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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Les scientifiques africains convaincus que les moustiques OGM vont changer la donne dans la lutte contre le paludisme

1 Octobre 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #OGM, #Afrique, #Santé publique

Les scientifiques africains convaincus que les moustiques OGM vont changer la donne dans la lutte contre le paludisme

Joseph Opoku Gakpo*

 

 

 

 

Les scientifiques africains sont convaincus que le lâcher limité de moustiques transgéniques stériles (GE) dans l'environnement, une première en Afrique, pourrait mettre le continent sur la voie de l'éradication du paludisme.

 

Les autorités burkinabé ont approuvé la semaine dernière [l'article est daté du 13 septembre 2018] le lâcher de moustiques génétiquement modifiés dans leur pays pour tenter d'éliminer le paludisme. Les autorités attendent avec impatience le premier lâcher de moustiques depuis un certain temps, alors qu’elles cherchent des moyens nouveaux pour faire face à la maladie. Le paludisme est un problème majeur au Burkina Faso, où plus des deux tiers des enfants sont hospitalisés pour cause de paludisme avant l'âge de cinq ans. Un classement de 2015 de l'Organisation Mondiale de la Santé du taux de prévalence de la maladie dans 88 pays a placé le Burkina Faso au deuxième rang derrière le Mali.

 

La maladie transmise par les moustiques affecte chaque année 200 millions de personnes avec des maux de tête, des vomissements, des frissons et une fièvre extrême et tue environ 400.000 personnes. La plupart de ses victimes sont des femmes et des enfants. Plus de 70 pour cent des décès dus au paludisme surviennent chez des enfants de moins de cinq ans, selon les statistiques de l'Organisation Mondiale de la Santé ; environ 300.000 enfants sont morts du paludisme en 2015. Environ 90 pour cent des cas déclarés dans le monde et des décès se produisent en Afrique subsaharienne.

 

Dans le monde entier, diverses méthodes ont été utilisées pour réduire la propagation des moustiques et du paludisme au cours du siècle dernier, notamment les pulvérisations d’insecticides, les moustiquaires imprégnées d'insecticides et les médicaments antipaludiques. Beaucoup de progrès ont été réalisés, mais le rythme a été lent et les moustiques, ainsi que les parasites responsables du paludisme, ont à plusieurs reprises développé une résistance aux méthodes de lutte.

 

Aujourd'hui, le concept de lutte contre les moustiques par le lâcher de moustiques mâles génétiquement modifiés pour qu'ils soient stériles prend forme. L'idée est que les femelles sauvages s'accoupleront avec les mâles stériles, ce qui réduirait la population globale. Bien que l'approche de la gestion des populations d'insectes nuisibles par la stérilité mâle ne soit pas nouvelle, le génie génétique semble être une méthode plus efficace pour produire le grand nombre de mâles stériles nécessaires à la réalisation d'un contrôle efficace.

 

En Afrique, le projet de moustiques stériles est dirigé par Target Malaria (cibler le paludisme), un consortium international sans but lucratif dirigé par des scientifiques de l'Imperial College de Londres, qui travaillent à développer et à partager la technologie pour le contrôle du paludisme à long terme.

 

« Cette décision est une étape importante car il s'agit de la première autorisation pour le lâcher sur le terrain de moustiques génétiquement modifiés en Afrique et la première pour les vecteurs du paludisme », a expliqué une déclaration de Target Malaria. Cependant, le projet en est encore à ses débuts. Les moustiques lâchés au Burkina Faso ne persisteront pas pendant plus de quelques semaines dans l'environnement et ne sont pas destinés à réduire l'incidence du paludisme ou de réduire la population de moustiques transmettant le paludisme.

 

« Les connaissances et l'expérience tirées de cette étude serviront à orienter le développement de nos prochaines phases du projet vers une intervention durable de lutte antivectorielle contre le paludisme », indique le communiqué. « Le but du lâcher à petite échelle est de collecter des données scientifiques sur la longévité et la dispersion des moustiques libérés et servira à renforcer les capacités et l'expérience opérationnelle parmi nos équipes. »

 

Abdoulaye Diabaté, chercheur principal au Burkina Faso, a précisé dans une déclaration à la STAT que « ces moustiques, contrairement à leurs homologues "forçage génétique", ne sont pas destinés à avoir un impact durable sur la population d’insectes. Ils ont quelque chose appelé une mutation "mâle stérile" – aucun des moustiques mâles qui seront libérés ne pourra avoir de descendance. »

 

Si ce processus s'avère fructueux, les conditions seront réunies pour des essais plus élaborés qui verront le lâcher de moustiques génétiquement modifiés qui contribueront réellement au contrôle de la population.

