Une lettre de M. Jean-Paul Pelras à M. Edgar Morin

Une lettre de M. Jean-Paul Pelras à M. Edgar Morin

Glané sur la toile 985

(Source)

Cette fois, c'est dans le Point (en accès libre). « Lettre à Edgar Morin, philosophe, à propos de l’agriculture » n'est pas des plus inventifs, extravagants et accrocheurs. Une sobriété de bon aloi.

En chapô :

« Ancien agriculteur et écrivain, Jean-Paul Pelras répond aux raccourcis trompeurs sur l’agriculture du "sociologue de la pensée complexe" Edgar Morin. »

Premier grief :

« Il est urgent de sortir de l'impasse de l'agriculture pétrochimique. Réinventons le métier de paysan, organisons la "révolution verte" de l'agro-écologie. Il est urgent que la Terre redevienne notre "patrie commune". »

(Source et source)

La réponse est cinglante. En voici le début :

« Entre les "marchands de raisonnement" auxquels, j'en conviens, nous appartenons l'un et l'autre, et les agriculteurs, il existe une nuance à ne jamais sous-estimer : le rôle nourricier. Proposer une "révolution verte" et évoquer "l'impasse de la pétrochimie" sans jamais avoir été confronté au quotidien et aux vicissitudes du métier, relève d'une certaine malhonnêteté. [...] »

(Source)

Notons au passage l'écart d'impact entre la bêtise (168.000 vues et cela continue) et le bon sens (moins de 1.200).

M. Edgar Morin était particulièrement inspiré (ou peut-être cornaqué) ce 1^er octobre 2023) :

« La Terre a perdu en 30 ans 1/3 de ses terres arables. Ce désastre préfigure des tragédies pour les peuples qui n'auront pas su vivre en harmonie avec leur sol. Partout, de l'Ukraine à la Californie, du Mexique à la Chine, la terre disparaît avec ses derniers paysans. »

(Source et source)

Les tripes de l'agriculteur que fut Jean-Paul Pelras – et qu'il reste – s'expriment en début de réponse :

« Vous devriez, à ce titre, plutôt que de suivre aveuglément la "pensée unique" de ceux qui savent forcément ce qui est bien pour nous sans toujours savoir ce qui est bien pour eux, vous demander comment les agriculteurs sont parvenus à maintenir qualitativement et quantitativement leur potentiel de production. […] »

C'est suivi d'une demande, ou d'un vœu :

« […] Vos déclarations, compte tenu de l'aura dont vous disposez, doivent donc, à mon sens, être reconsidérées. Car, outre qu'elles sont anxiogènes, elles cautionnent cette stigmatisation qui menace le potentiel agricole et, de surcroît, l'autonomie alimentaire de l'humanité. »

Soyons plus modeste et plus optimiste : l'aura de M. Edgar Morin, déjà territorialement et sociologiquement limitée, n'ira pas jusqu'à entraîner l'humanité dans le désastre.

Il va de soi que le vœu n'a pas été entendu. Hélas, ou peut-être pas vraiment : les multiples réponses outrées – factuelles, ironiques ou sarcastiques – accompagnent les objets de délits intellectuels et idéologiques. Accessibles à tout fan de M. Edgar Morin désireux d'en savoir plus.

En fait, M. Edgar Morin persiste...

(Source)

Nous n'attribuerons pas cette « forte pensée » au grand âge. Elle reflète l'opinion d'un courant qu'on n'ose appeler « de pensée » assez largement répandu, de gens bien nourris qui crachent dans la soupe et encore plus sur ceux qui les nourrissent.

Et c'est pour M. Jean-Paul Pelras faire œuvre de salubrité publique que de s'asseoir derrière un clavier pour recadrer le débat.