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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Moineaux domestiques et agriculture biologique : encore une étude militante

8 Février 2024 Publié dans #Article scientifique, #Biodiversité, #Agriculture biologique, #Activisme

Moineaux domestiques et agriculture biologique : encore une étude militante

 

 

 

 

Allons droit au but : voici un parfait exemple de science militante que ce  « House sparrows are heavier on organic and integrated-production farms than on conventional farms » (les moineaux domestiques sont plus lourds dans les fermes biologiques et de production intégrée que dans les fermes conventionnelles) de Ségolène Humann-Guilleminot, Łukasz J. Binkowski, Ophélie Gning, Gaétan Glauser et Fabrice Helfenstein.

 

En voici le résumé (découpé) :

 

« L'impact négatif de l'agriculture conventionnelle sur la biodiversité aviaire est de plus en plus documenté. Cependant, les effets potentiels des différentes pratiques agricoles sur la santé des populations d'oiseaux ne sont toujours pas clairs.

 

Nous avons cherché à déterminer si les différentes pratiques agricoles (biologique, production intégrée, conventionnelle/intensive) ont des effets différentiels sur la masse corporelle – comme indicateur de la condition physique – et sur les biomarqueurs du stress oxydatif chez le moineau domestique (Passer domesticus), une espèce modèle fortement associée aux activités humaines et encore abondante en Suisse.

 

Nous avons capturé un total de 681 oiseaux dans 19 fermes biologiques, 20 fermes de production intégrée (labellisées "IP-Suisse") et 18 fermes conventionnelles, et mesuré la masse corporelle et la longueur du tarse des oiseaux, ainsi que les niveaux de malondialdéhydes (MDA, un marqueur de dommages oxydatifs aux lipides), l'activité de la superoxyde dismutase (SOD, une enzyme antioxydante de première ligne) et le rapport entre le glutathion oxydé et le glutathion réduit (GSSG/GSH, un marqueur du stress oxydatif cellulaire) dans le sang et le sperme comme biomarqueurs du stress oxydatif systémique enduré par les oiseaux.

 

Nos résultats montrent que les moineaux domestiques vivant dans des fermes intégrées et biologiques étaient 2,39 % et 4,33 % plus lourds que les oiseaux vivant dans des fermes conventionnelles, mais nous n'avons pas trouvé de différence dans la longueur du tarse, ce qui suggère que les oiseaux étaient de taille similaire.

 

En outre, nous n'avons pas trouvé de différence dans les marqueurs de stress oxydatif entre les pratiques agricoles.

 

Nos résultats mettent en évidence les avantages potentiels des pratiques agricoles durables, telles que l'agriculture biologique et intégrée, pour les populations d'oiseaux et soulignent la nécessité d'atténuer l'impact négatif de l'intensification agricole sur la biodiversité grâce à des pratiques susceptibles d'améliorer la santé des oiseaux et donc de conduire à une dynamique de population positive. »

 

L'article est derrière un péage et nous ne disposons que de quelques extraits. Mais cela suffit pour conclure, à notre sens.

 

Nous sommes quasiment assommés d'entrée : « L'impact négatif de l'agriculture conventionnelle sur la biodiversité aviaire est de plus en plus documenté » !

 

Notons qu'il s'agit ici d'un article sur le moineau, une espèce des milieux bâtis... Il va, certes, chercher sa pitance dans les champs, mais il ne répugne pas à voler le grain donné aux poules, quand il y en a, dans la cour de ferme.

 

Cette introduction nous indique déjà l'objectif de la recherche : ce n'est pas : « Voyons ce qu'il en est... », mais : « Démontrons que... »... la science militante ! D'autres éléments le confirment.

 

Les auteurs ont dû être très décus : pas de stress oxydatif, juste une différence de poids moyen qui, oh surprise, a l'apparence d'une relation dose-effet !

 

En l'absence de données plus précises sur les caractéristiques des exploitations, il nous est cependant impossible de savoir si cette différence relève du hasard, d'une différence dans les caractéristiques des sièges d'exploitation et de leurs alentours explorés par les moineaux, ou d'une différence dans les modes d'exploitation.

 

Mais les auteurs n'en ont cure dans leur conclusion du résumé : « Nos résultats mettent en évidence les avantages potentiels des pratiques agricoles durables, telles que l'agriculture biologique et intégrée, pour les populations d'oiseaux.... »

 

Et cela vient – évidemment – avec une incantation d'ordre socio-politique : « la nécessité d'atténuer l'impact négatif de l'intensification agricole sur la biodiversité... »

 

Ouf ! Mission accomplie !

 

Pourtant, le début de la conclusion de l'article – fourni par le site Science Direct – est plus mesuré : « Si notre étude montre une nette différence de masse entre les moineaux domestiques capturés dans des fermes écologiques et conventionnelles, il est important de noter que ces résultats ne s'appliquent pas nécessairement à d'autres espèces d'oiseaux, en particulier celles qui sont moins associées aux activités humaines. »

 

Notons que l'exagération de la conclusion du résumé a résisté à l'examen par les pairs...

 

Et, avec un petit tour de passe-passe, on retrouve le fil militant : « Malgré cette limitation, nous avons constaté que les oiseaux capturés dans les fermes de production intégrée et biologique étaient plus lourds, mais pas plus grands, que ceux capturés dans les fermes conventionnelles. »

 

Non, pas « les oiseaux » ! Les moineaux...

 

Cette équipe de chercheurs ne nous est pas inconnue. Nous avons en effet démonté un article antérieur dans « Scandale ! "Pesticides : plus de 90% des sols bio contaminés" en Suisse. Vraiment ? », en avril 2019. Nous n'étions pas les seuls.

 

Et, en faisant nos petites recherches, nous sommes tombés sur l'annonce de la soutenance de thèse de Mme Ségolène Humann-Guilleminot... « Contamination diffuse des néonicotinoides dans les habitats agricoles et effets sublétaux chez le moineau domestique ». L'article que nous examinons ici est sans doute un produit dérivé de cette thèse et de l'article associé.

 

La thèse a été entreprise sous la direction de M. Pierre-Henri Gouyon. Le jury ? MM. Dave Goulson et Vincent Bretagnolle, Mmes Clémentine Fritsch et Emmanuelle Porcher... et... et... M. Stéphane Foucart.

 

Que le monde est petit !

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J
Quelle est la compétence de S Foucart ?<br /> Ou c'était une thèse de sociologie, manipulation des masses ?
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D
2.39 et 4.33 % plus lourd.<br /> J'adore cette précision...suisse.<br /> <br /> Pour des moineaux dont le poids oscille entre 24 et 35 gr, c'est du lourd ;)
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U
La dispersion des résultats pour chaque catégorie doit être supérieure à ces 4%.