Les ONG éco-progressistes pro-science

Les ONG éco-progressistes pro-science

David Zaruk (Risk-monger)*

Le dernier numéro d'European Seed [de mars 2023] s'est penché sur la manière dont différents groupes d'activistes diffusaient des « mythinformations » sur l'amélioration des plantes et l'agriculture conventionnelle. Avec autant d'ONG anti-agrotechnologie bien financées qui mènent des campagnes de peur contre les innovations et l'industrie, il devient difficile de maintenir les produits sur le marché, sans parler de l'introduction de nouvelles technologies.

Les progrès de la recherche résolvent (continueront à résoudre) des problèmes importants auxquels l'humanité est confrontée. Les innovations technologiques dans le domaine de la sélection végétale peuvent résoudre des problèmes graves, allant de la résistance au changement climatique au déclin de la biodiversité, en passant par l'intensification durable pour nourrir une population mondiale croissante (et de plus en plus riche). Mais les scientifiques se heurtent à une communauté d'activistes qui estiment qu'une meilleure solution consiste à laisser la planète se guérir elle-même. En réalité, ils font campagne pour abandonner les solutions de la recherche innovante.

Alors que le monde est divisé entre « sorciers et prophètes », il est nécessaire d'adopter une approche positive, fondée sur la science et favorable au développement humain en ce qui concerne les questions environnementales. La communauté des chercheurs doit faire entendre sa position dans une arène politique de plus en plus bruyante en affrontant les militants écologistes et en les prenant à leur jeu : récits, avantages et campagnes de communication.

Qui s'est chargé de la sensibilisation ? Les entreprises, les universités, les scientifiques ont tous essayé, avec plus ou moins de succès (limité). La communauté scientifique devrait-elle créer des organisations de communication pour présenter le message de la recherche technologique dans l'arène politique ? Doit-elle s'engager avec des groupes qui ne cherchent qu'à répandre la peur et l'incertitude ?

Le problème est que les campagnes des ONG présentent souvent des solutions simplistes, noires ou blanches, sous forme de slogans. Elles attaquent personnellement les personnes avec lesquelles elles ne sont pas d'accord, renomment les technologies avec une rhétorique émotionnelle chargée de peur et créent des hommes de paille ennemis à partir d'entreprises axées sur la recherche. La plupart des organismes de recherche et des entreprises ont des codes de conduite éthiques qui interdisent de telles tactiques.

De l'écomodernisme aux ONG technologiques

On l'appelait autrefois l'« écomodernisme » : promouvoir les technologies pour protéger la nature et améliorer le bien-être. Aujourd'hui, plusieurs groupes de jeunes scientifiques indépendants ont créé des ONG pour tenter de contrer la désinformation diffusée par des campagnes d'activistes environnementaux bien financées. Je connais beaucoup de ces personnes dans mes réseaux et je comprends parfaitement leur frustration face à la façon dont les solutions scientifiques ont été minimisées ou rejetées dans les débats politiques.

Leurs ONG à vocation scientifique cherchent une approche différente pour résoudre les principaux défis environnementaux auxquels l'humanité est confrontée en menant des campagnes de type activiste pour promouvoir des technologies innovantes (en particulier dans les domaines de la production alimentaire et énergétique).

J'ai appris l'existence de plusieurs groupes lorsqu'on m'a recommandé de participer à une manifestation organisée en mars à Bruxelles et intitulée « Give Genes a Chance ! » (donnez une chance aux gènes !).

L'Eco-Progressive Network (réseau éco-progressiste – ÖkoProg) est une organisation basée en Allemagne qui considère que les besoins futurs de l'humanité ne peuvent être satisfaits que par la « progression de la société, de l'économie et de la technologie selon des critères de durabilité fondés sur des preuves ». L'éco-progressisme s'oppose à l'approche éco-réactionnaire (adoptée par la plupart des ONG environnementales) qui soutient que la seule façon d'avoir un mode de vie durable est de revenir à un mode de fonctionnement antérieur.

La GeneSprout Initiative vise à engager un dialogue ouvert sur l'avenir de l'agriculture et des nouvelles techniques de sélection végétale (NPBT). À la suite de la décision prise en 2018 par la Cour de Justice de l'Union Européenne selon laquelle les NPBT devaient être réglementées dans le cadre de la directive de 2001 sur les OGM, un groupe de jeunes scientifiques spécialisés dans les plantes s'est manifesté pour faire campagne en faveur d'une meilleure compréhension de la sécurité et des avantages des technologies d'amélioration des plantes.

RePlanet se présente comme un « nouveau type de mouvement environnemental avec un plan radical, soutenu par la science, pour réparer les dommages causés à notre précieux vaisseau spatial, la Terre ». En mettant l'accent sur l'urgence de trouver des solutions au changement climatique, RePlanet concentre son message sur les meilleures technologies pour améliorer l'agriculture, le développement, les sources d'énergie et la biodiversité. Son ambition est de sauver la planète grâce à la science.

Tactique ou tactilité

Cette approche comporte toutefois certains risques. Je crains que certains membres de ces groupes pro-science ne tombent dans les pièges de leur propre rhétorique de campagne. Les militants s'aliènent le public lorsqu'ils imposent leurs solutions aux autres de manière agressive ou impatiente, sans dialogue ni compromis.

Peu de gens nieront le besoin urgent d'une intensification durable de l'agriculture, et j'ai présenté de nombreux arguments dans ces colonnes au fil des ans sur la façon dont les sélectionneurs de plantes doivent être à l'avant-garde de ce défi. Mais lorsque RePlanet, par exemple, a lancé sa campagne Reboot Food (réinitialiser l'alimentation) en sautant à la conclusion que nous devons simplement arrêter l'élevage (tout en rendant hommage à George Monbiot), je m'attends à ce que cela aliène les personnes qui travaillent sur des solutions moins radicales pour réduire les émissions de CO₂ sans imposer de changements radicaux dans le mode de vie.

Pour que les campagnes soient couronnées de succès, elles doivent apporter des réponses simples à des problèmes bien identifiés. Or, les problèmes complexes ont rarement des solutions simples et immédiates. Les données scientifiques sur la sécurité alimentaire sont loin d'être simples et je crains qu'un groupe d'activistes pro-science, aussi bien intentionné soit-il, qui appelle à l'interdiction de pratiques culturelles largement acceptées n'apporte aucune valeur ajoutée au processus de dialogue scientifique et technologique. Les campagnes militantes intolérantes ne peuvent être dissipées par un scientisme intolérant.

Ce qu'il faut, c'est moins d'impertinence et plus de patience, moins de campagnes et plus de compréhension, moins d'idéalisme et plus de réalisme.

Pour plus d'informations :

https://oekoprog.org/en/startseite-english/

https://www.genesproutinitiative.com/

https://www.replanet.ngo/

Pour consulter la revue, c'est ici.

Plus d'articles du Volume 10 Numéro 2 :

How One NGO is Lifting Farmers Out of Poverty

Aiming for Mission Zero: How Seed Applied Technologies Provide A Strong Contribution Towards Sustainability

Dark Skies Over Global Food Security. Why Are Those Over Europe Still Blue?

The IBMA Shares Its Take On The Green Deal, SUR And The Benefits Of Biocontrol

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* David pense que la faim, le SIDA et des maladies comme le paludisme sont les vraies menaces pour l'humanité – et non les matières plastiques, les OGM et les pesticides. Vous pouvez le suivre à plus petites doses (moins de poison) sur Twitter ou la page Facebook de Risk-monger.

Source : Eco-Progressive Pro-Science NGOs - Seed World Europe (european-seed.com)