Interdiction du glyphosate : un coût qui dépasse le milliard d'euros
Glané sur la toile 158
Désherbage des abords des voies ferrées
La Fondation Concorde nous a livré un « Produits phytosanitaires dans l’agriculture : l’urgence d’une approche dépassionnée et rationnelle » au titre légèrement restrictif.
Les auteurs ont en effet calculé :
« L’interdiction de cette molécule coûterait 976 millions d’euros au secteur agricole, en prenant en compte uniquement les coûts directs et chiffrables. »
Mais voici la suite :
« Cette interdiction entrainerait une multiplication par 16 ou 17 des coûts d’entretien des voies de la SNCF, passant de 30 millions d’euros à près de 500 millions d’euros. »
Au-delà des chiffrages, les auteurs recommandent trois mesures pour un débat apaisé et une action politique éclairée :
1. Une logique de parapluie à maîtriser
« L’un des problèmes majeurs des choix publics est que la logique du politique n’est pas celle des acteurs de la société, l’acteur politique cherchera à éviter d’être pris en faute et voudra à tout prix éviter le risque, notamment le risque médiatique. C’est pourquoi il préfèrera surprotéger pour se couvrir, même si le prix de cette tranquillité pour lui est l’étouffement de l’économie. […] »
2. Dépassionner le débat pour qu’il reste fondé sur les faits scientifiques
« Les responsables politiques français doivent avoir le courage de faire reposer les débats sur les faits et d’éviter d’organiser des confrontations opposant des opinions aux résultats scientifique. Cette logique du "micro-trottoir" consistant à considérer tout citoyen comme légitime à émettre un avis sur des sujets scientifiques doit être bannie. Les médias peuvent jouer un grand rôle dans le rétablissement d’un débat digne et rationnel sur ces questions sensibles. »
3. Promouvoir dans l’immédiat une régulation des usages plutôt qu’une interdiction
« Il n’existe pas vraiment de produit alternatif au glyphosate pour le moment, car ceux-ci n’ont pas la qualité d’universalité du glyphosate. Le contrôle des usages du produit semble une façon intelligente de sortir de ce débat. En tant que produit chimique, il est clair que l’usage du glyphosate doit faire l’objet de règles spécifiques, et cela d’autant plus que les risques environnementaux associés à son usage sont fortement dépendants des modes d’utilisation. »
S'agissant du premier point, les auteurs notent :
« Cette logique de parapluie consistant à préférer interdire dans le doute, de peur de se voir reprocher sa négligence plus tard, est un problème majeur. Le fait de confier la capacité de décision à des agences indépendantes telles que l’ANSES est une première forme encourageante de réponse. »
C'est à condition que l'ANSES – dans ce cas précis – ne déploie pas, elle aussi, la logique du parapluie ou se voie dicter des actions par des politiques pusillanimes ou démagogues. Comme ce fut déjà le cas...
S'agissant du deuxième point, un « micro-trottoir » géant a été organisé dans le cadre des États Généraux de l'Alimentation... Sera-t-on capable, quand on fera la synthèse, de faire prévaloir les arguments rationnels sur les opinions issues de l'émotion ou de la manipulation médiatique ? Ou fera-t-on de la « consultation-décision de l'Âge Facebook » : compter le nombre d'arguments et de votes... ?
Quant aux médias... à moins d'un appel au civisme et à un changement important de ligne éditoriale...
En fait, la première mesure serait que le personnel politique prenne la mesure de ses responsabilités.
L'analyse complète de la Fondation Concorde est publiée sur le site mentionné ci-dessus. Elle mérite lecture.
La Fondation Concorde est un laboratoire d'idées français fondé en 1997 par un groupe d'universitaires et d'hommes et femmes d'entreprises. Elle rassemble aujourd'hui plus de 2.500 membres. Elle fait travailler ensemble, bénévolement, experts, hommes et femmes d’entreprises et universitaires au sein de groupes de travail. Ses rapports et propositions sont transmis aux décideurs politiques.