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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La lune nous rend-elle fous ?

14 Décembre 2023 Publié dans #Article scientifique

La lune nous rend-elle fous ?

 

Chuck Dinerstein, ACSH*

 

 

Image par นัธทวัฒน์ วสันต์กนกพัชร de Pixabay

 

 

Il est communément admis qu'une pleine lune fait ressortir les fous et la folie. Le mot « lunatic » – dérivé de la combinaison de « luna », ou lune, et de « atic », qui signifie « du genre de » – a été mentionné pour la première fois dans une Bible du IVe siècle. Une nouvelle étude examine l'influence de la lune et de certains gènes circadiens sur l'incidence du suicide.

 

Ma note : En anglais, « lunatic » signifie « fou », « dément ». En français, « dont l'humeur et le caractère changent brusquement et fréquemment ». Pour l'étymologie rapportée ci-dessus, l'auteur a tenu compte du fait que pour les anglophones, la lune, c'est « moon »].


 

« C'est l'erreur même de la Lune : elle s'approche de la Terre plus que de raison, et rend les hommes fous. »

Othello, William Shakespeare

 

La lune pourrait-elle influencer nos humeurs et notre comportement ? Après tout, elle influence nos océans. Les chercheurs ont voulu étudier l'effet du temps sur les suicides. Pour cela, ils ont utilisé les données du Marion County Coroner's Office dans l'Indiana, de janvier 2012 à décembre 2016. Il y a eu

 

  • 210 suicides au cours de la semaine de la pleine lune ;

     

  • 566 suicides en dehors de la semaine de la pleine lune ;

     

  • 208 individus âgés de 30 ans et moins, 232 individus âgés de 55 ans et plus ;

     

  • Un sous-ensemble de 45 cas a fait l'objet d'un prélèvement sanguin, 38 hommes et 7 femmes qui s'étaient suicidés de manière violente.

 

Commençons par la question de la lune. Les suicides durant la pleine lune sont statistiquement plus nombreux chez les plus de 55 ans, mais pas chez les moins de 30 ans. Mais l'heure de pointe se situe entre 15 et 16 heures. En outre, le mois de septembre était le mois de pointe pour les plus de 55 ans, et le mois de novembre pour les moins de 30 ans.

 

Les chercheurs ont identifié 1.468 gènes ayant des fonctions circadiennes, soit environ 7 % de notre patrimoine génétique total. Dix-huit d'entre eux étaient les principaux « moteurs » circadiens, tandis que 331 autres gènes influençaient directement les moteurs, le reste influençant les 331 gènes intermédiaires. Les chercheurs ont également identifié 154 « gènes biomarqueurs » associés aux suicides. En comparant les deux groupes, les gènes liés au suicide et les gènes circadiens, ils ont constaté que les gènes suicidaires ayant une composante circadienne étaient presque deux fois plus nombreux. En outre, ils ont constaté des changements dans l'expression des gènes associés au suicide au moment du décès.

 

Le suicide est un phénomène complexe qui présente des caractéristiques psychologiques évidentes et, aujourd'hui, plus clairement biologiques. Les chercheurs ont avancé quelques raisons possibles.

 

  • L'augmentation du nombre de suicides pendant la pleine lune pourrait être due au fait que la lumière de la lune affecte les personnes vulnérables à un moment où il devrait faire sombre. Ils avancent que les moins de 30 ans sont plus susceptibles d'utiliser leur téléphone portable la nuit, ce qui réduit leur exposition au clair de lune. Bien qu'il s'agisse peut-être d'un « pont trop loin » pour certains d'entre nous, les gènes de l'horloge circadienne sont « enrichis » pendant cet intervalle.

     

  • Le pic de suicides en fin d'après-midi peut être lié aux « facteurs de stress du jour de l'événement », mais c'est à ce moment-là que l'expression du cortisol et de plusieurs gènes de l'horloge circadienne est la plus faible. Les chercheurs soulignent que ces gènes étaient prédictifs de leurs résultats.

     

  • Quant au pic de septembre, qui « coïncide d'ailleurs avec le mois de la prévention du suicide », il correspond à la fin de l'été, des vacances et au début de l'année scolaire et du travail. C'est aussi le début d'un changement de lumière du jour qui présage des troubles affectifs saisonniers, une maladie dont on sait qu'elle a une composante circadienne. Pour les moins de 30 ans dont les suicides atteignent un pic en novembre, on pourrait parler de « jours férié » .

 

L'étude laisse subsister beaucoup de points sans réponse, et l'exposé des chercheurs me laisse insatisfait, même si je suis plus que disposé à croire que notre biologie peut jouer un rôle et qu'elle en joue un. Il est déjà clair que nos rythmes circadiens influencent notre humeur et notre sommeil. « L'enrichissement des gènes de l'horloge circadienne et leur implication présumée dans la mort par suicide » devrait nous faire réfléchir et soulever des questions sur l'interaction entre notre « volonté » et notre expression génétique. Les chercheurs ont sans doute raison de dire que ces travaux ouvrent « la porte à des interventions thérapeutiques, qu'elles soient chronobiologiques ou pharmacologiques ».

 

________________

 

Directeur de la médecine. Le Dr Charles Dinerstein, M.D., MBA, FACS, est le directeur médical de l'American Council on Science and Health. Il a plus de 25 ans d'expérience en tant que chirurgien vasculaire.

 

Source : Does the Moon Make Us Mad? | American Council on Science and Health (acsh.org)

 

 

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