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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Lactalis : remettez de l'ordre dans Stonyfield après le scandale aux USA !

31 Janvier 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #Activisme, #OGM, #Agriculture biologique

Lactalis : remettez de l'ordre dans Stonyfield après le scandale aux USA !

 

 

 

 

 

 

Stonyfield ou Stonyfield Farm est une entreprise spécialisée dans le yaourt et les produits laitiers bio. Elle est présente aux États-Unis, au Canada et en Europe. En France, c'est la marque Les 2 Vaches. Si vous voulez lire le conte de fées de l'épopée de Stonyfield et de son co-fondateur Gary Hirschberg (les êtres sensibles se muniront de mouchoirs...), c'est ici.

 

L'entreprise a été acquise en deux étapes par Danone en 2001 (40 % des parts) et en 2003 (85 % des parts). Elle a été cédée à Lactalis en juillet 2017, pour 875 millions de dollars (768 millions d’euros), en réponse à une exigence des autorités de la concurrence états-unienne à la suite du rachat de WhiteWave par Danone.

 

Gary Hirschberg – qui est resté à la tête de l'entreprise – est présenté sur le site des 2 Vaches comme « un homme particulièrement inspiré et inspirant, et un environnementaliste convaincu ». En réalité, c'est un promoteur du bio (et donc de ses propres affaires) – par le dénigrement du non-bio – particulièrement virulent, cynique et manipulateur. Il est notamment le président et un des fondateurs de Just Label It, une entité qui promeut théoriquement l'étiquetage des produits contenant des OGM ou issus d'OGM (analyse – stupéfiante – du Genetic Literacy Project ici).

 

Stonyfield a récemment mis en ligne une vidéo publicitaire mettant en scène des enfants « expliquant » combien les OGM sont dégoûtants. Au milieu, l'appel : « évitez les OGM, mangez bio ! ».


 

 

C'est du même tonneau que l'infâme publicité de Biocoop pour laquelle l'entreprise de grande distribution de produits bio a été condamnée en septembre 2016 pour dénigrement de la concurrence et appel au boycott (jugement ici, analyse de Forumphyto ici).

 

 

 

 

Mais ce qui est particulièrement choquant, c'est le caractère outrancier des messages récités par les enfants.

 

  • « Cela semble mons...trueux ! »

     

  • « Vous prenez un gène d'un poisson et le mettez dans une tomate ». En réalité, il n'y a pas de tomate transgénique sur le marché, nulle part dans le monde. Les recherches qui ont été menées dans les années 1990 n'ont jamais abouti à un produit commercialisable.

     

  • « Vous plaisantez ? »

     

  • « Je pense que c'est mieux si nous nous en informons avant de les manger »... allusion à Just Label It.

     

  • Etc.

 

Cette manœuvre de bas étage a provoqué un tollé. De nombreux scientifiques, communicateurs scientifiques et agriculteurs ont réagi sur la page Facebook de Stonyfield. Ainsi, Mme Amanda Zaluckyi (The Farmer's Daughter USA) a écrit:

 

« Même si Stonyfield ne croit pas que manger des OGM est nocif, ils sont plus que disposés à continuer à manipuler constamment [il y a d'autres vidéos dans le même style] des enfants pour effrayer les gens. Ils sont prêts à mentir à leurs clients pour vendre leurs produits. Ils savent très bien que leurs produits ne sont pas meilleurs parce qu'ils ne sont pas GM, mais ils sont plus qu'heureux de le prétendre si ça leur permet de vendre. Est-ce que quelqu'un se sent réellement à l'aise en achetant les produits d'une telle entreprise ? »

 

M. Kevin Folta, de l'Université de Floride, a notamment écrit :

 

« Ce qui rend cette vidéo particulièrement monstrueuse est que l'ignorance scientifique est propagée par des fillettes. »

 

En « réponse », l'entreprise a commencé par supprimer des centaines de commentaires critiques. Une page Facebook, Banned by Stonyfield a même été créée pour rassembler les commentaires censurés.

 

Un exemple de commentaire censuré

 

Elle s'est aussi rendue sur les réseaux sociaux pour accuser ses critiques d'être des trolls utilisant des « faux noms » qui n'auraient pas pu être vérifiés. Il va de soi que cette démarche a donné lieu à un nouveau tollé.

 

Elle a ensuite dû se résoudre à produire une réponse plus circonstanciée. La voici, en partie :

 

« 1. [Gardé pour la bonne bouche...]

 

2. La majorité des cultures OGM utilisées par les agriculteurs exigent aujourd'hui l'utilisation d'herbicides toxiques. L'utilisation du glyphosate, classé comme cancérogène probable par l'Organisation Mondiale de la Santé, a été multipliée par près de 15 depuis que des cultures génétiquement modifiées tolérantes au glyphosate, dites "Roundup Ready", ont été introduites en 1996 (source: https://www.ewg.org/release/study-monsanto-s-glyphosate-most-heavily-used-weed-killer-history).

 

3. Nous croyons que les consommateurs ont le droit de choisir de soutenir ou non les pratiques susmentionnées, et que la seule façon de le faire est que les entreprises alimentaires qui utilisent des ingrédients OGM ou qui nourrissent leurs vaches avec des OGM déclarent cela sur leur emballage.

 

4. Puisque la réglementation de l'agriculture biologique de l'USDA interdit l'utilisation des OGM, nous continuerons à éviter rigoureusement leur utilisation et nous sommes fiers d'offrir ce choix aux consommateurs dans le rayon des produits laitiers. »

 

Un superbe écran de fumée, avec de nouveaux mensonges : ainsi, pour le choix du non-OGM, les consommateurs peuvent déjà se tourner vers... le bio et... Stonyfield ; ou encore les produits étiquetés volontairement « non OGM ».

 

Mais le suspense est intolérable. Quelle était la déclaration initiale ?

 

« 1. Nous ne croyons pas qu'il a été prouvé que manger des OGM est nocif pour votre santé. »

 

Quelle mauvaise foi !

 

Le billet du blog a été supprimé, mais voici une image du cache.

 

 

Danone avait laissé la direction et la majorité du conseil d'administration à Gary Hirschberg lorsqu'il a acquis la totalité des parts de Stonyfield qui n'étaient pas entre les mains des employés. On peut penser que cet arrangement assez insolite a été maintenu lorsque Stonyfield est passé dans le giron de Lactalis.

 

Mais cela ne doit pas empêcher les dirigeants de Lactalis de faire régner une véritable éthique entrepreneuriale dans Stonyfield. Il serait du reste grand temps que l'ensemble de la profession agroalimentaire se préoccupe des débordements de dénigrements du conventionnel par le bio ; il en est de même des pouvoirs publics (après mise à jour de leur propre logiciel politicien).

 

Mais, pour M. Emmanuel Besnier, le problème est plus simple :

 

Pensez-vous qu'il est raisonnable pour une entreprise comme Lactalis qu'une de ses filiales, minoritaire dans son chiffre d'affaires, recommande aux consommateurs de ne pas consommer les produits qui font la majorité de ce chiffre ? Que dites-vous aux producteurs laitiers « conventionnels » qui vous livrent ?

 

Et la mauvaise presse, vous en avez déjà bien assez...

 

 

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