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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le bio est-il meilleur ?

9 Octobre 2023 Publié dans #Agriculture biologique, #Alimentation

Le bio est-il meilleur ?

 

Pas si l'on s'en tient aux preuves, selon un chercheur

 

The Harvard Gazette*

 

 

 

 

Wondering [se demander] est une série de questions aléatoires auxquelles répondent des experts. Robert Paarlberg est associé au Sustainability Science Program de la Kennedy School et auteur de plusieurs ouvrages sur l'agriculture et l'alimentation, dont « Resetting the Table »**. Nous lui avons demandé si manger bio était meilleur pour la santé.

 

 

Les aliments biologiques, produits sans produits chimiques de synthèse, sont-ils plus sains que les aliments produits de manière conventionnelle ? Environ 40 % des Américains déclarent qu'au moins une partie des aliments qu'ils consomment est biologique, ce qui signifie qu'un grand nombre d'entre eux sont convaincus du bien-fondé de cette affirmation.

 

 

Cependant, il n'existe aucune preuve fiable démontrant que les aliments issus de l'agriculture biologique sont plus nutritifs ou plus sûrs. En 2012, une analyse des données de 237 études menées par le Center for Health Policy de l'Université de Stanford a conclu qu'il n'y avait pas de différences convaincantes entre les aliments biologiques et conventionnels en termes de teneur en nutriments ou de bénéfices pour la santé. L'interdiction des produits chimiques de synthèse dans l'agriculture biologique n'améliore pas non plus la sécurité alimentaire aux États-Unis, puisque l'utilisation des pesticides est désormais largement réglementée dans l'agriculture conventionnelle (l'utilisation d'insecticides est aujourd'hui inférieure de 82 % à ce qu'elle était en 1972) et que les produits vendus dans les supermarchés ont été lavés afin d'éliminer la quasi-totalité des résidus chimiques qui pourraient subsister.

 

En 2021, l'USDA a mené son enquête annuelle sur les résidus de pesticides dans les aliments vendus sur le marché américain, en testant 10.127 échantillons d'aliments provenant de neuf États différents. Il a constaté que plus de 99 % d'entre eux contenaient des résidus en deçà des seuils de tolérance de l'EPA, qui sont prudemment fixés à seulement 1/100e d'une exposition qui ne provoque pas de toxicité chez les animaux de laboratoire. Les scientifiques de l'alimentation de l'Université de Californie à Davis concluent de ces enquêtes que « les avantages marginaux de la réduction de l'exposition humaine aux pesticides dans l'alimentation par une consommation accrue de produits biologiques semblent insignifiants ».

 

Selon une estimation réalisée en 2014, seuls 8 % des ventes de produits biologiques aux États-Unis étaient encore réalisées par de petits agriculteurs sur des marchés de producteurs ou dans le cadre d'une agriculture soutenue par la communauté.

 

De nombreux consommateurs continuent de penser que les produits biologiques proviennent de petites exploitations locales, alors que la plupart d'entre eux sont issus d'exploitations industrielles lointaines. Selon une estimation réalisée en 2014, seuls 8 % des ventes de produits biologiques aux États-Unis étaient encore réalisées par de petits agriculteurs sur des marchés de producteurs ou dans le cadre d'une agriculture soutenue par la communauté. Plus de 80 % des ventes de produits biologiques aux États-Unis sont désormais réalisées par des conglomérats d'entreprises comme ConAgra, H.J. Heinz et Kellogg. Les plus grands détaillants d'aliments biologiques sont Walmart, Costco et Kroger.

 

La plupart des agriculteurs commerciaux, qu'ils soient grands ou petits, veulent utiliser au moins un peu d'engrais azoté de synthèse, ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas être certifiés comme biologiques. C'est pourquoi moins de 1 % des terres cultivées en Amérique sont certifiées biologiques. Le géographe canadien Vaclav Smil a estimé que sans les engrais azotés de synthèse, 40 % de l'augmentation de la production alimentaire nécessaire à la population actuelle n'aurait jamais pu avoir lieu. Les rendements biologiques étant plus faibles, si nous passions à une production biologique plus importante, nous devrions également labourer davantage de terres pour produire la même quantité de nourriture, ce qui réduirait l'habitat de la faune et de la flore et nuirait à l'environnement.

 

L'intuition nous dit que les aliments produits sans produits chimiques manufacturés sont plus « naturels » et donc meilleurs pour l'environnement, plus sûrs à manger et qu'ils aident les petites exploitations agricoles locales. Même le fait que les produits biologiques soient plus chers semble être une raison de penser qu'ils sont meilleurs. Mais dans ce cas, la pensée intuitive nous conduit dans la mauvaise direction. Si nous suivons la science, les aliments biologiques perdent leur avantage apparent.

 

Propos recueillis par Anna Lamb/Harvard Staff Writer

 

______________

 

* Source : Is organic better? – Harvard Gazette

 

** Difficile à traduire. Quelque chose comme « réinitialiser la table ». Voici le résumé d'une description de l'ouvrage :

 

« Un correctif audacieux, fondé sur la science, à la vague de désinformation sur les aliments et leur mode de production, qui examine en détail les aliments locaux et biologiques, les entreprises alimentaires, l'étiquetage nutritionnel, le traitement éthique des animaux, l'impact sur l'environnement et tous les autres aspects de la ferme à la table. »

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