 

Le Dr Umar Traore, chef du laboratoire de biosécurité de l’Agence Nationale de Biosécurité du Burkina Faso, a déclaré à l’Alliance pour la Science dans une interview précédente que le Burkina Faso souhaitait utiliser la biotechnologie pour mettre fin à la mortalité due au paludisme. Il est convaincu que le public adoptera cette approche.

 

« Avec les moustiques génétiquement modifiés, nous essayons de lutter contre le paludisme. Nous allons contrôler le vecteur. Le paludisme tue beaucoup d’enfants de moins de cinq ans et c’est vraiment un problème important. La plupart du temps, si une femme enceinte est infectée par le paludisme, vous devez choisir entre le bébé et la mère. C'est donc quelque chose de très important et il n'y aura donc aucun problème pour que ces technologies soient diffusées dans le pays », a-t-il déclaré.

 

Traore a donné un aperçu supplémentaire du fonctionnement du projet, en expliquant : « Les moustiques sont génétiquement modifiés pour qu'on puisse contrôler la population de moustiques afin de lutter contre le paludisme. Alors maintenant, ils vont faire l'objet d'une libération contrôlée. Ils seront relâchés sur des sites spécifiques pour voir comment cela fonctionne pour la compétitivité [avec les mâles sauvages qui cherchent à s'accoupler avec les femelles sauvages] et d'autres propriétés. »

 

Il a confirmé que le lâcher de moustiques stériles récemment approuvé n'est qu'une étape expérimentale qui ne contrôlera pas les insectes, mais permettra d'obtenir de bonnes données pour l'avenir. « Ce n'est pas le produit final… mais ils obtiendront ces données qui pourront être utilisées pour le produit final », a-t-il expliqué.

 

Le professeur Kwabena Mante Bosompem, directeur du principal institut de recherche biomédicale en Afrique, le Noguchi Memorial Institute for Medical Research de l’Université du Ghana, a également soutenu le plan visant à utiliser la biotechnologie pour lutter contre le paludisme. Il a noté que le génie génétique est une méthode puissante pour aider à stopper la propagation de la maladie et a déclaré que la technologie offrait au moins deux options.

 

«Les moustiques sont ceux qui transportent les agents pathogènes d’une personne à l’autre », a-t-il déclaré à l’Alliance pour la Science dans une interview. « Et donc, si vous pouvez réduire la population de moustiques, vous réduirez naturellement le risque d’infection car il y aura moins de moustiques qui piquent les humains. L’autre méthode consiste à modifier génétiquement les moustiques afin qu’ils ne soient plus capables de transporter et transmettre le parasite. »

 

Bosompem a déclaré que le public peut être assuré que les processus menant à la libération de tels produits GM accorderont la priorité à la sécurité, il n'y a donc rien à craindre. « Il y a tout un processus d'évaluation et d'évaluation des risques. Les scientifiques auront effectué un travail rigoureux pour s’assurer que l'opération est adaptée à son objectif, de sorte que tout risque de défaillance ou de catastrophe soit le plus faible possible. Sinon, il n'y aura pas de libération… il est important que le public comprenne cela. Il ne devrait y avoir aucune crainte », a-t-il expliqué.

 

Cela pourrait prendre au moins cinq ans avant que les chercheurs soient prêts à relâcher les moustiques transgéniques qui contribueront effectivement à lutter contre le paludisme en Afrique. Il s’agit d’un vaste processus qui va au-delà du laboratoire pour se concentrer également sur l’engagement communautaire. Mais une fois en cours, de nombreux progrès pourraient être réalisés pour mettre un terme aux décès et aux souffrances inutiles causées par le paludisme, en particulier en Afrique.

 

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Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2018/09/african-scientists-confident-gmo-mosquitoes-will-game-changer-fight-control-malaria/

 

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