Réduire de moitié l'élevage d'animaux – en Allgäu ?

24 Juin 2022 Publié dans #Willi l'Agriculteur, #Élevage, #Politique

Réduire de moitié l'élevage d'animaux – en Allgäu ?

Willi l'agriculteur*

Ma note : Cela s'applique mutatis mutandis (en changeant ce qu'il faut changer – expression juridique qui me rappelle une autre vie) à des scénarios qui sont en vogue en France et qui ont sans doute inspiré ou contribué à inspirer la désastreuse « stratégie » européenne « de la ferme à la table ».

Nous sommes en vacances dans l'Allgäu [territoire s'étendant au sud-ouest de la Souabe (Bavière) ainsi que dans une petite partie du sud-est du Bade-Wurtemberg]. Depuis le premier jour, les tracteurs vrombissent dans le village, qu'ils soient équipés d'une autochargeuse, d'une presse à balles, d'une faucheuse ou d'une andaineuse. C'est maintenant qu'il faut agir, car la récolte de l'herbe nécessite toutes les mains.

Ici, il n'y a que des prairies et du bétail laitier. Rien d'autre n'est possible, peut-être encore l'élevage de vaches allaitantes ou de moutons. Le gouvernement actuel veut réduire l'élevage de moitié. Il ne donne pas de détails, on peut donc supposer que cela s'applique à toutes les formes d'élevage. Aucune distinction n'est faite entre les espèces animales, la taille des exploitations ou les types d'élevage. En tout cas, je ne l'ai pas entendu de la bouche de Mme Silvia Bender [Secrétaire d'État au BMEL] ou de Mme Renate Künast [ancienne ministre]. Et je n'attendais pas de M. Cem Özdemir [Ministre Fédéral de l'Alimentation et de l'Agriculture] qu'il s'attarde sur les détails. Jusqu'à présent, cela ne figurait pas sur ses éléments de langage.

Il est en fait logique que la réduction de moitié de l'élevage en Allemagne ne signifie pas que la consommation de viande sera également réduite de moitié. C'est également un objectif du gouvernement fédéral et il a été exprimé ainsi par Mme Silvia Bender lors d'une conférence de l'ISN [Interessengemeinschaft der Schweinehalter Deutschlands e.V. – Groupement d'Intérêt des Éleveurs de Porcs d'Allemagne]. J'ai demandé à Mme Ophelia Nick [Secrétaire d'État Parlementaire auprès de M. Cem Özdemir] comment elle comptait parvenir à réduire de moitié la consommation de viande. Elle veut y parvenir par le biais des cantines. Elle ne m'a pas donné de réponse plus précise.

Une réduction de moitié de l'élevage signifie également moins d'engrais organiques. M. Cem Özdemir plaide pour « une réduction des engrais minéraux et une augmentation des engrais organiques que produisent nos animaux ». Un conflit d'objectifs classique, car moins d'animaux signifie moins d'engrais organiques. Il serait utile qu'au sein du BMEL [Ministère Fédéral de l'Alimentation et de l'Agriculture], les déclarations du ministre et des secrétaires d'État soient coordonnées afin d'éviter toute incertitude parmi les agriculteurs.

Moins d'engrais minéraux et de surcroît moins d'engrais organiques signifie que la fertilisation nécessaire n'est plus possible. Moins d'éléments nutritifs signifie moins de rendement. Cela augmente la dépendance vis-à-vis de l'étranger. Et personne ne peut sérieusement vouloir cela.

Alors, cher BMEL, réfléchissez encore une fois, s'il vous plait. Cela vaut aussi pour l'avenir.

Et puis encore une chose : quel plan avez-vous pour l'Allgäu et l'ensemble des Préalpes et des montagnes moyennes allemandes ? Que dites-vous aux agriculteurs ? À quoi doivent-ils s'attendre ? Ou est-ce que la « réduction de moitié de l'élevage » ne s'applique pas ici et que vous avez simplement oublié de le dire ? Cela peut arriver...

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