, qui est également vice-président de l'Association Nationale des Agriculteurs et des Pêcheurs du Ghana, est enthousiasmé par la différence que le nouveau riz génétiquement modifié peut apporter dans le pays. « De nombreux travaux ont été menés pour produire des variétés de riz améliorées susceptibles d’accroître la productivité », a-t-il déclaré. « Nous nous attendons à ce que le type NEWEST profite aux agriculteurs et aux Ghanéens en général. »

 

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* Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2019/01/high-expectations-gmo-rice-research-ghana/

 

 

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